jeudi 23 janvier 2014

Concert live d'Ignace Don Métok à l'Institut français de Cotonou

Une ferveur inédite du public consacrant la popularité de l'artiste chez les Béninois

Le samedi 18 janvier 2014 a été bien particulier au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, ayant connu la prestation scénique du jeune artiste de la chanson béninoise, Ignace Don Métok. Au-delà d'un public massif ayant fait le déplacement, le comportement de véritables mélomanes témoignait de l'amour particulier que Don Métok a su cultiver en eux, par son talent exceptionnel.

Ignace Don Métok, de sa voix vigoureuse ...
De mémoire de concert au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, quel artiste confirmé de la musique béninoise a jamais été accueilli sur scène par une ferveur aussi profonde de la part d'un public aussi passionné et acquis à sa cause artistique, si ce n'est que pour les baobabs de la musique béninoise, comme les Sagbohan Danialou, les Nel Oliver, les Tohon Stan, les Poly-Rythmo, notamment, dont le répertoire musical a fait le tour des niveaux de générations comme les grands-parents, les parents, les enfants et les petits-fils? 
Un jeune dont la carrière vient à peine de commencer, si l'on le compare à ces mammouths, a bénéficié de l'adhésion totale du public à sa personne, à sa musique, à sa voix, à son rythme musical de style tradi-moderne, à sa manière de danser, à l'exposition et au dénouement de ses morceaux, aux paroles qu'en chœur, les spectateurs reprenaient, complétaient, anticipaient, chantaient intensément, ce qui montrait un artiste complètement inculturé et authentique chez qui les Béninois retrouvaient les repères de leur culture originelle ; c'était une véritable réussite ! 


Dans l'intimité d'un succès implacable

D'une entrée humble sur scène, tout de blanc vêtu et, le chef aussi blanchement et complètement couvert d'un chapeau sans bords, à une sortie tout aussi simple, pour laquelle les spectateurs, scotchés à leur siège, ont failli verser des larmes, Ignace Don Métok a véritablement tenu en haleine et en laisse les mélomanes ayant fait le déplacement du Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, ce samedi 18 janvier 2014. 
Tout transpirant et manifestant une endurance de 90 minutes, sans pause, il a égrené un chapelet de chansons à succès, balayant tous les albums produits, jusqu'à "Hongan", celui lancé le 17 juin 2013, au Bénin Marina Hôtel de Cotonou : "Juste le meilleur", "Zogodo", "Ho nougbo", "Hokpo" + "Gnonnou", "Wake up", "Destin", "Hongan", "Dougbè" + "Gnonnou gankpo", "Roméo et Juliette", "Jhonnicus", "Atilito" et "Prière". 
14 réalisations, en acoustique et en live, si l'on doit ajouter le morceau introductif, pour lesquelles Don Métok a fait preuve d'un total don de soi, sur les plans vocal, rythmique et physique. De même, ses quatre danseurs, d'une part, qui, d'une manière intermittente bien calculée, apparaissaient sur scène pour faire vivre, de leurs pas et leurs jeux bien rythmés des bras et des jambes, de l'expression fortement souriante et enthousiaste de leur visage et de leur complicité avec la rythmique effervescente de l'orchestre en action. D'autre part, ses deux charmantes choristes, qui ont fait la scène, de bout en bout, ont régalé les regards par leurs sublimes déhanchements et, les oreilles, par leur accompagnement vocal, en symbiose avec l'atmosphère rythmique.       

La partition active d'un public comblé ....
Finalement, l'impression que donnait le public du Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, en cette soirée chaude du 18 janvier, est qu'il en avait eu pour plus que son argent, face à un chanteur, à la voix ferme, virile, au meilleur de sa forme, à un orchestre acquis à des morceaux dont la maîtrise allait de soi, face à un ensemble musical qui faisait jubiler les corps, les esprits, les sens, face à des rythmes traditionnels ressourcés par un accompagnement instrumental moderne, face à des chansons dont la quasi-totalité prenait l'envergure de tubes à succès, vu leur maîtrise des paroles, de la part des mélomanes, face à cette ultime communion entre Don Métok et les spectateurs qui se sont révélé de profonds admirateurs, des fans inconditionnels, face à des billets de banque qui, de manière incessante, pleuvaient sur le visage du chanteur, adulé, d'une manière irrépressible. 

Don Métok, rendant hommage à Gogoyi Prosper Akouègnon, son Producteur ...
Ainsi, une seule conclusion s'imposait, à la fin du concert, dans les alentours de 22h35 : le Savalois Ignace Sourou Métokin, du vrai nom
de l'artiste, se constitue en une icône de la musique béninoise, une figure forte qui, dans une humilité pragmatique, un sens de tolérance sans pareil et une ouverture culturelle d'esprit, prend racine, de manière durable, dans la richesse des rythmes locaux, tout en les valorisant par les agencements modernes, avec des paroles véhiculant des thèmes aussi simples traduisant la sensibilité sociale quotidienne de ses compatriotes!  Pour une tête froide qu'il devrait se battre pour garder, tout au long de ce processus de succès, nous ne serions qu'au "début du commencement" d'une réussite artistique programmée pour arpenter la sous-région, le reste de l'Afrique et le monde.

Marcel Kpogodo

mercredi 22 janvier 2014

Jeu de la pièce "Syngué Sabour-Pierre de patience", à l'Institut français de Cotonou

La mise en scène exigente d'Anicet Adanzounon

La soirée du vendredi 17 janvier 2014 a donné lieu à la représentation de la pièce "Syngué Sabour-Pierre de patience", d'Atiq Rahimi, à la Grande paillote de l'Institut français de Cotonou. Anicet Adanzounon, qui en est le metteur en scène, n'a pas semblé avoir la tâche facile.

Dans son corps et avec sa voix d'homme, c'est une mentalité de femme meurtrie, psychologiquement déstabilisée et fragilisée par des épreuves conjugales aussi lourdes et suffocantes les unes que les autres, c'est un traumatisme d'une personne de sexe féminin, se faufilant entre les panneaux de grille blanche, légèrement inclinés, meublant la scène à l'atmosphère rougeoyante, c'est ce genre de personnage qu'a réussi à incarner le Burkinabè, Léon Zongo, sous la supervision d'Anicet Adanzounon, dans la pièce, "Syngué-Sabour-Pierre de patience, à la Grande paillote de l'Institut français de Cotonou, dans la soirée du vendredi 17 janvier 2014.
Elle raconte l'histoire d'une femme qui monologue face à son mari en agonie, lui confiant la vérité de ses souffrances à ses côtés, en tant qu'épouse.
Il a été donné au public d'assister à la subtilité d'un jeu se manifestant par les pas feutrés d'une "femme", explorant tous les recoins de la scène, se tordant, parfois, et réclamant des conditions d'espérer face à un homme qu'elle aime, malgré tout, malgré les tortures de tous ordres que sa vie a été à ses côtés. La réussite du metteur en scène Adanzounon reste sa capacité à rendre perpétuellement présente chez le spectateur la psychologie féminine de l'acteur, dans un système relevant, à coup sûr, aussi, de l'adaptation efficace de la pièce par le dramaturge béninois, Hermas Gbaguidi.
De son côté, Léon Zongo a montré une partition par rapport à laquelle la clarté de la voix, les intonations contextuelles et les mimiques appropriées du visage ont achevé de prouver qu'il connaissait son art d'interprétation. Et, la preuve par 9 du jeu qui a réussi est tout simplement le débardeur de dénouement de pièce de l'acteur, un débardeur d'homme qui n'a pu faire éclipser des esprits qu'il incarnait une femme.

Marcel Kpogodo