mardi 18 septembre 2012

Biennale Bénin Bénin 2012

Le Collectif "Nudowa Yôyô" lance un cri de protestation : "Biennale Bénin Bénin 2012"

"Je ne conçois pas que l'artiste puisse rester un spectateur indifférent, refusant de prendre une option ... Etre engagé, cela signifie pour l'artiste, être inséré dans son contexte social, être la chair du peuple, vivre des problèmes de son pays avec intensité et en rendre témoignage." Se retrouvant profondément en phase avec cette réflexion d'Aimé Césaire qui, selon eux, rend amplement compte des fondements de l'initiative du Collectif "Nudowa Yôyô" qu'ils ont mis en place, les cinq artistes plasticiens béninois que sont Rafiy Okéfolahan, Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Kajero et Totché, créent leur propre Biennale d'Arts, dénommée "Biennale Bénin Bénin 2012" ; elle est prévue pour se tenir du 7 novembre 2012 au 14 janvier 2013. Leur programme, à cet effet, est bien clair : réaliser une performance, organiser des rencontres, des discussions et tenir des expositions, durant toute la période évoquée. Ils annoncent avoir un site Internet en construction et disent détenir une liste ouverte à tous les artistes qui aiment l'art ; il n'y aurait pas de conditions financières préalables à remplir pour cette inscription. Ainsi, la Biennale "Bénin Bénin 2012" constitue leur cri de vigoureuse protestation contre ce qui se profile à l'horizon : la tenue de deux Biennales, à partir du 08 novembre 2012, celle dénommée "Consortium Regard Bénin" dont Dominique Zinkpè est le Président, et "Regard Bénin", dirigé par le non moins connu, Ousmane Alédji, de l'Association ''Regard Bénin". 

La bannière de la Biennale "Bénin Bénin 2012" du Collectif "Nudowa Yôyo"
Selon Rafiy Okéfolahan, la question qu'il faudrait se poser, face à cette division qui menace la bonne tenue et l'existence future de la Biennale tout court, est de savoir si on fait de l'art pour le ''Dan-mi'' ou pour la passion, le ''Dan-mi'' dont le sens est, à en croire l'intervenant, le trésor de l'arc-en-ciel, en plus clair, les financements importants qui sont annoncés pour pleuvoir sur les organisateurs. 
S'exprimant au nom du Collectif "Nudowa Yôyô", il explique que cette initiative vise à dénoncer cette double Biennale qui n'aura d'autres conséquences que de ridiculiser le Bénin au plan international, si ce n'est déjà fait, de le décrédibiliser et de faire fuir les partenaires qui sont annoncés pour financer cette événement qui se trouve à sa deuxième édition. 
Marius Dansou, très révolté aussi, appelle à ce que les deux camps se comprennent au plus tôt afin de sauver la Biennale, de réussir sa tenue et de garantir sa pérennisation, ce qui le pousse à crier : "Nous voulons notre Biennale pour 2012 et pour toutes les autres éditions !" Dans le cas contraire, "Bénin Bénin 2012" aura lieu, ce qui créera davantage d'imbroglio, un fait qui ne déplaît guère à Benjamin Déguénon, pour qui, le Collectif n'a pas trouvé nécessaire de rencontrer le Ministre de la Culture, vu les tracasseries administratives que cela suggère, ni de chercher à réconcilier le chef de file de chacun des deux groupes proposant un programme différent pour la Biennale, surtout que chaque camp reste accroché à sa position, la préoccupation du groupe étant que la Biennale se tienne pour que les artistes pour qui elle a été conçue puissent montrer leurs œuvres et faire apprécier leur talent. 
Vivement une force au-dessus de la mêlée qui réussisse à rétablir l'ordre dans l'organisation de la Biennale, une situation contraire qui compromettrait une manifestation culturelle de grande envergure prévue pour promouvoir la culture contemporaine béninoise. 

Marcel Kpogodo

samedi 14 juillet 2012

Zinkpè le Phénomène

''Unik-Lieu de création contemporaine" à Abomey

Depuis le samedi 23 juin dernier, Dominique Zinkpè s'est mis en situation de concrétiser son rêve : faire de la ville d'Abomey une cité autre que celle d'une histoire retentissante et saisissante, celle de la culture de notre époque. 
Unik, à Abomey ...
Honorant sa réputation de gigantisme, il a laissé son génie imaginatif accoucher d'un Projet d'une grande envergure pour accueillir des artistes plasticiens en quête de maîtrise et de perfectionnement de leur art, mais, aussi, d'expérience et de notoriété. Choisir Dominique Zinkpè pour donner une chance à ce processus de se concrétiser n'aura pas été peine perdue pour eux ! Ces Aston, Bamouss, Sébastien Boko, Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Thierry Oussou, Toffa, Damien Tokoudagba, le vidéaste Totché et Nathanaël Vodouhè, pour avoir accepté de répondre à un appel à candidatures lancé quelques semaines plus tôt par l'Association Ayïzo, vont bénéficier de l'opportunité extraordinaire d'être les premiers à bénéficier d'un espace de création propre à eux et dédié aussi à ce qu'ils y exposent leurs oeuvres. Les nombreux visiteurs venus soutenir Zinkpè dans son initiative d'inauguration, ce samedi 23 juin en ont eu plein la vue d'un véritable complexe culturel, situé dans le quartier Dokpa-Toyizanli, dans l'Arrondissement de Sèhoun, s'appropriant 10 mille mètres carrés, ce que le promoteur appelle un ''lieu d'innovation'', vu qu'il accueille, depuis son inauguration, neuf ateliers de création, un accueil en résidence, un espace ''Ressources'', un autre, scénique, un bloc adminstratif et le ''Café Unik'' qu'il perçoit comme un ''lieu convivial''.
Alain Bruneteau, l'un de ces invités, Coordonnateur du Programme Société Civile et Culture (PSCC) de l'Union Européenne, a montré que le grand Centre relevait de l'un des 20 Projets financé lors du premier appel à propositions du Programme : 65.595.700 F CFA ont servi à le sortir de terre. 

Vaste cahier de charges ...
Par ailleurs, ce ne sont pas des fonctions qui manquent pour faire grouiller autour et dans cet espace une inspiration et une création artistiques d'une abondance qui finira, dans les plus brefs délais, par faire d' ''Unik-Lieu de création contemporaine'', un nouveau temple de la méditation de producteurs et de la maturation d'oeuvres de l'esprit, qui établiront davantage le respect de connaisseurs à travers le monde : "accompagner le travail des artistes vers un professionnalisme toujours plus accru ...", "favoriser la découverte des ressources existantes et inhérentes à la production des oeuvres plastiques et visuelles au Bénin et ailleurs ...", "permettre à des artistes internationaux de réaliser des oeuvres significatives ...", "familiariser les enfants et les adolescents à la pratique d'une discipline artistique ...", et c'est à ce dernier niveau qu'il faut percevoir, semble-t-il, la volonté de l'homme de passer le flambeau, de mettre les tout jeunes devant leur responsabilité d'une excellence à cultiver dès le berceau. Pour l'instant, les aînés de ceux-ci sont embarqués dans un processus d'un labeur reflétant que les arts plastiques ne consistent nullement à étaler et mélanger des couleurs. 

Des perspectives de magnification de l'excellence
Dominique Zinkpè, le freluquet aux idées de mammouth !
Du 11 au 24 juin dernier, ils se sont impliqués dans un "travail de recherche artistique" qui devait les mettre face à leur art, sans compter qu'ils avaient suivi une courte formation en arts visuels. Mais, d'autres défis de renforcement des connaissances les attendent, du 30 juillet au 12 août et, du 27 août au 9 septembre prochain. De sinécure, il n'était donc pas question pour eux et, des noms, non des moindres, sauront faire jaillir d'eux ce qu'ils n'ont pu encore déceler pour se proclamer déjà de la dimension de leur maître : le Professeur Joseph Adandé, Gabin Djimassè qui se distraira momentanément des palais royaux d'Abomey et, lui-même, maître en chef, le freluquet aux inspirations de mammouth., lui qui, espérons-le, saura se montrer à la hauteur du chantier plus que "mammouthique" du Consortium, dont il est le ''chef de file'', Regard 1.0, cette biennale béninoise des arts contemporains dont il est le Président.

Marcel Kpogodo