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samedi 3 mai 2014

Escapade professionnelle de Sébastien Boko en Chine

Dans la logique de ses récentes performances artistiques



Du 19 mars au 3 avril 2014, Sébastien Boko, artiste plasticien béninois, a séjourné en Chine. C'était pour participer au "World wood day", dans sa version 2014. Une instance professionnelle pour les artistes sculpteurs du monde. Une grande opportunité relevant du fruit des victoires passées du jeune artiste.
Sébastien Boko, encore plongé dans les effluves sculptrices chinoises ...

Fuzhou, Kunming, à travers son université et, Shangaï. Voilà les trois villes chinoises que Sébastien Boko a eu la chance de visiter, lors de son séjour dans ce pays-continent, à l'occasion du "World wood day", "Journée mondiale du bois", en français. C'était des 19 mars au 3 avril derniers. Il a ainsi participé à la deuxième édition d'un symposium des artistes sculpteurs du bois, la première s'étant tenue en 2013 en Tanzanie. 
Elu parmi les 90 artistes présents à ce rendez-vous mondial plus que prestigieux pour les connaisseurs du secteur, Sébastien Boko, à en croire ses propos, a pris part aux nombreuses activités prévues à l'intention de ces sculpteurs dont la valeur est reconnue, vu leur caractère de lauréat à des compétitions sélectives nationales et continentales, hautement disputées. A Fuzhou, comme ses pairs, il a sculpté du bois, dans un gigantesque site apprêté à cet effet, et a communié avec eux dans une performance de sculpture pour, enfin, participer, à leurs côtés, à une exposition collective. 
C'est un jeune homme spirituellement et intellectuellement requinqué que j'ai rencontré et qui m'a narré l'épanouissement de son appartenance de quelques jours à ce processus artistique chinois. Selon lui, c'était une rencontre lui ayant permis de vivre la "diversité culturelle du monde entier", de jouir d'autres influences assez inattendues, ce qui "ouvre la tête, fait voir qu'avec le bois, on peut faire beaucoup d'autres choses". Et, pour lui, si l'impact de cette escapade scientifique et artistique sur sa personne ne fait l'ombre d'aucun doute, il refuse de se laisser enfermer dans ce qu'il a vu là-bas, de peur d'être dévoyé dans sa vision de travail. En revanche, il entend s'inspirer des acquis techniques pour apporter de petites astuces afin d'améliorer son travail. 


Un souvenir, à lui sélectivement offert par ses hôtes chinois du "World wood day", édition 2014
Tout d'un coup, son esprit effleure l'état de la sculpture sur bois dans son pays et son visage se crispe quelque peu ; il laisse échapper des mots de souhait que ce genre d'organisation soit au Bénin, ce en quoi il ne croit vraiment pas, vu l'ampleur de ce qu'il a vu en Chine ; "c'était trop fort !", conclut-il brièvement, pour continuer à partager avec moi qu'aucune comparaison n'est possible entre le système chinois et celui béninois en matière de sculpture sur bois  ; là-bas, comme les artistes spécialisés dans ce domaine dans son pays, les Chinois assument leur culture et "font ce qu'ils aiment" mais, avec des conditions largement plus faciles : les machines qui sont à foison de même que les petits outils de travail qui sont de plusieurs variétés, la gouge, en l'occurrence. Encore, pour ce que pense Sébastien, "les Chinois donnent de la valeur à tout et exploitent tout; chez eux, on ne coupe pas le bois n'importe comment", contrairement à chez lui où "on ne donne de la valeur à aucune chose, ni même aux arbres".  
Concluant brusquement notre entretien, Sébastien Boko trouve que son séjour artistique en Chine relève d'une nouvelle expérience salutaire. Ainsi, selon ses réflexions, "il est important de sortir et de voir d'autres choses pour améliorer ce qu'on fait", finissant par affirmer que "quand on est seul dans son cercle et qu'on se croit meilleur, on découvre le meilleur ailleurs", d'où la nécessité de faire preuve d'humilité pour accepter ce qui en vient. Et, d'un bref recours au contexte premier, il affirme : "World wood day" reconnaît la valeur des artistes et les respecte", sans me cacher qu'il a dû se battre comme un beau diable pour effectuer ce voyage vers la Chine, abandonné à un combat personnel par le Ministère de la Culture.

Marcel Kpogodo 

dimanche 7 avril 2013

Art de la sculpture au Bénin

Sébastien Boko, le coup double  de l'excellence

Sous une apparence réservée, sous des dehors de grande discrétion, Sébastion Boko, artiste sculpteur sur bois, béninois, déploie un génie de travail qui n'est pas connu par tous. Justement, son travail, apparemment peu remarquable, est percutant. Et, comme le talent ne peut jamais rester longtemps sous le boisseau, Sébastien Boko vient de démontrer la force de son exercice artistique, à travers deux circonstances différentes de rude sélection, où il dicta la loi du plus compétent, celle de la première place.

"Dahoméennes enceintes"
Sébastien Boko vient d'honorer le Bénin par sa victoire sans appel à deux compétitions organisées au niveau international pour le reconnaissance de sculpteurs de poids. D'abord, du 14 au 16 août 2012, pas moins de trente artistes béninois de ce domaine se sont retrouvés à Ouidah pour s'affronter. Il s'agissait que le meilleur d'entre eux se qualifie pour prendre part à une autre compétition plus serrée. Le thème ayant servi de fondement d'inspiration aux concurrents était ainsi libellé : "Bois, art, culture et joie". Après la prestation de chacun par la production d'une sculpture, Sébastien Boko fut qualifié pour représenter le Bénin en Tanzanie. C'est après avoir présenté l'oeuvre intitulée: "Dahoméennes enceintes". Selon lui, son message était celui de la matérialisation du processus que suivait la femme dahoméenne dès qu'une grossesse était décelée chez elle; elle devait subir une consultation chez un charlatan qui se chargeait de lire de quelle facture morale serait l'enfant qui naîtrait. Dans le cas où le présage n'était pas favorable ou s'annonçait menaçant pour sa réussite dans la vie, des sacrifices étaient faits chez un fétiche pour conjurer le malheur.


L'étape tanzanienne

"Comme du riz"
Armé de sa distinction et de son avis de sélection, le vainqueur, couvert du drapeau béninois, se rend en Tanzanie pour frotter sa pratique artistique à celle de vingt-neuf autres aspirants à la consécration finale, représentant chacun un pays africain. Le contexte de la compétition était le symposium "Wood is good". Il s'est déroulé du 17 au 24 mars 2013 en terre tanzanienne. Six sujets étaient soumis au choix des candidats. Celui dans lequel le Béninois choisit de s'inscrire se formulait explicitement : "Utilisation historique et valeur culturelle du bois". Répondant à cet appel, Sébastien Boko conçoit une nouvelle sculpture en bois : "Comme du riz". Il voulait, par cette formulation, faire allusion à l'existence du bois dans la société africaine, plus particulièrement dans la nourriture. L'oeuvre sculptée laissait voir un tam-tam et l'objet de divination du consultant de l'avenir, le "fatè", en langue fon. Elle avait des dimensions de 1,20 m de hauteur sur 30 cm de largeur, et a pris à l'artiste deux jours de travail. Verdict : il obtient, une fois de plus, le premier prix, semant ses adversaires. 


Impressions

Sébastien Boko
De retour au pays, c'est un Sébastien Boko plus que jamais discret qui se confie aux journalistes. Désormais auréolé d'un prix national et d'un autre, africain, ce sculpteur sur bois de 28 ans capitalisant sa douzième année de carrière, pense que ces compétitions auxquelles il a participé avec succès donnent plus de confiance à son choix artistique ; elles permettent que les gens accordent de l'importance à ce qu'il fait. "Il me reste beaucoup de choses à apprendre et beaucoup de choses à faire ; ce n'est que le début, ce n'est qu'un encouragement à croire plus en ce que je fais et à aller au-delà de moi-même", conclut-il. Quand il s'agit pour lui d'aborder les perspectives qu'il se construit à moyen ou à court terme, il affirme vouloir travailler beaucoup plus encore dans le but d'approfondir son art. Il entrevoit en outre pour plus tard de faire des expositions.
Si, cependant, un hic se fait jour, il concerne l'anonymat total dans lequel ce jeune artiste talentueux fait des preuves professionnelles qui annoncent une génération qui, bien que discrète, n'entend pas marchander sa compétence. Inévitablement, la persévérance dans cette voie aidera à faire remonter jusqu'aux autorités compétentes, la vérité du caractère incontournable de la force de sculpture de Sébastien Boko que n'attendra qu'un succès multidimensionnel bien mérité.

Marcel Kpogodo