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mercredi 23 septembre 2020

Le "25 décembre" au coeur de l'amertume des vérités crues

Dans le cadre d'une représentation au ’’Centre’’ de Godomey


L’espace de spectacles du ’’Centre’’ de Godomey a abrité, le vendredi 18 septembre 2020, la représentation de la pièce, "25 décembre", un canal psychologique de déversement de réalités choquantes vécues par la société contemporaine. Au commande des répliques tranchantes, Florisse Adjonohoun et Nathalie Hounvo-Yèkpè, deux comédiennes béninoises au talent imparable, dans une mise en scène de Didier Sèdoha Nassègandé.

Les comédiennes, dans le feu de leur jeu ...

L'incivisme, la mauvaise gouvernance, l'impudicité des moeurs professionnelles, entre autres. Le tableau de dénonciation des tares sociales et politiques qu'ont présenté Florisse Adjanohoun, dans le rôle d'Élisabeth, une Première dame, et Nathalie Hounvo-Yèkpè, dans celui de Mathilde, une prisonnière, pour le compte de "25 décembre", une pièce écrite et mise en scène par Didier Sèdoha Nassègandé, jouée dans la soirée du vendredi 18 septembre 2020, sur la scène du "Centre" de Godomey.


La précision de la diction des comédiennes, adaptée à une profération poétique acerbe, l'expressivité faciale réussie de la tension afférant aux idées défendues, la vigueur de la gestuelle, l'exercice d'un accoutrement à sensation, la délicatesse de l'évolution dans un décor pittoresque et à la luminosité s'adaptant aux circonstances internes de la pièce, sont les points de satisfaction ayant permis au public de vivre et, surtout, de lire implicitement une démarche de travail, menée de la main d'un jeune maître de la mise en scène, celui-ci qui n'est personne d'autre que Didier Sèdoha Nassègandé dont le mérite reste d'avoir réussi à faire traduire la sécheresse des conditions de vie déplorables des populations par deux de ses aînées dans la comédie dont l'une est un véritable monstre de la scène, Florisse Adjanohoun. 


Un aspect frappant d'originalité se fait remarquer à travers la réciprocité d'une accusation, ce qu'il n'est pas courant de lire dans les inspirations dramaturgiques béninoises ; le peuple du fonctionnement quotidien s'est trouvé aussi bien accusé que le corps des gouvernants. Et, le contexte qui fut choisi pour opérer une telle vision inédite s'est révélé par un décor dominé par des cadres en bois verticalement disposés sur la scène, laissant percevoir l'embrigadement des esprits, tous domaines d'appartenance sociale confondus, ce qui contribue à lancer la question de l'urgence d'une thérapie psychologique salvatrice aussi bien pour le haut peuple que pour celui que la nature soumet au premier.

De gauche à droite, Florisse Adjanohoun, Didier Sèdoha Nassègandé et Nathalie Hounvo-Yèkpè, à la fin de la représentation

Une telle subtilité du prisme de regard du metteur en scène fait appréhender les fondements du succès avéré de la pièce, "25 décembre", sur les scènes qu'elle a honorées de son jeu, notamment, celles de l'édition 2020 du Marché des Arts du spectacle d'Abidjan (Masa). Il se dessine donc des perspectives de développement, de démultiplication d'une demande plus abondante de la marque "Nassègandé" si l'inspiration du jeune metteur en scène reste pointue.

Marcel Kpogodo

mercredi 3 mai 2017

Michaël Todégo ou Antonin, l’innocence-intelligence précoce

A la représentation de ’’L’œuf et la poule’’


La pièce de théâtre, ’’L’œuf et la poule’’, a été jouée le samedi 29 avril 2017, à deux reprises, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. S’est trouvé mis en vedette Michaël Todégo, contraint de restituer au public la curiosité un peu trop poussée d’un enfant sur les tenants et les aboutissants de la vie intime de ses parents.

Michaël Todégo, sur scène 
L’air perpétuellement anxieux et insatisfait, insatiable d’Antonin, 5 ans. Le défi qu’a réussi à relever Michaël Todégo qui incarnait ce rôle exigent, le samedi 29 avril 2017, au cours de la représentation, en milieu de matinée et en après-midi, de la pièce, ’’L’œuf et la poule’’, écrite par Catherine Verlaguet et mise en scène par Nathalie Hounvo-Yèkpè.
Dans un décor meublé de gros cubes en carton, diversement colorés et dont certains portaient, écrites, de grosses lettres ou un dessin de poussin ou d’œuf, notamment, un ensemble qui finissait par incarner la devanture d’une maison, Antonin se confrontait régulièrement à son père et à sa mère, respectivement incarnés par Bardol Migan et Sophie Mètinhoué. Alternativement, il les dérangeait de ses incessantes questions visant, pour lui, à comprendre les fondements du gonflement progressif du ventre de sa mère enceinte et, face à la découverte du fait qu’il contenait son petit frère qui allait naître, Antonin ne cessait de chercher à comprendre de quelle manière il allait sortir du ventre. Les doigts bien expérimentés de Meschac Adjaho libéraient les notes de musique de comptines, de sa composition, nous dira-t-il, fermant et ouvrant les scènes.

Michaël Todégo, en fond de décor
Face à sa taille un peu au-dessus de la moyenne, qui était celle de Michaël Todégo jouant Antonin, le jeu se trouvait compromis et le comédien ne devait s’en remettre qu’aux différentes expressions de son visage, aux intonations de sa voix et à ses gestes, à ses comportements, pour laisser lire en lui la mentalité d’un enfant de 5 ans.
Notre Antonin s’y est mis, 35 minutes durant, manifestant les sourcils froncés de la curiosité, la mine boudeuse de l’insatisfaction, les yeux écarquillés de la surprise, face aux réponses trop expéditives du papa concernant, entre autres, un aspect réellement embarrassant de la manière dont son petit frère à la naissance attendue a pu se retrouver dans le ventre de sa mère par le fait du père, sans oublier la voix traînante de cet enfant de scène, confrontant, aux considérations évasives de son papa, les connaissances précises, transmises par sa camarade de classe, sur les conditions de la tenue d’une relation sexuelle par deux adultes. Confusion du père et rire assuré du public.

De gauche à droite, Sophie Mètinhoué, Michaël Todégo, Nathalie Hounvo-Yèkpè, Bardol Migan et Meschac Adjaho, saluant le public


De cette manière, Michaël Todégo a tôt fait de réussir à se mettre dans la peau du très intelligent et réellement mais profondément innocent petit Antonin. Se faire admettre comme tel par des spectateurs scandant des félicitations, à la fin de la pièce, voilà une grande réussite pour ce jeune comédien plein d’avenir.

Marcel Kpogodo  

samedi 12 juin 2010

Projet "Théâtre au Bénin"

Une séquence de la pièce "Certifié sincère" de Florent Couao-Zotti (Photo de Jessica Vuillaume)



Représentation théâtrale au Centre culturel français de Cotonou






Certifié sincère ou la misère de l’âme humaine






Dans le cadre du Projet "Théâtre à l’école", les élèves du Collège catholique Père Aupiais ont interprété, le jeudi 27 mai, au Centre culturel français de Cotonou, la pièce "Certifié sincère", une œuvre théâtrale signée de Florent Couao-Zotti et mise en scène par Nathalie Hounvo-Yekpè.




En optant pour un jeu d’acteur et des costumes tout aussi sobres que le décor, Nathalie Hounvo-Yekpè, le metteur en scène, a dépouillé la présentation des acteurs de toutes les fioritures pour ne donner priorité qu’au texte, raison pour laquelle, au-delà de la prestation des élèves qui, pour la plupart, goûtaient au plaisir des planches pour la première fois, cette « prestation qui a frôlé le professionnel », selon Issa Kpara, ancien ambassadeur du Bénin près l’Allemagne, la beauté du texte accroche. Un texte plein de suspense et d’émotions autour d’une supposée mort. Il s'agit du test d’une grand-mère qui, pour mieux connaître le comportement par rapport à l’héritage de ses petites-filles, un héritage qui aussi n'existe pas, simule elle-même son trépas. Dès lors s’engage une bataille fratricide pour la succession. Intrigues, haines, jalousie, désir de meurtre et tentative de meurtre se dévoilent. Les trois filles se battent à mort jusqu’à l’instant où elles apprennent que leur grand-mère n’est pas morte et qu'héritage, elle n’en a jamais eu, qu’elle n’en aura jamais. De plus, que sa mort n’était qu’une farce, une plaisanterie dont le mérite est d’avoir dévoilé, comme le diront certains critiques de théâtre, la misère de l’âme humaine, la misère de l’homme, prêt à devenir un loup pour son second dès que surgissent les questions d’intérêt. "Certifié sincère" : une satire sociale rehaussée par des répliques savantes, que l’écrivain a placées dans la bouche des personnages. Des personnages qui intègrent la société contemporaine béninoise tant par les noms, les propos et les actes que Florent Couao-Zotti leur prête.




Alban Codjia