vendredi 27 février 2015

’’Ilé ya Africa’’ appelle au retour aux sources la diaspora africaine

Dans le cadre du vernissage d'une exposition de trois jours 


La soirée du 5 février 2015 a permis d’assister à un événement culturel d’un genre particulier. C’était en début de soirée, au niveau du principal hall d’exposition de ’’La maison rouge’’, sis quartier des villas Censad de Cotonou. L’Association ’’Ilé ya Africa’’ a profité du vernissage d’une exposition collective pour lancer un vibrant appel à la prise de conscience de la diaspora africaine, sous la férule des deux premiers responsables de l’organisation d’ordre culturel. Plusieurs invités de haut rang ont participé à la manifestation.

Erick Ahouansou
Les artistes plasticiens, Erick Ahouansou et Francel Dagbéto, alias Aris, sont respectivement le Président et le Vice-président de l’Association culturelle ’’Ilé ya Africa’’, qui signifie, en langue yoruba, « Il est temps de retourner en Afrique ». C’est sous leur initiative que s’est déroulé le vernissage de l’exposition collective intitulée « Célébrons l’Afrique et sa diaspora ». C’était dans la soirée du jeudi 5 février dernier, dans le hall d’exposition de ’’La Maison rouge’’, à Cotonou. Justifiant la tenue d’une exposition collective, à sa troisième édition, prenant en compte une quinzaine d’artistes plasticiens et qui était prévue pour s’achever le 7, Erick Ahouansou n’a pas manqué de préciser, notamment : « Notre intention est de célébrer l’Afrique et ses valeurs, l’Afrique et sa diaspora ». Philippe Abayi, Charly d’Almeida, Julien Dègan, Midy, Henriette Goussikindey, Aris, Zount, Eliane Aïsso, Marina Gandhi, Moufouli Bello, Sika de Silveira, Piza, Erick Ahouansou, Achille Zohoun et Etienne Arèmon, étaient les 15 artistes dont les 27 œuvres ont été mises en exposition, ce parmi lesquelles on trouvait 4 sculptures pour 23 peintures. 

Aris, dans ses explications en direction du public
Parmi ces créateurs, de nombreux non vraiment connus du grand public, ce qui ramène à un choix qui fonde la démarche du duo Ahouansou-Dagbéto : révéler ceux de leur corporation que le public gagnerait à connaître, expliqueront les deux premiers dirigeants d’ ’’Ilé ya Africa’’ aux professionnels des médias. Elargissant leur sélection à des artistes en herbe de la musique, en l’occurrence, Landry, Biouzi et Tobi, appel  a été fait à eux par les organisateurs pour des prestations ayant détendu les visiteurs. Selon Erick Ahouansou et Aris, « l’art peut sauver le monde », raison pour laquelle l’exposition « Célébrons l’Afrique et sa diaspora » leur sert de courroie de transmission pour communiquer avec le public.

Landry, en démonstration musicale, ...
Par ailleurs, en dehors de nombreux artistes de toutes disciplines, plusieurs personnalités en relation avec le monde béninois de la Culture ont fait le déplacement de ce vernissage : respectivement, les Directeurs du Fonds d’aide à la culture, de la Promotion artistique et culturelle, de l’Institut français de Cotonou et l’Ambassadeur d’Allemagne près le Bénin, notamment.


... de même que Biouzi

L’événement s’est déroulé sous le parrainage de l’Ong ’’Aprovie Ong’’, dirigé par Emmanuel Dossou Dossa, ayant été appelé à dire son mot, au cours de la cérémonie d’ouverture.

Emmanuel Dossou Dossa

Marcel Kpogodo


Lucarne : Eliane Aïsso et Moufouli Bello

Eliane Aïsso
L’une et l’autre appartiennent au groupe restreint de la quinzaine d’artistes élus appelés à montrer leurs œuvres. La première, à travers une seule œuvre, ’’Le bal des esprits’’, tableau assez suggestif, fait valoir la communion de l’esprit des disparus avec les vivants, pendant que la seconde, s’abonnant au bleu, a fait vibrer le regard du public sur ’’Can you see me now’’ et ’’Eternal’’, les portraits respectifs d’une fille de la Vallée d’Omo en Ethiopie et de la femme noire ordinaire. Eliane Aïsso et Moufouli Bello, voilà deux esprits spécifiques d’inspiration témoignant de la valeur à découvrir chez les plasticiennes béninoises, entre autres.



M. K.

Patrick Idohou bientôt en guerre contre les opérateurs Gsm

« […] nous allons bloquer des activités qui ne vont pas entrer dans les normes prévues par les textes en vigueur »


Le 8 mars 2013, Patrick Idohou prenait les rênes de la Direction de la Promotion artistique et culturelle (Pac). Environ deux années après, beaucoup d’actions ont été menées, ce dont il fait le bilan, à travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, n’oubliant pas, dans son propos, de menacer les sociétés de Gsm, en déphasage, à travers leurs activités d’ordre culturel, avec les normes de la Dpac.

Patrick Idohou
Stars du Bénin : Bonjour Patrick Idohou. Vous êtes le Directeur de la Promotion artistique et culturelle (Pac). Vous avez été nommé à ce poste, depuis le 6 mars 2013, en Conseil des Ministres. Quelles sont vos impressions, maintenant que vous allez bientôt boucler deux années à ce poste ?

Patrick Idohou : Je voudrais sincèrement vous remercier pour l’attention très particulière que vous accordez à la chose culturelle, en général, et pour la Direction de la promotion artistique et culturelle, en particulier.
Je pense qu’après bientôt deux années d’exercice à la tête de l’une des structures les plus importantes du Ministère en charge de la Culture, nous nous rendons compte que la tâche n’était pas aussi facile, comme on l’imaginait, parce que nous venons du secteur privé et, nous sommes venus dans le secteur public pour diriger des acteurs privés. Et, là, cela devient très compliqué, parce que ce sont des personnes avec qui nous avons été de tout temps et, ce que nous pensions de tous ceux-là, la gestion des ressources humaines, que ce soit sur le plan administratif ou sur le plan social, par rapport à ces acteurs, ce n’était pas ce qu’on imaginait. Je crois que, jusque-là, nous avons pu imprimer une nouvelle détermination à cette Direction au niveau de laquelle un nouveau souffle vient de naître, d’où l’importance de cette Direction est ancrée dans la tête de tous les acteurs culturels, parce qu’il y a bon nombre de choses que nous sommes en train de faire pour redonner vie à cette Direction.

En réalité, en quoi consistent vos fonctions, en tant que Directeur de la Promotion artistique et culturelle ? Quel est votre cahier de charges ? Quelles sont vos obligations ?

Avant même de parler de cahier de charges, je voudrais stipuler que c’est l’Etat béninois qui est le principal promoteur du développement de la chose culturelle au Bénin et, le Ministère de la Culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme en est l’organe central. Il stimule et coordonne les activités de tous les secteurs du développement qui y contribuent. Le Ministère en charge de la Culture a confié d’importants volets à la Direction de la Promotion artistique et culturelle et, au titre de ceux-ci, il s’agit de stimuler et de promouvoir la création artistique et culturelle sur le plan national et international, de diffuser la culture béninoise au plan international, de développer la recherche culturelle, de réglementer l’organisation des activités de production et de diffusion artistique et culturelle, d’inciter nos opérateurs économiques nationaux et internationaux du secteur privé aussi bien que du secteur public, pour le financement des activités artistiques et culturelles, de mettre sur pieds un fonds documentaire fiable afin de créer une banque de données pour nos acteurs culturels.


En vous passant le témoin, votre prédécesseur, M. Constant Nouatin, vous avertissait, en disant : « Le public de la Dpac est exigeant ». De quelle manière avez-vous constaté la véracité d’une telle affirmation ?

Je crois que c’est après des années d’expérience qu’il a pu affirmer cela ; je crois qu’il a parfaitement raison, étant donné que, sur le plan du vécu quotidien de la gestion de la chose artistique et culturelle, en ce qui concerne, d’abord, les artistes, ils sont réellement exigeants de même que les promoteurs et les organisateurs d’événements culturels. D’une manière ou d’une autre, ils attendant beaucoup de la Direction de la Promotion artistique et culturelle, dans un premier temps, en ce qui concerne le financement de leur activité, la réglementation du secteur, parce qu’aujourd’hui, beaucoup se plaignent du fait qu’il y ait beaucoup d’intrus dans le secteur artistique et culturel, sur le plan national ; il est tout à fait normal qu’il y ait plus de sérieux dans ce secteur, qu’il y ait une réglementation qui puisse permettre qu’on puisse trier le bon grain de l’ivraie. Et, c’est à cela que nous nous attelons depuis un certain nombre de mois.


A votre prise de service, le 8 mars 2013, vous avez promis « de voir ce qui est en train d’être fait pour avancer », de « revoir ce qui a été fait pour mieux avancer », d’« identifier et de mettre en œuvre ce qui peut encore se faire, toujours pour avancer ». Qu’en est-il, aujourd’hui, après bientôt deux années de fonction ? Avez-vous réussi à concrétiser votre vision de l’ ’’avancement’’ ?

Merci beaucoup pour cette question. Je crois qu’en ce qui concerne ce qui se faisait avant notre prise de fonction, je vais évoquer trois volets, par rapport à ceux sur lesquels la Direction de la Promotion artistique et culturelle agit : les artistes, les événements et les promoteurs.
Les artistes, si je prends leur cas, je crois que la gestion artistique, au plan national, ainsi que la reconnaissance artistique, était plus ou moins liée à la délivrance de l’Attestation d’artiste ; c’est ce que nous avons observé jusque-là où les artistes étaient reconnus pour une période de six mois, à travers un document délivré par la Direction de la Promotion artistique et culturelle. Je crois que, sur le plan international, quand les artistes présentent un tel document, cela ne mettait pas réellement en valeur notre Etat, cela ne démontrait pas le sérieux et le professionnalisme qui caractérisent notre Direction. Pour corriger cet état de choses, nous avons instauré la Carte professionnelle d’artiste ; c’est une carte biométrique qui sera le document officiel que nos artistes pourront brandir, non seulement sur le plan national mais, aussi, international. Cette carte aura une période de validité de deux ans et sa délivrance est assujettie à l’autorisation et à la validation par un Comité d’étude de dossiers déposés par les artistes. Dans ce Comité, nous avons les cadres de l’administration du Ministère en charge de la Culture, ainsi que des acteurs culturels ; je voudrais parler des présidents de fédérations et de certaines personnes-ressources.
En dehors des artistes, nous nous sommes penchés également sur les événements culturels ; nous avons constaté qu’il y a beaucoup d’événements culturels qui sont organisés, de façon éparse, sans un suivi réel. Et, pour effectuer le suivi de tous ces événements sur toute l’étendue du territoire national, nous avons instauré la délivrance d’agréments aux associations. Donc, désormais, il est indubitable que toute association qui doit être subventionnée par le Ministère de tutelle ou dont les activités doivent être autorisées par lui, doivent recevoir l’agrément de la Direction de la Promotion artistique et culturelle, qui n’est que l’agrément du Ministère de la Culture. Et, nous n’avons pas corsé, pour cette phase expérimentale, parce que, pour obtenir l’agrément, l’association doit avoir une année d’existence, avoir un objet explicite lié à la promotion artistique et culturelle, démontrer son insertion au Journal officiel, déposer la photo des trois premiers responsables, fournir le rapport annuel des activités menées et la quittance d’une somme dix mille francs, versée au Trésor public. Je crois que, dès que ces documents sont constitués, il y a le Comité d’étude et de délivrance des agréments qui siège, de façon trimestrielle, pour voir les organisations qui remplissent les critères et leur délivrer leur agrément.
Cela va nous permettre un tant soit peu d’avoir une idée plus ou moins claire de tous ceux qui opèrent dans ce secteur. Il est vrai qu’aujourd’hui, parmi les documents demandés pour l’obtention de l’agrément, on n’a pas mis l’accent sur le Rib (Relevé d’identité bancaire, Ndlr), l’Ifu (Identifiant fiscal unique, Ndlr), sur le siège social de ces associations, parce que, pour le renouvellement, nous allons passer de département et département, pour constater l’effectivité de l’existence physique de celles-ci. Nous allons un peu plus corser les critères et les à fournir pour l’obtention de l’agrément, parce que, comme il s’agit d’une phase expérimentale, nous ne sommes pas venus pour empêcher les gens d’opérer dans le secteur culturel mais, c’est de les aider à se conformer à la réglementation, à se conformer à ce qui se fait dans les autres pays ; pour soumette des projets sur le plan international, il faut suivre des canevas donnés, si on n’est pas habitué à eux, c’est difficile pour nos promoteurs et nos responsables d’associations d’y arriver. C’est cet état de choses que nous essayons de corriger en insistant sur le fait que toutes les associations doivent avoir la reconnaissance du Ministère en charge de la Culture.
Le dernier volet concerne les promoteurs culturels qui, d’une manière ou d’une autre, sont considérés par les artistes comme des commerçants ; il est vrai que ceux-ci sont appelés, aujourd’hui, à nous aider à industrialiser la culture béninoise, parce que, de plus en plus, on parle des industries culturelles et, il n’ya qu’eux pour aider le Bénin à s’élever et à se développer sur ce plan. Et, nous avons allégé également les conditions d’obtention de la carte de promoteur culturel à tous ceux qui exercent déjà dans le milieu, à ceux qui s’y intéressent
C’est ce que nous sommes en train  de faire pour améliorer le vécu quotidien des acteurs culturels, sur toute l’étendue du territoire national.


Vous voulez donc dire que l’avancement a un contenu vraiment concret … Au vu de tout ce que vous avez partagé avec nous, qu’est-ce qu’on peut retenir de votre bilan, après bientôt deux années à la Dpac ?

En dehors des réformes, nous avons réussi à obtenir du Gouvernement béninois l’organisation, de façon trimestrielle, de méga-concerts ; ce sont des plateformes de rencontres, d’échanges, de promotion, de diffusion des œuvres de tous nos artistes. Les plasticiens s’y retrouvent pour la décoration, de même que les musiciens traditionnels, modernes et tradi-modernes, les comédiens, les hommes de Lettres, ... C’est ce qui nous a permis, lors de l’organisation du concert pour la célébration de la troisième année du second mandat du Chef de l’Etat, d’obtenir une augmentation substantielle du milliard culturel ; c’est au cours de cette manifestation que le Président de la République, vu la qualité de l’organisation, vu la qualité des acteurs mobilisés, des instruments et de tout ce que nous avons déployé sur le terrain, s’est dit qu’il était temps d’aider les acteurs culturels et, il a pris l’engagement de faire passer le milliard culturel au tri-milliard, ce qui est prévu pour être effectif, à partir de cette année 2015. Cela fait partie des acquis ; ce ne sont pas des acquis directs, mais ce que nous faisons, au moins, impacte, aujourd’hui, le secteur de la culture, au plan national. Cela augure d’un bon avenir pour nos acteurs culturels.


Donc, votre Direction aussi émarge au Milliard culturel ?

En réalité, la Dpac n’émarge pas au Milliard culturel, mais elle est une direction technique qui a son mot à dire, également, dans la gestion du Milliard culturel, étant donné que le Directeur que je suis est Administrateur dans le Conseil. Donc, il arrive quand même à orienter les choix opérés par rapport aux projets, aux acteurs à accompagner.


Qu’avez-vous à dire, justement, par rapport à la programmation des activités culturelles, au cours d’une année, par la Direction de la Promotion artistique et culturelle ?

Nous avons constaté, lors de notre prise de service, qu’il n’y avait pas un répertoire des acteurs culturels, qu’il n’y avait pas un agenda culturel, qu’il n’y avait pas des documents statistiques pouvant nous permettre de réellement faire des projections, à court, moyen et log termes, pour accompagner le développement de la chose culturelle au Bénin. Et, au titre de l’année 2014, notre objectif a été de tout faire, étant donné qu’on avait déjà balisé le terrain où il y a des agréments aujourd’hui, pour réglementer les associations, de mettre au point des arrêtés pour la délivrance de cartes professionnelles pour les artistes ainsi que pour les promoteurs culturels. C’est un premier pas. Le deuxième que nous devions franchir, au cours de la même année, était le recensement des acteurs culturels sur toute l’étendue du territoire national de même que celui des événements culturels ; je voudrais parler des événements majeurs sur lesquels on peut positionner des étrangers, pour faire le développement touristique et culturel à la fois. Nous avions aussi pour objectif de mettre au point l’agenda culturel. Donc, à partir de 2015, la Direction de la Promotion artistique et culturelle, en partenariat avec le Portail culturel du Bénin, doit sortir le répertoire des acteurs culturels ainsi que l’agenda culturel, pour la saison artistique 2015, parce que, sur le plan national comme international, beaucoup s’adressent à nous pour avoir l’agenda culturel, pour savoir qu’est-ce qu’il y a à faire au cours de tel mois, sur quelle activité les gens pourront se déplacer pour venir visiter le pays et en profiter pour aller sur des événements phare ; il nous faut, absolument, pour nous conformer à ce qui se fait au sein de l’Uémoa aujourd’hui.
Pour avoir une synergie des actions culturelles sur les pays de l’Uemoa, il nous faut absolument un répertoire, non seulement des acteurs culturels, mais, aussi, l’agenda culturel, pour la saison artistique 2015. Nous nous attelons à cela et, ce sera, bientôt, une chose effective.


Que pensez-vous des acteurs culturels qui vous accusent de ne pas valider le déroulement de leur événement, au cours d’une année ?

Je ne pense pas que ce soit une réalité. Jusque-là, nous n’avons pas commencé à bloquer l’organisation d’événements sur l’étendue du territoire national ; il est vrai qu’il revient à la Direction de la Promotion artistique et culturel de réglementer le secteur culturel d’autoriser ou d’annuler l’organisation de spectacles ou d’événements, mais, jusque-là, nous n’avons pas commencé à empêcher la réalisation d’événements, étant donné que nous sommes toujours dans la phase d’information et de vulgarisation des prérogatives dédiées à la Dpac, parce que des structures, sans le savoir, agissent dans l’illégalité. Quand nous prenons l’exemple de nos sociétés de Gsm sur place, elles organisent des événements majeurs, mais qui ne sont pas autorisés par notre Direction ; beaucoup se disent qu’une fois qu’elles ont l’autorisation du Bubédra, qui n’est que celle liée à l’exploitation des œuvres artistiques, ils croient qu’elles ont celle de production de spectacles, mais il ne s’agit pas de l’autorisation du Ministère en charge de la Culture. Nous sommes en train de faire un travail de sensibilisation et, c’est à partir de cette année 2015, que nous allons commencer, réellement la répression, que nous allons bloquer des activités qui ne vont pas entrer dans les normes prévues par les textes en vigueur.


On vous a vu vous impliquer personnellement dans l’organisation de certains événements, notamment, les obsèques de GG Vikey. Comment cela se passe, cumulativement avec vos fonctions de Dpac ?

Je crois que c’est le Gouvernement béninois qui a décidé de rendre un hommage digne à l’un des chantres de la musique béninoise et africaine, reconnu sur le plan international et, c’est la toute première activité que j’ai organisée après ma prise de service. Il est de bon ton, quand l’Etat béninois décide de réaliser ce genre de manifestations d’ordre culturel, que le Ministère de la Culture s’en charge et, la direction technique habilitée à mettre en application la stratégie du Gouvernement, est la Direction de la Promotion artistique et culturelle. Ceci nous a conduit à associer, non seulement la famille du Feu GG Vikey, mais, aussi, les acteurs culturels, les fédérations d’artistes, de façon à constituer un Comité national d’organisation, sous la supervision du Ministre de la Culture. C’est de cette manière que les obsèques de l’artiste défunt et les cérémonies ont été organisées, de commun accord avec toutes les parties prenantes.

Cela a été un succès, de même que l’organisation de l’élection du représentant du monde artistique et culturel au Conseil économique et social, et de celles respectives des différents représentants des artistes au Conseil d’administration du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Quel est votre secret ?
Tout réside dans le sens de leadership et de management de chaque personne. Je me base beaucoup sur le sens de ces qualités que possède le Ministre Jean-Michel Abimbola qui arrive à rassembler, de façon incontestable, tout le monde, autour de sa vision ; je voudrais parler des acteurs culturels. J’essaie de copier ce sens de management et de l’adapter à la gestion de tout ce que nous organisons au sein de cette Direction.
Je crois que c’est pour la première fois qu’on a pu organiser des élections pour la désignation du représentant des acteurs culturels, devant siéger à la cinquième mandature du Conseil économique et social, sans heurts. Cela a été possible grâce à la prise, à temps, des arrêtés devant réglementer le secteur de la Culture ; toutes les associations ayant envoyé des délégations devant constituer le corps électoral, pour toutes les élections qui ont eu lieu, sont des associations agréées par la Dpac et, c’est ce qui a permis d’éliminer les associations, les structures qui, d’une manière ou d’une autre, ont été créées, de par le passé, à des fins inavouées ; c’est pour corriger ce genre de choses.
Nous avons aussi faire du lobbying auprès des acteurs culturels, pour que toutes ces consultations électorales se déroulent dans de très bonnes conditions.


Abordant un autre volet, nous constatons que vous êtes pratiquement tout le temps en voyage pour des événements culturels à l’extérieur. Qu’est-ce que cela apporte au Bénin ?

En 2013 et en 2014, je n’ai pas beaucoup voyagé ; jusque-là, j’ai effectué deux voyages sur le plan international, le dernier remonte au mois de mars 2014 où, en ma qualité de Président du Conseil d’administration de l’Ensemble artistique national, je devais aller voir, de façon substantielle, comment le Ballet national représente notre pays sur l’échiquier international. C’est à ce titre que j’ai effectué un  séjour d’une semaine à Diya, qui est une province du sud de l’Espagne. Ceux qui sont habitué aux réseaux sociaux et à nos chaînes de télévision ont vu le professionnalisme qui a caractérisé la participation effective du Ballet national à des festivals internationaux. Cela relève de notre compétence, parce que la promotion artistique et culturelle ne se limite pas au Bénin ; il faut valoriser nos acteurs culturels, nos artistes, notre richesse culturelle, sur le plan international. C’est en cela que nous avons effectué ce voyage, pour appuyer, d’un sceau particulier, l’Ensemble artistique national, pour pouvoir faire, les années à venir, des propositions concrètes à l’Etat béninois pour appuyer, de manière plus soutenue, la promotion de notre registre culturel, sur le plan international.


Nous avons l’impression qu’en matière de succès de la culture béninois à l’international, il n’y a que le Ballet national. Quel en est votre avis ?

Je ne pense pas qu’il n’y ait que le Ballet national, il y a des actions éparses que nous ne parvenons pas à capitaliser. Prenons l’exemple des Ensembles artistiques ’’Towara’’, ’’Super anges hwendo na bua’’, ainsi que des ’’As du Bénin’’ ; je crois qu’il y a un certain nombre de groupes, les ’’Gangbé brass band’’, en l’occurrence, qui effectuent beaucoup de voyages, un certain nombre de groupes qui valorisent notre culture, qui sont dans des réseaux, aujourd’hui, parce que pour parler de la valorisation de la culture béninoise, il faut avoir des tourneurs. Ce sont eux qui positionnent les acteurs, les artistes dans des réseaux et, c’est ceux-ci qui peuvent diffuser les artistes en Europe, en Asie, un peu partout. Et, ce qui nous manque, aujourd’hui, ce sont de véritables tourneurs, des gens qui sont dans des réseaux donnés pour pouvoir imposer nos artistes ; pour réussir à le faire, il faudrait que les artistes aient des productions exportables, il faudrait que nous ayons des productions réellement désirées, qu’il y ait des consommateurs des œuvres créées par nos artistes, sur le plan international, parce que si nous n’arrivons pas à adapter nos œuvres artistiques pour qu’elles soient plus ou moins exportables, consommables sur le plan international, cela va être difficile que des artistes de renom, au plan national, soient consommés à l’international. C’est ce que notre grande sœur, Angélique Kidjo, a compris très tôt et, elle fait notre fierté. Si on prend son exemple, en Afrique, elle fait partie des baobabs, des dépositaires de la promotion de la culture de notre pays sur l’échiquier international. Et, c’est ce que nous demandons à nos artistes : cultiver plus le live, de cultiver plus le régionalisme et de laisser tomber le snobisme, de laisser tomber le fait de copier les autres tout le temps, parce que notre richesse culturelle, notre richesse patrimoniale est vraiment dense, il y a beaucoup à tirer de cela pour valoriser notre culture sur le plan international.


Vous êtes un entrepreneur culturel très connu, par rapport au Concours national d’art scolaire (Conaasco) et à l’Espace ’’Adjadi’’ qui effectue ses activités à Cotonou. Cela montre que vous avez évolué dans le privé. Maintenant que vous exercez dans le secteur public, à travers votre poste, l’adaptation est-elle aisée ? Aimez-vous l’ambiance qui prévaut autour de vous ?

L’adaptation a été très très difficile, parce que, vous savez, quand vous êtes du secteur privé, c’est un autre mode de management ; quand tu diriges ton entreprise, tu es le seul responsable et tu décides. Quand tu n’as pas des résultats par rapport à tes collaborateurs, tu es en mesure de mettre fin à votre collaboration, tu es en mesure d’arrêter le contrat de collaboration et, cela ne peut pas se passer dans l’administration où il y a une réglementation, où une fois que les fonctionnaires sont couverts par la loi, par la législation du travail, ils se disent qu’on ne peut pas les radier, même s’il existe des dispositions de sanctions dans les textes. Ce n’est pas aussi facile de les prendre : pour un employé, on connaît les horaires de travail, de 8h à 12h30, en matinée et, de 15h à 18h30, en après-midi ; difficilement, on arrive à ressentir l’amour du travail bien fait, il y a aussi la lourdeur administrative. Malheureusement, quand vous arrivez avec la fougue du secteur privé pour booster un peu les choses, vous êtes très mal vu, vous êtes très mal compris. Cela a été très difficile pour ma première année à la Dpac ; à un moment donné, presque tous mes collaborateurs se plaignaient parce qu’ils n’arrivaient pas à s’adapter à mon rythme de travail, ils n’arrivaient pas à se donner comme je l’espérais. Finalement, d’une manière ou d’une autre, on n’a pas été contaminé, mais on a appris à faire avec, pour ne pas trop heurter la sensibilité des uns et des autres, afin d’apporter le résultat qu’on attend de nous, ce pour quoi on a été nommé, ce pour quoi on a été amené pour diriger cette structure.


Concernant votre vie privée, quelle est votre situation matrimoniale ?

Je suis marié et père de quatre enfants, deux garçons et deux filles.


Une question classique : comment vous organisez-vous entre votre travail et la maison ? Avec toutes ces activités que vous menez, cela vous permet-il de vopus occuper correctement de votre famille ?

J’ai une épouse qui est plus ou moins du milieu et qui maîtrise les contraintes liées à cette responsabilité ; elle s’y est préparée. Nous arrivons à conjuguer les efforts pour que l’éducation des enfants ne puisse pas en recevoir un coup, par rapport à cette fonction que nous occupons aujourd’hui ; on arrive quand même à gérer.


Avez-vous un appel à lancer aux artistes, aux acteurs et aux promoteurs culturels ?

Je voudrais rappeler à tous les acteurs culturels béninois que Monsieur Patrick Idohou est du secteur privé et que, tôt ou tard, il y retournera ; je suis arrivé pour apporter un grain de sel à la maison ’’Culture’’, pour améliorer les conditions de vie et de travail de tous les acteurs culturels, toutes tendances confondues. Donc, notre intérêt ne sera pas d’annihiler, de mettre fin à des intérêts des acteurs culturels ou de bouleverser la bonne marche et l’évolution de certains ; tout ce que nous entreprenons comme réformes, c’est dans l’intérêt général de tout le monde, parce que, aujourd’hui, un certain laxisme a été observé, de par le passé, par rapport à la gestion de la chose culturelle, il était temps que l’Etat prenne ses responsabilités pour réglementer réellement ce secteur, pour avoir une idée claire de tous ses acteurs, et que ce soit ceux-ci qui soient accompagnés. Pour que nous puissions parler d’industrie culturelle, il faudrait d’abord que nous fassions l’auto-évaluation de la gestion de la chose culturelle, au plan national, pour voir venir des perspectives d’avenir, pour améliorer les conditions de vie et de travail de tous les acteurs, toutes tendances confondues. Je voudrais les rassurer que tout ce que nous faisons, ce sera de concert avec les responsables des structures, des associations, des fédérations.



Propos recueillis par Marcel Kpogodo