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dimanche 8 août 2010

Situation d'intolérance d'ordre culturel à Cotonou

Amine Laourou, Directeur du SIPoeF








Exil choisi d'Amine Laourou




La Déclaration du Directeur du SIPoeF



S'il y a une actualité qui défraie actuellement la chronique dans le monde culturel à Cotonou, c'est l'exil volontaire d'Amine Laourou, Directeur du Salon international des poètes francophones (Sipoef), au Canada. Dans une déclaration qu'il nous a envoyée et que nous publions in extenso, il justifie sa décision d'exil.





Pourquoi cette décision ?





Nous sommes dans un pays démocratique, mais c'est un semblant de démocratie. Je ne crois plus en mon pays...oui vraiment, si je dois me soumettre à des injustices.



L’on vous pose la question suivante : "Est-ce que vous voulez raisonnez ?"



Pourquoi nous devons nous soumettre à des individus forts de la République?



Je suis dans un pays où les gouvernants veulent faire de nos peuples des rats. Je suis enfin décidé à dire les choses. J’en avais déjà mare de vivre des menaces verbalement et par téléphone. C'est la raison du changement de ma puce téléphonique deux fois.



Je me consacre actuellement à ma vie et à mes études, je ne suis plus dans cette dimension de génération sans orientation, sans rêves.



J’en veux aussi aux marchands de rêves chimériques, ces acteurs politiques, culturels vides et qui préfèrent cacher les choses que de les dire.



Je ne veux pas plaire en donnant des pourboires après un service de subvention. Je ne suis pas habitué à négocier pour faire avancer la bêtise humaine.



Si le Gouvernement ne pense pas qu’il est temps de demander la démission du Conseil d’administration du Fonds d’Aide à la Culture et demander un rapport de la gestion des milliards culturels, je ne pense plus revenir car je sais une chose : que je peux apporter beaucoup pour la jeunesse.



C’est grâce à la France et au Québec-Canada que le SIPoeF est toujours debout…



Je n'ai plus d’amis car ils sont pauvres et ne peuvent que jouer à la courbette pour obtenir des subventions négociables pour des partages après… Je les connais, ils sont mes amis et c’est eux qui veulent me tuer vivant.



L’Afrique a une génération d`étudiants vides d’espoir qui rêvent de l’Occident et de l’Amérique.



Le problème est qu’il faut un Bénin libre sur un système politique qui repose sur la liberté, l'égalité et la participation ; la Charte des droits et des libertés de la personne condamne la discrimination sous toutes ses formes. Et, que notre pays soit une société égalitaire pour les femmes et les hommes qui auront les mêmes responsabilités et jouissent des mêmes droits aux yeux de la loi, tant dans le domaine des affaires publiques que dans le privé.





Il est temps pour nous de dire les choses car je me pose la question de savoir si notre jeunesse peut avoir encore de l’espoir et non des rêves chimériques…





Vive le vrai Changement !



Vive le Bénin !



Vive l’Afrique !




Amine Laourou

mardi 30 mars 2010

Sipoef 2010

Amine Laourou

Pour sa 5ème édition


Le Sipoef se tiendra au Luxembourg





Plus de trois semaines après la tenue de la 4ème édition du Salon international des poètes francophones (Sipoef) à Cotonou, Amine Laourou a bien voulu se confier à nous pour un bilan et des perspectives par rapport à l'événement. Il ressort de notre entretien que le 5ème Sipoef se tiendra l'année prochaine au Luxembourg, une annonce qui permet à ce promoteur culturel d'épingler le système béninois de financement des initiatives culturelles.





Journal Le Mutateur : Amine Laourou, Directeur du Salon international des poètes francophones (Sipoef), comme nous le savons, la 4ème édition de cette manifestation a eu lieu du 1er au 6 mars dernier. Peux-tu partager avec nous un bilan de cette édition ?





Amine Laourou : Je peux dire que c'est la meilleure édition, cette année. Je peux l'affirmer : le Sipoef 2010 a été la meilleure édition, parce que plusieurs poètes béninois se sont impliqués, comme Kakpo Mahougnon, Florent Eustache Hessou, Henri Dagbédji Hessou, Innocent Sossavi, etc. Plusieurs poètes se sont impliqués mais, malheureusement, c'est la dernière édition au Bénin ; j'annonce que la prochaine édition se tiendra au Luxembourg dans la deuxième semaine du mois de mars 2011. Depuis 4 ans, je peux dire que le sipoef 2010, c'est la meilleure édition ; nous avons eu des difficultés mais, quand même, je tiens à remercier le Ministère de la Culture et, surtout, l'Ambassade de France, des partenaires à l'étranger comme le Conseil des arts du Canada, du Québec, le Gouvernement luxembourgeois. Je peux vous affirmer que, cette fois-ci, c'est parti parce que c'est le Sipoef itinérant maintenant. Donc, nous allons passer peut-être une année au Luxembourg et, après, voir si on peut envoyer l'événement dans un pays africain francophone.





Quand vous dites que le Sipoef 2010 a été le meilleur, quels sont les autres éléments d'appréciation qui vous permettent d'avoir ce jugement ?





La première, la deuxième et la troisième édition, c'était un peu compliqué parce que les amis écrivains béninois n'en voulaient pas, il y avait des malentendus, de petites histoires que nous avons pu régler à la dernière minute et, voilà, tout le monde est impliqué, tout le monde veut bien accompagner le Sipoef : l'Association des écrivains béninois, le Pen-club béninois, .... ; quand vous organisez un événement et que vous avez deux ou trois, quatre écrivains béninois représentés, c'est pas beau. Mais, cette fois-ci, ils étaient là ; il y en a d'autres qui nous ont invités chez eux à la maison avec les poètes invités des cinq continents.





Pourquoi alors cette délocalisation au Luxembourg ? Ce pays ne vous semble-t-il pas trop loin ? Ce choix me semble la marque d'une déception du Bénin ...





Je peux dire oui mais, à la fois, je veux bien organiser encore cette rencontre ici ; c'est un peu dur pour moi, parce que le Bénin est le quartier latin de l'Afrique et, pour garder ce nom, il faut s'affirmer à travers des événements comme le Sipoef ! Voilà ! Les Luxembourgeois ont décidé de nous accueillir, parce qu'ils disent que la Francophonie, c'est pas seulement le Bénin et qu'il y a d'autres pays : le Luxembourg, la France, la Belgique, le Canada, les pays francophones d'Afrique et d'Asie, d'Europe. Je crois que le Bénin sera toujours à l'honneur ; nous allons toujours inviter des écrivains béninois à cette rencontre là-bas, que ce soit au Luxembourg ou quelque part d'autre, le Bénin sera toujours représenté. Je crois que c'est un acquis pour moi, parce que, souvent, ici, vous avez des problèmes de financement et, c'est à trois jours de votre rencontre qu'on débloque les moyens pour organiser votre événement ou c'est après l'événement qu'on vous rembourse l'argent, après l'objectif ; c'est du cinéma, c'est du jonglage. Avec les Luxembourgeois, en trois jours, nous avons décidé ; les moyens sont là déjà, la programmation est en cours, c'est ce que je veux aussi pour le Bénin, mais c'est compliqué : quand un ministre est limogé, il faut tout recommencer à zéro, c'est compliqué, il y a la lenteur et, la lenteur, ça torture, ça torture, ça décourage. C'est triste, mais c'est notre pays qui est comme ça, c'est notre culture, on est habitués. Peut-être que quand nous allons faire le Sipoef deux, trois, quatre ou cinq ans dehors, ceal va permettre quand même aux hommes politiques de savoir que c'est un événement incontournable qu'il faut soutenir, qu'il faut voir comment traiter avec les promoteurs culturels béninois. Et, encore, on dit qu'il y a le Fonds d'aide à la culture. Moi, je vois qu'il faut dissoudre la Direction du Fonds d'aide à la culture et créer un Conseil des arts et lettres du Bénin. S'il y a une Direction des Lettres, une Direction de la musique, du cinéma, de la poésie, on peut dire : "Bon, vous avez 50 millions pour la poésie". A travers les associations, les fédérations, on peut organiser et faire beaucoup de choses. Mais, si on doit négocier, si les événements qui sont vraiment reconnus sur le plan international ne sont pas pris en compte au Bénin et qu'il faut toujours négocier, supplier, qu'il faut s'agenouiller des fois, jouer à la courbette, ça décourage, ça décourage, c'est triste. Pour moi, je crois qu'il faut finir avec la Direction du Fonds d'aide à la culture et créer le Conseil des arts et lettres du Bénin, c'est très important, il faut finir avec ça, il faut qu'il y ait vraiment la transparence ; si nous avons un Directeur ou une Directrice du Conseil des arts et lettres du Bénin, il faut impérativement faire des appels à candidatures pour ceux qui veulent occuper ce poste, pour un mandat de deux ans non renouvelables comme le Centre culturel français. Si tu n'es pas d'accord avec un Directeur, tu attends trois ans après et quand il part, peut-être qu'avec l'autre, tu auras une chance. Et, le Ccf a toujours fonctionné. Et, aussi, il faut voir comment est-ce que nous n'avons pas une Maison de la culture, nous n'avons pas un Centre culturel béninois, il faut aussi voir tout ça ; s'il faut jouer à la courbette pour obtenir quelque chose, ce n'est plus ce que vous voulez vous-même, vous jouez le jeu, on vous apprend à voler, c'est la société qui vous apprend à tricher et, ça, ça ne vient pas de vous. Donc, c'est en quelque sorte ça ; le Sipoef est au Luxembourg, dans la deuxième semaine du mois de mars, en 2011 ; nous allons inviter aussi des journalistes culturels béninois là-bas, pour célébrer l'événement. En cinq ans, je crois que c'est mieux pour nous, nous pouvons aider le Bénin, l'Afrique, de l'extérieur.





Les innovations du Sipoef au luxembourg, c'est quoi concrètement ?





D'abord, les innovations, c'est que les poètes n'ont jamais été payés, cette fois-ci, ils seront payés, ils seront traités comme des artistes et, il n'y a plus question à être triste pour l'hébergement, la restauration, les lieux de spectacles. Donc, c'est un acquis déjà pour nous ; c'est vrai que nous n'allons plus inviter les poètes qui ont publié seulement un recueil, c'est la cour des grands, il va falloir faire une sélection de ceux qui vont participer à cette grande rencontre là-bas au Luxembourg. Ici, au Bénin, on peut compter le nombre de poètes, c'est aussi ça, on peut compter le nombre de poètes. Donc, il faut dépasser l'époque de Senghor, de Césaire, de la négritude et voir autre chose ! L'Afrique souffre aujourd'hui, il y a la dégradation de l'environnement, les maladies transmissibles, il y a la famine ; il faut écrire sur ça, plutôt que de s'occuper des histoires de Blancs ou de Noirs ; que tu sois un homme noir peint en blanc, ça t'engage, c'est toi ! Donc, aujourd'hui, avec la globalisation, il faut voir autre chose ! C'est ça ma vision.





Un dernier mot ?





Je porte le Bénin dans mon coeur, j'aime beaucoup mon pays ; j'ai quand même fait quatre années du Sipoef ici, j'ai eu la chance de connaître mes défauts, les défauts des autres aussi, de savoir comment me comporter avec eux. Le Bénin, c'est un pays formidable, vous pouvez avoir des expériences, surtout dans le milieu culturel ; c'est pas du tout facile, mais je suis fier d'être Béninois. Le Sipoef au Luxembourg, ça ne veut pas dire que je suis découragé, que je ne reviendrai plus chez moi, mais c'est toujours la littérature béninoise au Luxembourg.




Propos recueillis par Marcel kpogodo