dimanche 15 août 2010

Projet "Théâtre à l'école"

Christel Gbaguidi, l'initiateur du Projet "Théâtre à l'école"






Dans le cadre du bilan du Projet '' Théâtre à l'école"








Analyse critique des spectacles des 25, 26, 27 et 28 mai 2010 au Ccf de Cotonou






Le Projet "Théâtre à l'école", piloté par son concepteur, Christel Gbaguidi, se trouve à la phase du bilan. A l'heure du dépôt du rapport de son déroulement sur quatre mois, de mars à juin 2010, il s'impose une analyse critique des prestations théâtrales respectives du Lycée Montaigne, du Collège catholique Père Aupiais et du Collège d'enseignement général de Godomey.







A tout seigneur, tout honneur. Le collège d'enseignement général de Godomey, qui est passé en dernière position dans les prestations sur scène au Centre culturel français de Cotonou, le vendredi 28 mai dernier, a tenu en haleine et époustouflé le public. Dans la création de L'avare de Molière, le metteur en scène, Patrice Toton, a pris soin de rendre facilement accessible au public une pièce du XVIIème siècle. Son procédé a été simple : mettre en place un choeur d'acteurs, qui répète en permanence des répliques dites par un personnage-conteur qui raconte les péripéties d'Harpagon aux prises avec des manigances l'amenant à rentabiliser financièrment le mariage de ses fille et fils, et avec la perte de sa cassette. Par ces acteurs qui ont manifesté une diction forte et audible, châtiée, celui qui n'a jamais lu la pièce en a compris l'intrigue et, le virevoltant Gédéon Ahéhéhinnou, Harpagon sur la scène, a su impressionner et faire rire intensément à toutes ses apparitions.





Gédéon Vivien Ahéhéhinnou, alias Harpagon, dans ses exploits (Photo de Jessica Vuillaume)





Totale apothéose


La mise en scène de L'avare était si réussie en matière d'innovation que les deux histoires parallèles de coeur, celles respectives du fils et de la fille d'Harpagon, contées à plusieurs endroits, dans le but, à coup sûr, de ne pas ennuyer les spectateurs et de gagner du temps, ont su être visibles et frappantes, sur un fond de pingrerie de ce vieillard perpétuellement tourné en ridicule. Ainsi, en 90 mn, Patrice Toton, en cette soirée du 28 mai 2010, au Centre culturel français de Cotonou, a réussi le pari de faire vivre une pièce, de distraire et de démontrer ses capacités pédagogiques incontestables, en même temps que sa dimension de metteur en scène profondément créatif et moulé dans les stratégies modernes de représentation théâtrale. Apparemment, sa mise en scène a été le plus applaudie.


Une séquence sentimentale de L'avare (Photo de Jessica Vuillaume)


Le choeur savamment mis en place par Patrice Toton, en action (Photo de Jessica Vuillaume)





La partition du Collège catholique Père Aupiais



Contrairement à la pièce précédemment évoquée, Certifié sincère de Florent Couao-Zotti, dans la mise en scène de Nathalie Hounvo-Yèkpè, a très tôt fait ressortir que les acteurs étaient, pour la plupart, novices. Optant pour une présentation linaire des séquences narratives, le metteur en scène s'est moulé dans une stratégie classique, ce qui a provoqué l'impression chez le public que le naturel devant fonder un réalisme inévitable des faits a été sacrifié ; les acteurs, qui ne sont pas à condamnés du fait qu'ils en étaient à leur première expérience de représentation théâtrale, semblaient réciter un texte bien mémorisé. En revanche, un certain nombre d'éléments sont venus rattraper ce handicap : les costumes assez représentatifs, la soif de bien faire des acteurs, leur courage scénique. Nathalie Hounvo-Yèkpè aura réusii à les motiver jusqu'au bout.



Une séquence de la pièce Certifié sincère (Photo de Jessica Vuillaume)


Les jumeaux acteurs en action : un véritable engagement (Photo de Jessica Vuillaume)



Une autre séquence stratégique de rivalité pour un fictif héritage (Photo de Jessica Vuillaume)



Une séquence du dénouement inattendu de la pièce (Photo de Jessica Vuillaume)


En ce qui concerne le Lycée Montaigne


Si Yvon Le Vagueresse, metteur en scène de La nuit de Valognes d'Eric-Emmanuel Schmitt, a innové, c'est, d'abord, en faisant jouer la même pièce par deux groupes différents, celui des acteurs titulaires, d'un côté, et celui des suppléants. Ceci a permis de voir deux sensibilités spécifiques rivaliser autour d'une même pièce. Cependant, cela n'a pas fait perdre un effet qui se répète lorsque jouent des acteurs issus d'un crû social différent de celui béninois : il faut tendre l'oreille d'une manière particulièrement insistante pour comprendre les répliques distillées avec beaucoup d'amour par les acteurs. A l'avenir, il faudrait peut-être qu'Yvon Le Vagueresse mélange à son équipe des acteurs béninois par l'accent ou qu'il se fasse assister par un metteur en scène béninois. Dans le cas contraire, on aura toujours l'impression que les représentations théâtrales effectuées par le Lycée Montaigne sont destinées uniquement à la population française de Cotonou. Cependant, Yvon Le Vagueresse aurau réussi le coup de diversifier son approche de mise en scène.

L'une des séquences finales du Groupe 2 du Lycée Montaigne (Photo de Jessica Vuillaume)



Toujours le Groupe 2 avec des actrices noires qui auront suscité l'intérêt de la frange béninoise du public (Photo de Jessica Vuillaume)


Le Groupe 2 à l'une des séquences du début de la représentation (Photo de Jessica Vuillaume)



Le Groupe 1, à présent (Photo de Jessica Vuillaume)




Une séquence phare exécutée par le Groupe 1 du Lycée Montaigne : Don Juan pris en tenaille par ses ex-victimes (Photo de Jessica Vuillaume)



Les actrices du Groupe 1 en plein jeu (Photo de Jessica Vuillaume)

Une séquence initiale du Groupe 1 (Photo de Jessica Vuillaume)






Réalisation : Marcel Kpogodo

dimanche 8 août 2010

Situation d'intolérance d'ordre culturel à Cotonou

Amine Laourou, Directeur du SIPoeF








Exil choisi d'Amine Laourou




La Déclaration du Directeur du SIPoeF



S'il y a une actualité qui défraie actuellement la chronique dans le monde culturel à Cotonou, c'est l'exil volontaire d'Amine Laourou, Directeur du Salon international des poètes francophones (Sipoef), au Canada. Dans une déclaration qu'il nous a envoyée et que nous publions in extenso, il justifie sa décision d'exil.





Pourquoi cette décision ?





Nous sommes dans un pays démocratique, mais c'est un semblant de démocratie. Je ne crois plus en mon pays...oui vraiment, si je dois me soumettre à des injustices.



L’on vous pose la question suivante : "Est-ce que vous voulez raisonnez ?"



Pourquoi nous devons nous soumettre à des individus forts de la République?



Je suis dans un pays où les gouvernants veulent faire de nos peuples des rats. Je suis enfin décidé à dire les choses. J’en avais déjà mare de vivre des menaces verbalement et par téléphone. C'est la raison du changement de ma puce téléphonique deux fois.



Je me consacre actuellement à ma vie et à mes études, je ne suis plus dans cette dimension de génération sans orientation, sans rêves.



J’en veux aussi aux marchands de rêves chimériques, ces acteurs politiques, culturels vides et qui préfèrent cacher les choses que de les dire.



Je ne veux pas plaire en donnant des pourboires après un service de subvention. Je ne suis pas habitué à négocier pour faire avancer la bêtise humaine.



Si le Gouvernement ne pense pas qu’il est temps de demander la démission du Conseil d’administration du Fonds d’Aide à la Culture et demander un rapport de la gestion des milliards culturels, je ne pense plus revenir car je sais une chose : que je peux apporter beaucoup pour la jeunesse.



C’est grâce à la France et au Québec-Canada que le SIPoeF est toujours debout…



Je n'ai plus d’amis car ils sont pauvres et ne peuvent que jouer à la courbette pour obtenir des subventions négociables pour des partages après… Je les connais, ils sont mes amis et c’est eux qui veulent me tuer vivant.



L’Afrique a une génération d`étudiants vides d’espoir qui rêvent de l’Occident et de l’Amérique.



Le problème est qu’il faut un Bénin libre sur un système politique qui repose sur la liberté, l'égalité et la participation ; la Charte des droits et des libertés de la personne condamne la discrimination sous toutes ses formes. Et, que notre pays soit une société égalitaire pour les femmes et les hommes qui auront les mêmes responsabilités et jouissent des mêmes droits aux yeux de la loi, tant dans le domaine des affaires publiques que dans le privé.





Il est temps pour nous de dire les choses car je me pose la question de savoir si notre jeunesse peut avoir encore de l’espoir et non des rêves chimériques…





Vive le vrai Changement !



Vive le Bénin !



Vive l’Afrique !




Amine Laourou