samedi 14 juillet 2012

Zinkpè le Phénomène

''Unik-Lieu de création contemporaine" à Abomey

Depuis le samedi 23 juin dernier, Dominique Zinkpè s'est mis en situation de concrétiser son rêve : faire de la ville d'Abomey une cité autre que celle d'une histoire retentissante et saisissante, celle de la culture de notre époque. 
Unik, à Abomey ...
Honorant sa réputation de gigantisme, il a laissé son génie imaginatif accoucher d'un Projet d'une grande envergure pour accueillir des artistes plasticiens en quête de maîtrise et de perfectionnement de leur art, mais, aussi, d'expérience et de notoriété. Choisir Dominique Zinkpè pour donner une chance à ce processus de se concrétiser n'aura pas été peine perdue pour eux ! Ces Aston, Bamouss, Sébastien Boko, Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Thierry Oussou, Toffa, Damien Tokoudagba, le vidéaste Totché et Nathanaël Vodouhè, pour avoir accepté de répondre à un appel à candidatures lancé quelques semaines plus tôt par l'Association Ayïzo, vont bénéficier de l'opportunité extraordinaire d'être les premiers à bénéficier d'un espace de création propre à eux et dédié aussi à ce qu'ils y exposent leurs oeuvres. Les nombreux visiteurs venus soutenir Zinkpè dans son initiative d'inauguration, ce samedi 23 juin en ont eu plein la vue d'un véritable complexe culturel, situé dans le quartier Dokpa-Toyizanli, dans l'Arrondissement de Sèhoun, s'appropriant 10 mille mètres carrés, ce que le promoteur appelle un ''lieu d'innovation'', vu qu'il accueille, depuis son inauguration, neuf ateliers de création, un accueil en résidence, un espace ''Ressources'', un autre, scénique, un bloc adminstratif et le ''Café Unik'' qu'il perçoit comme un ''lieu convivial''.
Alain Bruneteau, l'un de ces invités, Coordonnateur du Programme Société Civile et Culture (PSCC) de l'Union Européenne, a montré que le grand Centre relevait de l'un des 20 Projets financé lors du premier appel à propositions du Programme : 65.595.700 F CFA ont servi à le sortir de terre. 

Vaste cahier de charges ...
Par ailleurs, ce ne sont pas des fonctions qui manquent pour faire grouiller autour et dans cet espace une inspiration et une création artistiques d'une abondance qui finira, dans les plus brefs délais, par faire d' ''Unik-Lieu de création contemporaine'', un nouveau temple de la méditation de producteurs et de la maturation d'oeuvres de l'esprit, qui établiront davantage le respect de connaisseurs à travers le monde : "accompagner le travail des artistes vers un professionnalisme toujours plus accru ...", "favoriser la découverte des ressources existantes et inhérentes à la production des oeuvres plastiques et visuelles au Bénin et ailleurs ...", "permettre à des artistes internationaux de réaliser des oeuvres significatives ...", "familiariser les enfants et les adolescents à la pratique d'une discipline artistique ...", et c'est à ce dernier niveau qu'il faut percevoir, semble-t-il, la volonté de l'homme de passer le flambeau, de mettre les tout jeunes devant leur responsabilité d'une excellence à cultiver dès le berceau. Pour l'instant, les aînés de ceux-ci sont embarqués dans un processus d'un labeur reflétant que les arts plastiques ne consistent nullement à étaler et mélanger des couleurs. 

Des perspectives de magnification de l'excellence
Dominique Zinkpè, le freluquet aux idées de mammouth !
Du 11 au 24 juin dernier, ils se sont impliqués dans un "travail de recherche artistique" qui devait les mettre face à leur art, sans compter qu'ils avaient suivi une courte formation en arts visuels. Mais, d'autres défis de renforcement des connaissances les attendent, du 30 juillet au 12 août et, du 27 août au 9 septembre prochain. De sinécure, il n'était donc pas question pour eux et, des noms, non des moindres, sauront faire jaillir d'eux ce qu'ils n'ont pu encore déceler pour se proclamer déjà de la dimension de leur maître : le Professeur Joseph Adandé, Gabin Djimassè qui se distraira momentanément des palais royaux d'Abomey et, lui-même, maître en chef, le freluquet aux inspirations de mammouth., lui qui, espérons-le, saura se montrer à la hauteur du chantier plus que "mammouthique" du Consortium, dont il est le ''chef de file'', Regard 1.0, cette biennale béninoise des arts contemporains dont il est le Président.

Marcel Kpogodo 

vendredi 22 juin 2012

Richard Korblah à l'Institut français du Bénin

Mise en valeur de la culture peuhl

Depuis le jeudi 14 juin, Richard Korblah présente une très osée exposition à l'Espace Kpobly de l'Institut français du Bénin. Huit sculptures bien hiérarchisées se partagent le cadre réservé à leur présentation au public. 
Farouk Abdoulaye
Sous l'inspiration du scénographe, Farouk Abdoulaye, le visiteur découvre l'histoire de la flagellation de la population peuhl vivant dans le Département béninois des Collines, à travers plusieurs contrées : Dassa, Glazoué, Pira, Tchetti, Savè, notamment. 
Par ordre d'importance, Alkaadi, le Père suprème, juché sur son piédestal, chef de la diaspora peuhl dans l'une ou l'autre des localités évoquées, autorise le déroulement de la cérémonie de flagellation ; elle permettra à des adolescents d'à partir de 15 ans d'obtenir leur ticket d'entrée dans la classe sociale des adultes. Et, c'est après avoir supporté héroïquement la séance d'une douloureuse bastonnade à l'aide d'un fouet de type particulier. Le petit Bamiire, lui, non loin du Père, assiste au spectacle, se préparant à le subir, peut-être, l'année suivante. Piiray, eux, constituent deux couples de jeunes qui sont à l'épreuve de la flagellation, qui la subissent. Ici, l'installation est majestueuse, subtile : chacun des couples semble représenter les deux jeunes hommes qui s'affrontent à l'épreuve de la bravoure amis, il n'en est rien ; celui qui tient l'autre le protège contre son adversaire. Donc, les deux couples comportent des flagellateurs qui se protègent l'un l'autre. Kellire 1, lui, dirige la flagellation, l'arbitre et donne le verdict. Baba Piiray, autre père de la flagellation, est chargé de valider ou non la sentence proposée. Inna Piiray est la mère de la flagellation ; elle ne prend partie pour personne, elle reste neutre.  Kellire 2 dirige aussi la séance ; il est chargé de vérifier la conformité occulte des fouets utilisés.
Richard Korblah

Selon les explications de Richard Korblah, un tel spectacle, en milieu peuhl, se déroule les mois de décembre et janvier de chaque année, c'est-à-dire en saison sèche. Par ailleurs, il justifie son intérêt pour l'univers très fermé de la flagellation chez les peuhls par sa volonté de montrer qu'il s'agit d'une ethnie nomade incomprise qui ne mérite pas d'être crainte, rejetée, détestée, comme elle l'est ; il a décidé de susciter la curiosité sur elle et de pousser le public à chercher à mieux la connaître. De son regard qui cherche dans le lointain les repères d'une présence au monde qui puisse se révéler utile sur le plan artistique et culturel, Richard Korblah, par cette exposition,  relance le débat de la tolérance envers ces peuples marginalisés qui, involontairement, suscitent méfiance, rejet, mépris, préjugés de tous gens, de façon à échouer dans tout processus d'intégration. Richard Korblah, en creusant dans la diaspora peuhl dans le Département des Collines, a vaincu le mythe de l'inconnu et de la méfiance injustifiée. Cette exposition à l'Institut français du Bénin, qui prend fin en septembre 2012, mérite d'être vue.

Marcel Kpogodo