vendredi 22 avril 2011

Culture du Bénin

Musique Béninoise





Willy Mignon revient avec ''Maturité'' !






Willy Mignon, le Roi du Noudjihou, qu'on ne présente plus, au détour de cet entretien, nous dit tout sur le Noudjihou, cette danse sensationnelle qui fait bouger et secouer tout le Bénin, de même qu'il nous précise le contenu de son nouvel album, ''Maturité'', qu'il lance très bientôt. Dossi, sa plantureuse et charmeuse compagne, n'y est pas du reste. Mais, très cachotier, Willy nous a tout dit, sauf qu'elle vient fraîchement de lui faire un garçon. Lisez plutôt ...



Willy Mignon, posant généreusement pour nous, en compagnie de deux de ses danseurs ...


Bonjour Willy Mignon. Tu es actuellement le tout puissant maître du Noudjihou. Peux-tu nous décrire de quelle manière le danser ?

Willy Mignon : Le Noudjihou est une danse dont la promotion a commencé depuis près de trois ans déjà. Aujourd’hui, on est au sommet, il faut dire ! Il est bien vrai qu’on ne finit jamais d’évoluer mais, je crois que la plupart des gens savent déjà danser le Noudjihou ; pour ceux-là qui ne savent pas encore le faire, je crois qu’il faut balancer le pied de chaque côté et faire le jeu avec la main aussi, sous forme d’écriture. Ou bien, pour l’autre phase, le Noudjihou classique, il faut garder juste la ceinture, ou bien la hanche, ou bien la robe au niveau de la hanche et balancer aussi les pieds de chaque côté. C’est comme ça que cela se passe. Aujourd’hui, on a créé aussi le Noudjihou ’’Chécaro’’ qui est la nouvelle formule du Noudjihou. Pour ça là, il faut balancer les deux mains de chaque côté et, chaque fois que tu balances le pied d’un côté, les deux mains vont dans le même sens. Donc, c’est un peu ça ; je crois que le visuel fera beaucoup plus l’affaire, surtout pour ceux-là qui vont regarder les clips et qui vont venir aux concerts.




D’où t’est venue l’idée du Noudjihou ?


Il faut dire que le Noudjihou, c’est venu comme ça. Dans la vie, quand tu penses à quelque chose et que tu médites dessus, quand ça veut venir, ça vient aisément, ça vient au moment où tu t’y attends le moins. Au fait, le Noudjihou, c’était juste un mouvement que je faisais juste pour égayer les amis, juste pour les faire marrer. Et, au départ, quand je faisais ça, tout le monde riait. Donc, ça m’est venu comme ça, un jour, de m’amuser et le mouvement est venu comme ça. Or, depuis toujours, moi, je m’étais déjà dit : « Pourquoi ne pas créer un pas de danse pour le Bénin ? Un pas de danse moderne qui puisse être dansé par tout le monde, qui puisse être exporté ? » C’est comme ça qu’un jour, le mouvement m’est venu, je l’ai fait, les amis ont aimé, on s’est marrés avec ça et, après, le jour où je devais tourner le clip de mon premier single, ’’Mindédji’’, il y a des amis qui étaient là et qui m’ont dit : «Willy, il faut mettre le pas de danse là-dedans, il faut mettre ça dedans ! » Et, je leur ai demandé : « Est-ce que vous êtes sûrs que ça va marcher ? » Ils ont répondu : « Cela va marcher, vas-y !» Ils m’ont encouragé, on a mis ça dedans et, ça a pris comme ça, ça a pris comme ça. Aujourd’hui, le peuple béninois est fier de cette danse-là qui est la nôtre et qui fait la fierté du Bénin, que ce soit dans le pays et hors du pays, dans le monde entier.



Qu’est-ce que tu penses faire pour que cette danse se popularise davantage et puisse identifier le Bénin, comme le coupé-décalé pour la Côte d’Ivoire ?


C’est très simple : aujourd’hui, Willy Mignon fait beaucoup de sorties hors du pays ; c’est la première des choses quand vous voulez exportez votre musique, votre culture, on programme beaucoup de sorties, que ce soit en Afrique, que ce soit en Europe, que ce soit aux Etats-Unis. Il y a plein de programmes qui sont déjà là, il y a plein de sorties qu’on avait eu déjà à faire et il y a d’autres qui sont encore en programme. Ce que nous demandons, c’est que les autorités, que les autres artistes aussi se mettent réellement dans la chose et qu’ils se disent : « C’est notre chose ; on doit faire tout ce qu’il faut pour que ce soit connu. » Le Noudjihou, ce n’est pas une affaire de Willy Mignon tout simplement ! Moi, j’ai ma carrière à gérer mais, le Noudjihou, en tant que patrimoine du Bénin, doit être géré par tous les Béninois. Donc, c’est ce que je demande à tous les acteurs du showbiz, à tous les acteurs de la musique, à toutes les autorités en charge de la culture au Bénin ; ils n’ont qu’à réellement et, très rapidement, se mettre au pas, pour que le Noudjihou soit réellement exporté, soit réellement promu au Bénin et hors du Bénin.


Actuellement, tu portes une coiffure un peu spéciale : au sommet de la tête, il y a beaucoup plus de cheveux, coupés en pyramide et, sur les deux côtés, beaucoup moins. Est-ce que cette coiffure appartient au mouvement Noudjihou ?


Bien sûr ! Du moment où Willy Mignon le Concepteur fait cette coiffure, ça appartient au mouvement Noudjihou. Il est bien vrai qu’avant, je ne faisais pas ça. Mais, un artiste, vous savez, il doit y avoir de l’innovation tous les jours, de la métamorphose tous les jours, parce que le public veut voir du nouveau. Donc, le mouvement est né, il faut tout faire pour l’alimenter, pour le rénover, pour le faire évoluer chaque fois et chaque jour que Dieu fait.




Willy Mignon, caressant fièrement sa ''crête'' ...



Donc, cette coiffure, on l’appelle ’’la crête’’, comme la crête d’un poulet ou d’une pintade ; c’est ça, mon look d’aujourd’hui. Peut-être que, demain, ça va changer, et ça va devenir encore autre chose, ce serait peut-être une crête meilleure à celle-là. En tout cas, Willy Mignon est dans l’optique d’un changement à toutes les fois. Mais, ce changement-là est basé sur un feeling, il y a un feeling de base, il y a un esprit de base qui dirige tous ces changements-là. Donc, pour ceux-là qui croient que « Non, Willy Mignon, il est en train de changer et tout, et tout … », Willy Mignon change, bien sûr, mais c’est toujours le Noudjihou de base qui dirige tous ces changements-là, c’est le Noudjihou qui l’emporte.



Actuellement, tu as combien d’albums à ton actif ?


Actuellement, Willy Mignon est en train de préparer le troisième album ; il est déjà prêt : d’ici juin, juillet, on va le lancer, ça va s’appeler ’’Maturité’’.




Il y aura combien de titres sur ’’Maturité’’ ?



Il y aura 12 titres sur ’’Maturité’’.




Sur cet album, tu vas chanter avec d’autres artistes ?



Il y a beaucoup de titres chantés seuls, il y en a d’autres chantés en featuring avec plein d’artistes, que ce soit au Bénin ou à l’extérieur ; il y a, par exemple, le featuring avec des artistes ivoiriens, un featuring avec Fally Ipupa du Congo et avec plein d’autres artistes, que ce soit en Afrique ou dans le monde entier. Ce sera un album très riche, en matière de diversité culturelle et, aussi, avec la nouvelle version du Noudjihou ; il y aura le ’’Noudjihou écriture’’, le ’’Noudjihou macaroni’’, le ’’Noudjihou chécaro’’ qui est le nouveau pas de danse, il y aura aussi la vraie exclusivité de cet album-là : c’est que, on a créé réellement une cadence maintenant pour le Noudjihou. Cette cadence s’appelle l’‘‘Afro-techno’’. Pourquoi ? Parce que, depuis qu’on a créé le Noudjihou, on n’a pas créé réellement une cadence, une rythmique propre à nous, dessous ; on pataugeait entre le makossa, le hi-life, la musique congolaise, la musique ivoirienne. Maintenant, on a fait une résultante de toutes ces rythmiques-là et on en a créé une, propre à nous, pour soutenir le pas de danse Noudjihou, qui fait l’‘‘Afro-techno’’, la rythmique qui va avecla danse Noudjihou. C’est ça, l’exclusivité de ce nouvel album.



Et avec ta compagne Dossi, ça va bien ?


Cela va très bien, ça va très bien …



Je crois que tu l’as incluse dans le mouvement Noudjihou, elle aussi ne fait que du Noudjihou maintenant …



Non, je crois qu’elle a aimé le Noudihou, elle a voulu faire du Noudjihou ; on ne force jamais un artiste à faire ce qu’il ne veut pas. Donc, Dossi a aimé le Noudjihou, elle a adhéré au mouvement Noudjihou ; notre collaboration sur le plan professionnel est bien différente de notre collaboration sur le plan privé ou bien sur le plan intime. Aujourd’hui, je pense que Dossi est une artiste de la génération Noudjihou, parce qu’elle-même le Noudjihou, elle a voulu faire du Noudjihou, tout comme bien d’autres artistes qui ont aimé le Noudjihou et qui sont dans la génération Noudjihou aujourd’hui.



Vous avez des projets de mariage, des projets de faire des enfants ?



Bien sûr ! On a des projets ; on a tous les projets qu’un couple peut avoir : faire des enfants, se marier, avoir une belle vie … On a tous ces projets-là ; que Dieu nous garde, que Dieu nous prête vie et que Dieu exauce nos prières !




Willy Mignon, l'Homme fort du ''Régime Noudjihou'' ...



Propos recueillis par Marcel kpogodo

mercredi 20 avril 2011

Culture au Bénin

Initiatives culturelles privées au Bénin




Le Centre culturel Artisttik Africa est né !





Ce mercredi 20 avril, présentation au grand public, quartier Agla, du côté du Stade de l’Amitié de Cotonou, un immeuble de trois niveaux, verticalement imposant, massif en largeur, qui capitalise l’attention des visiteurs : le Centre culturel Artisttik Africa, promu par l’homme de culture, très connu pour ses prises de position tranchantes, hors sentiers battus, Ousmane Alédji. Pour une structure qui vient de voir le jour, elle s’offre une exposition, captivante, fondée sur un trio d’artistes ayant produit pendant une résidence variant de 3 à 6 mois, selon le cas, apparemment décidés à ne pas produire un effet ordinaire, en ce premier après-midi du nouveau Centre culturel. Ce sont Philippe Zoutangni, Grek et Makef, qui ont réussi à impressionner, le premier, par l’œuvre blanche, synthétiquement parlante, juste à l’entrée du Centre.



L'oeuvre énigmatique de Philippe Zoutangni, à l'entrée du Centre.


Le deuxième, Anagossi Gratien, dit Grek, en impose par une installation qui porte, semble-t-il, tout le programme engagé d’Ousmane Alédji : une Afrique de maux multidimensionnels cruciaux, qu’il faut dénoncer pour la faire se laver d’eux. Enfin, Makef, du patronyme Makoutodé, pose de grande toiles, épinglés aux murs, comme pour prédestiner le Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ à une atmosphère artistique professionnellement conviviale, hautement intellectuelle et tout simplement belle. Donc, Ousmane Alédji qui, dans sa prise de parole à cette présentation de son institution, révèle les tenants et les aboutissants d’un tel chef-d’œuvre de structure culturelle, revisite à haute voix son parcours d’homme de théâtre, ami des plasticiens, qui se meut dans le rêve de leur créer un espace, et qui rencontre son partenaire Martin à Bamako, pour finir par l’apprivoiser à Cotonou, depuis au moins deux ans, Ousmane Alédji, en marge du brouhaha sur leur surprise des invités, des visiteurs, accepte de se confier à des journalistes culturels assoiffés d’en connaître et d’en communiquer davantage sur un joyau qui, à peine né, assume son destin de concurrence, de rivalité et de combat de jungle …



Ousmane Alédji, Promoteur et Directeur du Centre cultuel ''Artisttik Africa''



M. Ousmane Alédji, nous sommes à la soirée de présentation du Centre culturel ’’Artisttik Africa’’. Peut-on avoir un petit descriptif des lieux ?




L'une des façades du Centre culturel ...


Ousmane Alédji : D’abord, merci de votre présence, merci pour l’accompagnement ; on peut dire que, depuis quelques temps, je crois, cela vingt ans, pour les plus anciens parmi vous, on chemine ensemble. Ce n’est pas quelque chose qui est né la veille et qui a pris corps aujourd’hui. Donc, merci pour la présence et l’accompagnement.


’’Artisttik Africa’’, c’est un Centre culturel polyvalent. Je parle de polyvalence, en termes d’espace, de lieu d’accueil : nous avons donc une salle de spectacles ; ça peut accueillir du théâtre, de la danse, de la musique, donc des concerts, et ça peut aussi accueillir de la formation. Après, nous avons ’’Espace Galerie’’ qui accueille des plasticiens, pour l’instant, du Bénin et de la sous-région, mais on va ouvrir à l’international Afrique et au-delà.


Grek inaugue de fort magistrale manière l' ''Espace Spectacles'' ...



Voilà qui annonce des expositions d'un style assez imprévisible ...


Et, après, on a l’‘‘Espace Médias’’, c’est-à-dire tous les outils d’information, à savoir la Revue, le site Internet et la WebTv ’’Artisttik Africa’’, qui est totalement en haut, à côté de l’administration de la maison. Voilà ainsi décrit le Centre culturel.




Quels sont vos objectifs à travers cette réalisation ?


En fait, des objectifs, je n’en ai que trois principalement. D’abord, faire un lieu de formation, parce que, sans la formation, rien de durable ne naît, ne se crée. Donc, le lieu est, de fait, un lieu de formation pour ça, mais aussi un lieu d’accueil et de diffusion, parce que, justement, on est là, disposés à accueillir des spectacles d’amis, de professionnels béninois et étrangers. Et puis, en troisième lieu, on espère favoriser une forme de synergie entre créateurs et, aussi, d’émergence, c’est-à-dire, des gens qui sortent d’ici, sont connus à l’international, sont diffusés, sont cachetés pour vivre au mieux de leur travail.



Peut-on avoir une idée de ce qu’a coûté la construction de ce Centre ?


Les chiffres, pour l’instant, sont des chiffres d’artistes. Donc, je ne peux pas les avancer ; si je vous les dis, vous penserez, soit que j’ai exagéré, soit que je n’ai pas tout dit. Donc, dites-vous qu’on a mis ce qu’il fallait mettre pour en arriver là.




Combien de personnes travaillent actuellement au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ ?


Pour l’instant, on est 13.


Quels sont les partenaires qui vous ont accompagné ?

Des partenaires, c’est maintenant qu’ils s’annoncent ; on espère en accueillir davantage. Mais, pour l’instant, j’ai surtout travaillé en partenariat technique, on va dire aussi humain, parce que, cet aspect-là, beaucoup le négligent ou l’oublient.

Mais, j’ai le sentiment que, sans l’homme, sans le principal humain, on n’arrive à rien de concret.




La ressource artistique que constitue Makef, dépucèle l' ''Espace Galerie'' ...



... et donne le ton d'une inspiration exigente pour des personnalités culturelles reniant toute absence d'excellence.


Donc, le principal partenaire, pour l’instant, qui est le partenaire technique, c’est l’Association belge ’’Rencontres des continents’’ dont le Président est avec moi, au bureau, depuis bientôt deux ans et demie, trois ans ; il s’appelle Martin Van Der Belen. Pour l’instant, c’est le seul partenaire technique qu’on a sur ce projet-là. Le reste, en matière investissements, matériel, c’est le Théâtre ’’Agbo’n’koko dont je suis le Président. Donc, j’ai la liberté d’accompagner, de m’accompagner moi-même, de temps en temps, si je trouve que tel projet devient prioritaire. Il y a donc, le Théâtre ’’Agbo’n’koko’’, ’’Rencontres des continents’’ et ’’Artisttik Bénin’’. Voilà donc les trois structures qui forment aujourd’hui ’’Artisttik Africa’’.


A travers cette réalisation d’ordre culturel, on a l’impression qu’il y a une véritable révolution discrète qui s’opère dans le secteur des espaces culturels de diffusion et de manifestations de spectacles culturels …



C’est tant mieux ; le Bénin en avait besoin. Nous avons couru – vous en êtes témoin - après les ’’Maisons du peuple’’ pendant une dizaine d’années, on voulait les récupérer pour en faire des lieux comme ça, avec l’accompagnement de partenaires internationaux ; cela n’a pas été possible mais, nous ne désespérons pas parce que, le Mairie de Cotonou, en tout cas, est de plus en plus attentive à nos sollicitations. Donc, on espère que d’ici là, cela va se faire. Ce lieu n’est que le commencement de ce qui va se faire dans la durée ; j’espère qu’on aura des partenaires pour nous accompagner.




Y a-t-il déjà des programmations d’‘‘Artisttik Africa’’ pour le prochain trimestre?


En fait, les journées ’’Portes ouvertes’’ qui commencent juste ce soir vont continuer jusqu’en août. En septembre, donc à la rentrée, il y aura
la programmation officielle, avec l’ouverture officielle du lieu des spectacles et tout ça. J’espère que, d’ici là, nous aurons réussi à monter le gradin, la régie son et lumière, pour que la salle de spectacles devienne aussi opérationnelle.




Propos recueillis par Marcel Kpogodo