vendredi 15 juillet 2011

Théâtre au Bénin

Patrice Toton, Président de Katoulati





Adaptation de deux versions de la pièce Antigone





Chantal Yayi, Marie-Elise Gbèdo, Réckiath Madougou, Honorine Attikpa, Huguette Akplogan et consorts, interpellés




"L'ascension de la femme" est le projet dans lequel s'investit Patrice Toton, en cette deuxième moitié de l'année 2011. A travers Katoulati, l'Association socioculturelle qu'il dirige, ce comédien, dramaturge et metteur en scène béninois, a lancé un casting le 07 juillet dernier, dans le but de recruter des artistes comédiens, chanteurs, conteurs, danseurs pour la mise en scène d'Antigone, une pièce écrite par Sophocle, d'une part, et Jean Anouilh, d'autre part. Cette femme rebelle qu'est Antigone reste un tremplin pour mobiliser l'opinion nationale et internationale autour de la promotion de la femme, ce qui devrait amener les figures de proue de la réussite sociale féminine du Bénin à s'intéresser à ce combat.





La trame de la pièce Antigone tient en quelques mots : Après qu'Œdipe comprend qu'il a tué son père et épousé sa mère, il se crève les yeux, lègue le trône à ses deux fils qui devraient gouverner en alternant chaque année, et part avec Antigone, sa fille, errant dans les rues. À la mort de son père, Antigone regagne le palais de Thèbes, où elle vit avec sa sœur Ismène. Polynice vient, à la tête des armées d'Argos, ville ennemie de Thèbes, reprendre le trône à son frère Étéocle, qui refusait l'alternance prévue. Les deux hommes s'entretuent lors d'un combat singulier. Créon, nouveau roi de Thèbes et frère de Jocaste, ordonne des funérailles solennelles pour Étéocle, mais interdit d'ensevelir son autre neveu, Polynice, considéré comme traître à la Cité. Seule Antigone s'oppose à cette décision et refuse de s'y soumettre. Ayant fait donner une sépulture à Polynice, elle est condamnée par Créon à être enterrée vivante dans le tombeau des Labdacides. Son fiancé Hémon, fils de Créon, se tue sur le cadavre d'Antigone et l'épouse de Créon, Eurydice, se suicide après avoir appris la mort de son fils Hémon.


Cela est donc profondément perceptible : Antigone a tenu tête à Créon et en est morte. Mais, l'exploitation que Patrice Toton entend faire de cette histoire est de faire valoir la femme contestataire qui se rapproche de l'homme par une certaine force de caractère. Ainsi, il souhaiterait, désormais, faire entrer dans les habitudes langagières du Béninois, l'expression ''Gnonnou glégbénou'', au rejet de ''Gnonnou houessi''. Comme l'on le voit, après les journalistes, quelques années auparavant, la promotion de la femme est le nouveau cheval de bataille de Patrice Toton. Sans aucun doute, cette option qu'il a prise de traiter de ce sujet par le choix de l'ouvrage Antigone relève du fait que Katoulati aime mettre les problèmes de l'homme au coeur de la culture. Ensuite, Toton vise, d'une part, à soutenir la lutte en faveur de la femme, au profit des femmes analphabètes, des femmes miséreuses, à agir artistiquement pour attirer l'attention sur la précarité sociale qui les met davantage au ban de la prospérité et du bonheur. D'autre part, selon lui, il s'agit pour lui de montrer que le combat de la femme date de la nuit des temps, de retracer le processus de ce combat depuis l'antiquité et de revenir sur le fait que beaucoup d'interdictions sont faites à la femme à travers le monde. Ainsi, interrogé, le Président de Katoulati pense qu' "au lieu de piétiner, de tourner autour du pot, il faut que les femmes prennent le pouvour, qu'elles prennent leur part du pouvoir". Par ailleurs, il appelle expressément et ardemment les femmes béninoises de pouvoir, les ministres, les députées, les chefs d'entreprise, les responsables d'organisations non gouvernementales, toutes celles qui mènent la lutte pour la promotion de la gent féminine, qu'elles soient toutes présentes le jour des représentations théâtrales, qu'elles montent sur la scène, pour démontrer qu'il existe des femmes leaders et que, par là, la possibilité s'offre à des milliers, des millions d'autres jeunes filles et de femmes de réussir comme elles. Et, Patrice Toton ne manque pas de préciser qu'elles ne sont pas astreintes à payer quoi que ce soit, avant de s'impliquer ainsi dans ce combat.
Plus besoin alors de faire un schéma : un doigt se trouve pointé par l'artiste en direction de l'actuel Garde des sceaux, Porte-parole du Gouvernement, Marie-Elise Gbèdo, de la Ministre de la Microfinance, Réckiath Madougou, de la Présidente de regroupements d'Ong de promotion de la femme et fraîchement nommée Directrice de la Loterie nationale, Honorine Attikpa, et de bien d'autres femmes de grande visibilité, comme Huguette Akplogan, Présidente de Social Watch-Bénin, sans oublier la Première Dame, Chantal de Souza Yayi.



Le casting : un déroulement à succès


Antigone, qui sera donné dans quelques petits mois, trouve son fondement technique dans le casting lancé le 07 juillet dernier par l'Association Katoulati et qui s'est achevé le vendredi 15. Cette activité a consisté en la préparation de la création de ce spectacle, inspiré des pièces de théâtre écrites respectivement par Sophocle, de l'Antiquité, et Jean Anouilh, du 20ème siècle. Selon Patrice Toton, il s'agissait de sélectionner une dizaine de jeunes acteurs qui seraient mis à contribution pour confectionner ce qui sera un spectacle théâtral permettant de combiner harmonieusement la musique, le conte, la chanson et la danse. Et, trois langues seront d'actualité : le fon, le yoruba et le dendi. Cette création sera aussi le tremplin pour le développement des capacités techniques de trois metteurs en scène et pour la préparation à la vulgarisation par cinq professeurs de Français de la pièce dans leurs établissements respectifs. Par ailleurs, cet auteur et metteur en scène, reconnu pour son talent incontestable, explique que le casting concerné constituait l'entrée en matière d'un processus dont les autres parties sont la première étape de la mise en scène, prévue pour se tenir du 02 au 13 août 2011. Quant à la deuxième, elle aura lieu 25 août au 15 septembre. Enfin, en octobre, ce sera la phase finale de la mise en scène se tenant du 02 au 12 octobre, donnant lieu à la diffusion du spectacle les 14 et 15 octobre à l'Institut français du Bénin, ex-Centre culturel français de Cotonou. Si, en fin de compte, seulement 07 comédiens ont été retenus sur les 22 entrés en compétition, la distribution des rôles se présente comme suit: Sandra do Santos pour Antigone, Gérard Tolohin pour le cruel Créon, Bardol Migan pour Hémon, Virginie Gimenez pour Ismène et Serge Dahoui pour le garde. Enfin, Sophiatou Bello évoluera comme chanteuse et danseuse, tandis qu'Edouard Ahonlonsou sera aussi bien chanteur que percussionniste. Il ne reste qu'à souhaiter que les fruits tiennent la promesse des fleurs, les 14 et 15 octobre prochains.




Marcel Kpogodo

vendredi 22 avril 2011

Culture du Bénin

Musique Béninoise





Willy Mignon revient avec ''Maturité'' !






Willy Mignon, le Roi du Noudjihou, qu'on ne présente plus, au détour de cet entretien, nous dit tout sur le Noudjihou, cette danse sensationnelle qui fait bouger et secouer tout le Bénin, de même qu'il nous précise le contenu de son nouvel album, ''Maturité'', qu'il lance très bientôt. Dossi, sa plantureuse et charmeuse compagne, n'y est pas du reste. Mais, très cachotier, Willy nous a tout dit, sauf qu'elle vient fraîchement de lui faire un garçon. Lisez plutôt ...



Willy Mignon, posant généreusement pour nous, en compagnie de deux de ses danseurs ...


Bonjour Willy Mignon. Tu es actuellement le tout puissant maître du Noudjihou. Peux-tu nous décrire de quelle manière le danser ?

Willy Mignon : Le Noudjihou est une danse dont la promotion a commencé depuis près de trois ans déjà. Aujourd’hui, on est au sommet, il faut dire ! Il est bien vrai qu’on ne finit jamais d’évoluer mais, je crois que la plupart des gens savent déjà danser le Noudjihou ; pour ceux-là qui ne savent pas encore le faire, je crois qu’il faut balancer le pied de chaque côté et faire le jeu avec la main aussi, sous forme d’écriture. Ou bien, pour l’autre phase, le Noudjihou classique, il faut garder juste la ceinture, ou bien la hanche, ou bien la robe au niveau de la hanche et balancer aussi les pieds de chaque côté. C’est comme ça que cela se passe. Aujourd’hui, on a créé aussi le Noudjihou ’’Chécaro’’ qui est la nouvelle formule du Noudjihou. Pour ça là, il faut balancer les deux mains de chaque côté et, chaque fois que tu balances le pied d’un côté, les deux mains vont dans le même sens. Donc, c’est un peu ça ; je crois que le visuel fera beaucoup plus l’affaire, surtout pour ceux-là qui vont regarder les clips et qui vont venir aux concerts.




D’où t’est venue l’idée du Noudjihou ?


Il faut dire que le Noudjihou, c’est venu comme ça. Dans la vie, quand tu penses à quelque chose et que tu médites dessus, quand ça veut venir, ça vient aisément, ça vient au moment où tu t’y attends le moins. Au fait, le Noudjihou, c’était juste un mouvement que je faisais juste pour égayer les amis, juste pour les faire marrer. Et, au départ, quand je faisais ça, tout le monde riait. Donc, ça m’est venu comme ça, un jour, de m’amuser et le mouvement est venu comme ça. Or, depuis toujours, moi, je m’étais déjà dit : « Pourquoi ne pas créer un pas de danse pour le Bénin ? Un pas de danse moderne qui puisse être dansé par tout le monde, qui puisse être exporté ? » C’est comme ça qu’un jour, le mouvement m’est venu, je l’ai fait, les amis ont aimé, on s’est marrés avec ça et, après, le jour où je devais tourner le clip de mon premier single, ’’Mindédji’’, il y a des amis qui étaient là et qui m’ont dit : «Willy, il faut mettre le pas de danse là-dedans, il faut mettre ça dedans ! » Et, je leur ai demandé : « Est-ce que vous êtes sûrs que ça va marcher ? » Ils ont répondu : « Cela va marcher, vas-y !» Ils m’ont encouragé, on a mis ça dedans et, ça a pris comme ça, ça a pris comme ça. Aujourd’hui, le peuple béninois est fier de cette danse-là qui est la nôtre et qui fait la fierté du Bénin, que ce soit dans le pays et hors du pays, dans le monde entier.



Qu’est-ce que tu penses faire pour que cette danse se popularise davantage et puisse identifier le Bénin, comme le coupé-décalé pour la Côte d’Ivoire ?


C’est très simple : aujourd’hui, Willy Mignon fait beaucoup de sorties hors du pays ; c’est la première des choses quand vous voulez exportez votre musique, votre culture, on programme beaucoup de sorties, que ce soit en Afrique, que ce soit en Europe, que ce soit aux Etats-Unis. Il y a plein de programmes qui sont déjà là, il y a plein de sorties qu’on avait eu déjà à faire et il y a d’autres qui sont encore en programme. Ce que nous demandons, c’est que les autorités, que les autres artistes aussi se mettent réellement dans la chose et qu’ils se disent : « C’est notre chose ; on doit faire tout ce qu’il faut pour que ce soit connu. » Le Noudjihou, ce n’est pas une affaire de Willy Mignon tout simplement ! Moi, j’ai ma carrière à gérer mais, le Noudjihou, en tant que patrimoine du Bénin, doit être géré par tous les Béninois. Donc, c’est ce que je demande à tous les acteurs du showbiz, à tous les acteurs de la musique, à toutes les autorités en charge de la culture au Bénin ; ils n’ont qu’à réellement et, très rapidement, se mettre au pas, pour que le Noudjihou soit réellement exporté, soit réellement promu au Bénin et hors du Bénin.


Actuellement, tu portes une coiffure un peu spéciale : au sommet de la tête, il y a beaucoup plus de cheveux, coupés en pyramide et, sur les deux côtés, beaucoup moins. Est-ce que cette coiffure appartient au mouvement Noudjihou ?


Bien sûr ! Du moment où Willy Mignon le Concepteur fait cette coiffure, ça appartient au mouvement Noudjihou. Il est bien vrai qu’avant, je ne faisais pas ça. Mais, un artiste, vous savez, il doit y avoir de l’innovation tous les jours, de la métamorphose tous les jours, parce que le public veut voir du nouveau. Donc, le mouvement est né, il faut tout faire pour l’alimenter, pour le rénover, pour le faire évoluer chaque fois et chaque jour que Dieu fait.




Willy Mignon, caressant fièrement sa ''crête'' ...



Donc, cette coiffure, on l’appelle ’’la crête’’, comme la crête d’un poulet ou d’une pintade ; c’est ça, mon look d’aujourd’hui. Peut-être que, demain, ça va changer, et ça va devenir encore autre chose, ce serait peut-être une crête meilleure à celle-là. En tout cas, Willy Mignon est dans l’optique d’un changement à toutes les fois. Mais, ce changement-là est basé sur un feeling, il y a un feeling de base, il y a un esprit de base qui dirige tous ces changements-là. Donc, pour ceux-là qui croient que « Non, Willy Mignon, il est en train de changer et tout, et tout … », Willy Mignon change, bien sûr, mais c’est toujours le Noudjihou de base qui dirige tous ces changements-là, c’est le Noudjihou qui l’emporte.



Actuellement, tu as combien d’albums à ton actif ?


Actuellement, Willy Mignon est en train de préparer le troisième album ; il est déjà prêt : d’ici juin, juillet, on va le lancer, ça va s’appeler ’’Maturité’’.




Il y aura combien de titres sur ’’Maturité’’ ?



Il y aura 12 titres sur ’’Maturité’’.




Sur cet album, tu vas chanter avec d’autres artistes ?



Il y a beaucoup de titres chantés seuls, il y en a d’autres chantés en featuring avec plein d’artistes, que ce soit au Bénin ou à l’extérieur ; il y a, par exemple, le featuring avec des artistes ivoiriens, un featuring avec Fally Ipupa du Congo et avec plein d’autres artistes, que ce soit en Afrique ou dans le monde entier. Ce sera un album très riche, en matière de diversité culturelle et, aussi, avec la nouvelle version du Noudjihou ; il y aura le ’’Noudjihou écriture’’, le ’’Noudjihou macaroni’’, le ’’Noudjihou chécaro’’ qui est le nouveau pas de danse, il y aura aussi la vraie exclusivité de cet album-là : c’est que, on a créé réellement une cadence maintenant pour le Noudjihou. Cette cadence s’appelle l’‘‘Afro-techno’’. Pourquoi ? Parce que, depuis qu’on a créé le Noudjihou, on n’a pas créé réellement une cadence, une rythmique propre à nous, dessous ; on pataugeait entre le makossa, le hi-life, la musique congolaise, la musique ivoirienne. Maintenant, on a fait une résultante de toutes ces rythmiques-là et on en a créé une, propre à nous, pour soutenir le pas de danse Noudjihou, qui fait l’‘‘Afro-techno’’, la rythmique qui va avecla danse Noudjihou. C’est ça, l’exclusivité de ce nouvel album.



Et avec ta compagne Dossi, ça va bien ?


Cela va très bien, ça va très bien …



Je crois que tu l’as incluse dans le mouvement Noudjihou, elle aussi ne fait que du Noudjihou maintenant …



Non, je crois qu’elle a aimé le Noudihou, elle a voulu faire du Noudjihou ; on ne force jamais un artiste à faire ce qu’il ne veut pas. Donc, Dossi a aimé le Noudjihou, elle a adhéré au mouvement Noudjihou ; notre collaboration sur le plan professionnel est bien différente de notre collaboration sur le plan privé ou bien sur le plan intime. Aujourd’hui, je pense que Dossi est une artiste de la génération Noudjihou, parce qu’elle-même le Noudjihou, elle a voulu faire du Noudjihou, tout comme bien d’autres artistes qui ont aimé le Noudjihou et qui sont dans la génération Noudjihou aujourd’hui.



Vous avez des projets de mariage, des projets de faire des enfants ?



Bien sûr ! On a des projets ; on a tous les projets qu’un couple peut avoir : faire des enfants, se marier, avoir une belle vie … On a tous ces projets-là ; que Dieu nous garde, que Dieu nous prête vie et que Dieu exauce nos prières !




Willy Mignon, l'Homme fort du ''Régime Noudjihou'' ...



Propos recueillis par Marcel kpogodo