mercredi 27 janvier 2010

Cbaccem 2010

Bobo D


En marge de l'installation du nouveau Directeur du Fitheb


L'artiste Bobo D, fraichement libéré de prison, crucifie Ganiou Soglo : "[...] je ne sais même pas ce qu'il fout à ce ministère ..."

Venu assister à la passation de service entre les directeurs sortant et entrant du Festival international du théâtre du Bénin (Fitheb), Bobo D, libéré seulement le lundi 25 janvier 2010, d'un écrouement relevant du conflit l'opposant au Bureau béninois des droits d'auteur (Bubedra), a accepté de se prononcer à notre micro sur la situation qu'il a traversée le weekend dernier. A cet effet, il n'a pas épargné Ganiou Soglo, Ministre de la Culture, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales.

Journal Le Mutateur : Bonjour Bobo D. On a appris la nouvelle : vous avez été incarcéré le weekend dernier. Aujourd'hui, mardi 26 janvier, nous vous voyons libre, dans les locaux du Fitheb. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu ?

Bobo D : Evidemment, il y a quelques personnes qui ont cru bon que Bobo aille en prison, tout simplement parce que Bobo D a créé le Cbaccem, le Conseil béninois des auteurs compositeurs comédiens et éditeurs de musique, pour défendre le droit des artistes. C'est une association qui a vocation de faire la même chose que le Bubédra (Ndlr : Bureau béninois de droits d'auteur). Il s'est avéré que la loi 12-2006 donne le monopole au Bubédra de vendre les timbres ici au Bénin. Mais, vu que le Bubédra n'a jamais rien fait de bon, et qu'il est soutenu par un Ministre qui ne comprend rien, je voulais parler de Ganiou Soglo, il ne comprend rien, il est complètement à côté de la plaque, je ne sais même pas ce qu'il fout à ce ministère et, nous, le Cbaccem, nous demandons au Président de la République de prendre ses responsabilités, nous demandons au Président de la République de nous débarrasser purement et simplement de ce ministre-là qui envoie un artiste en prison, car c'est sous lui qu'on envoie un artiste qui veut défendre ses droits et celui de ses compagnons, en prison, sous prétexte qu'il n'a pas le droit de vendre des timbres. Nous avons fabriqué des timbres, parce que nous sommes une association de fait. Evidemment, nous n'avons pas eu l'agrément auprès de la préfecture qui refusait parce que le Bubédra faisait la pression sur notre préfet, pour ne pas que le préfet nous signe cet agrément. Mais, comme nous sommes une association de fait, parce que le loi 1901 dit qu'on peut être une association de fait, même si le préfet ne signe pas, nous avons cru bon de fabriquer des timbres, parce qu'on ne peut pas être une association qui doit défendre le droit des artistes et ne pas pouvoir vendre des timbres, pour contrôler si ces artistes sont réellement inscrits pour récupérer leur droit et le leur donner. Evidemment, ils m'ont convoqué en donnant une autre qualification à la plainte, en disant que Bobo D est un pirate. Moi, je n'ai pas attendu Ganiou Soglo ou Eric Totah, je dis bien Eric Totah, qui n'a rien compris non plus, je ne les ai pas attendus pour commencer à promouvoir les artistes béninois en France ; je voudrais parler de Sonia, Lèvodjo, Les Pharaons, Pélagie la vibreuse, qu'ils connaissent bien, les Super Anges, Tohon Stan. Je n'ai attendu personne pour le faire et, moi, je n'ai jamais touché un centime du Fonds d'aide, ils ne m'ont jamais rien donné pour que je fasse ce que je fais, je ne les attends pas ; eux, ils sont partants mais, moi, je serai toujours artiste et producteur. La justice, elle est dite maintenant ; ces gens-là doivent comprendre maintenant que le Cbaccem existe, le juge m'a rendu les 200 mille timbres que nous avons faits et, ça fait jurisprudence à partir de maintenant, le Cbaccem est là et on sera deux sur le terrain : le Bubédra et le Cbaccem maintenant ! Je vous remercie.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

Fitheb 2010

Pascal Wanou, Directeur du Fitheb


Passation de service au siège du Fitheb


Le nouveau Directeur, Pascal Wanou, sous pression


Les acteurs du théâtre et, un grand nombre du monde culturel, en général, se sont retrouvés à l'ex-Ciné Vog de Cotonou, le mardi 26 janvier 2010, afin d'assister à l'installation de Pascal Wanou, en tant que nouveau Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). A peine entré dans ses fonctions, il a le couteau sous la gorge.


Plusieurs défis sont laissés en héritage à Pascal Wanou, Directeur entrant du Fitheb. Selon Orden Alladatin, son prédecesseur, trois chantiers l'attendent : la poursuite des travaux de rénovation du siège de l'institution, l'apurement des dettes existant avant son propre mandat et la remise en fonction du site Internet du Fitheb, bloqué depuis septembre 2009. Mais, le plus pressant d'entre eux reste la tenue de la Xe édition de la manifestation internationale, ce que la personnalité du jour s'est engagée à respecter sans faillir, "à bonne date", c'est-à-dire, "entre fin mars et début avril", a-t-elle précisé. Conscient qu'il s'agit d'une course contre la montre, Pascal Wanou a appelé le Chef de l'Etat à s'impliquer personnellement dans l'organisation du Fitheb 2010, en prenant des mesures exceptionnelles de facilitation de décaissement des ressources financières. En effet, comme l'a souligné Orden Alladatin, en prenant la parole avant son successeur, le décaissement des fonds de fonctionnement du Fitheb par le Trésor public accuse, à chaque année d'organisation, une lenteur préjudiciable, ce qui crée d'énormes difficultés au déroulement des manifestations prévues et de la programmation des spectacles. Ainsi, Pascal Wanou attend de Boni Yayi de lui permettre d'économiser beaucoup de temps dans les procédures administratives de décaissement des fonds alloués au Fitheb.

Plusieurs cadres du Ministère de la Culture, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales ayant fait le déplacement de l'installation, il est à espérer que l'appel de Pascal Wanou ne soit pas entré dans des oreilles de sourds. Cependant, il appartient au nouveau Directeur de garder langue avec son prédécesseur, de s'accrocher à lui, pour comprendre le secret de la tenue sans anicroches des Fitheb 2006 et 2008, malgré la persistance de la lenteur de décaissement par l'Etat de la subvention de la biennale. Ensuite, en dehors de la tenue "à bonne date" de l'édition de la présente année, il se doit de ne pas nous ramener en arrière, avec des partenaires du Fitheb grognant parce que non payés, des troupes bloquées à leur hôtel ou empêchées de prendre le départ de Cotonou après le Fitheb, pour des préalables non remplis, ou encore pour des fournisseurs qui vont vociférer sur les médias, ou pour des membres du Bureau du Fitheb qui s'entre-déchirent. Le défi de Pascal Wanou est titanesque, vu que les conditions de son élection n'ont pas été simples et qu'il doit organiser le Fitheb 2010 en deux mois ! Le sang froid qu'on lui connaît serait un de ses principaux atouts.



Marcel Kpogodo