Affichage des articles dont le libellé est marius dansou. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est marius dansou. Afficher tous les articles

samedi 1 octobre 2022

7 espaces culturels montrent l'art contemporain

Face à la 1ère édition du “Cotonou gallery weekend”


Le jeudi 29 septembre 2022 a eu lieu, à la boutique hôtel ’’Maison rouge’’, sis quartier de Fidjrossè, à Cotonou, une conférence de presse dans le but d’annoncer la tenue de la première édition du projet dénommé "Cotonou gallery weekend" (Cgw). Sept espaces culturels en abriteront les activités dont, chacun, une exposition d’art contemporain.


Aperçu des conférenciers


La boutique hôtel “Maison rouge”, “Africa design school’’,’’Borna Soglo gallery’’, ’’Le Centre’’ de Lobozounkpa, ’’Le Parking’’ et, entre autres, ’’Septieme gallery’’. Les espaces culturels ouvrant leurs portes à une exposition d’art contemporain, en relation avec le projet, ’’Cotonou gallery weekend’’ (Cgw), selon ce qu’en a annoncé un consortium constitué par les représentants respectifs de ces espaces, au cours de la conférence de presse qui a été organisée dans la matinée du jeudi 29 septembre 2022 à la boutique hôtel ’’Maison rouge’’ du quartier de Fidjrossè à Cotonou.


Dominique Zinkpè, Gregory Olympio, Joël Dègbo, Didier Viodé, Sophie Négrier et Léonce Raphaël Agbodjèlou sont les artistes contemporains dont les œuvres pourront être vues par le public constitué, notamment, par des amateurs, des professionnels du secteur et par des collectionneurs.


L'organisation du Cgw, selon Adénilé Borna Soglo, promoteur de la “Borna Soglo gallery”, est « une manière de contribuer à la dynamique qui est mise en place et d’accompagner la création du marché de l’art contemporain au Bénin, qui est en train aussi de se développer ». S’exprimant ainsi, il faisait référence à la grande exposition diptyque organisée précédemment par le gouvernement béninois et qui avait été intitulée, “Art du Bénin d'hier à aujourd'hui : de la restitution à la révélation”.

 


Rendre l'art contemporain accessible à tous


« L’art contemporain peut paraître un secteur très fermé, très élitiste », a constaté, de son côté, Julie Nanatre, l’une des promotrices de la “Septieme gallery”, face au manque d’engouement des populations pour le secteur des arts visuels. Par conséquent, le Cgw se veut un projet pour drainer un public non forcément connaisseur autour de l'art contemporain pour « casser cette idée et montrer que les lieux sont ouverts sur la ville, sur le public », a tenu à en préciser la même intervenante.


Allant dans le même sens, Léa Périer Loko, l’autre promotrice de la structure sus-indiquée, a fait ressortir plusieurs éléments plaisants du Cgw, de façon à décider le grand public à y faire le grand déplacement. Le « ''Cotonou gallery weekend'' présente un parcours de vernissages, d’expositions, un forum de discussions […] et une série d’événements festifs et conviviaux autour de l'art contemporain », a-t-elle commencé avant d’exhorter : « Les citoyens de Cotonou et environs sont notamment attendus dans les différents espaces culturels. C'est pour cette raison principale que l'accès est totalement gratuit à la communauté locale ».

 

 

Réaliser l’attractivité de Cotonou

 

L’ouverture des ateliers énumérés au public, grâce au projet du Cgw, pour la découverte d’œuvres d’art contemporain, se fonde sur un l'objectif principal, celui de contribuer à rendre effective une ville de Cotonou qui rayonne. Spécifiquement, ce défi se trouve porté par les galeries “Borna Soglo gallery” et “Septieme Gallery”, Ainsi, il s’agit d’inscrire le Cgw dans l’agenda artistique national, sous régional et international.


Par conséquent, il sera organisé annuellement pour se développer au fil des années afin, d’une part, d’attirer un public toujours plus large aux fins de ce rayonnement de la capitale économique du Bénin par les arts et, d’autre part, d’inspirer d’autres villes de la sous-région à créer des collaborations événementielles artistiques.


La première édition du Cgw a démarré avec des artistes béninois et pourrait être ouverte à des créateurs internationaux dès les prochaines éditions, ont laissé comprendre les conférenciers. Elle s’achève le dimanche 9 octobre 2022.


Et, la soirée du jeudi 29 septembre a vu ouvrir les manifestations du Cgw par le vernissage de l’exposition, ’’Au fil du temps’’, à la boutique hôtel ’’Maison rouge’’. Elle permet de montrer des travaux du peintre-illustrateur, Hector Sonon, et du sculpteur, Marius Dansou.

 

Léandre Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo

samedi 28 novembre 2020

Opération réussie pour Eric Médéda, Marius Dansou et François Aziangué

Dans le cadre du projet d’ouverture des portes de leurs ateliers


De plus en plus, les artistes plasticiens ouvrent au public leur atelier de travail, leur espace de création, considéré comme mythique. Ainsi, les 7 et 8 novembre 2020, au quartier de Fidjrossè, à Cotonou, une opération de découverte de ce genre de site s’est opérée, embarquant dans un processus d’expression d’une qualité essentielle, la générosité, de la part d’Eric Médéda, de Marius Dansou et de François Aziangué …


Marius Dansou, dans ses explications ...    


Un véritable sens de professionnalisme. La tendance commune qui s’est dégagée de l’ouverture de leurs ateliers respectifs au public par les artistes plasticiens Eric Médéda, Marius Dansou et François Aziangué, les samedi 7 et dimanche 8 novembre 2020, tous, dans le quartier de Fidjrossè à Cotonou, de  10 à 18 heures.


D’abord, le samedi 7 novembre 2020, dans les environs de dix heures du matin, en venant du quartier de Houéyiho de Cotonou comme pour se rendre à un point reconnu de Fidjrossè : le ’’Calvaire’’. A l’entrée de la dernière rue à gauche avant cette étape, le prolongement de la première maison à droite s’ouvre sur un portail ordinaire qui, lorsqu’on l’ouvre, débouche sur une grande cour limitée par un mur, de part et d’autre, illuminé de tableaux d’art. Le temps de la contemplation des œuvres, Eric Médéda, armé de sa longue barbe soignée, fait son apparition, un grand rire accueillant à la bouche, orientant vers les trois compartiments successifs des ’’Ateliers Médéda’’, à commencer par la grande cour indiquée, une sorte de séjour qui fait office d’une salle d’exposition dans laquelle des toiles font clignoter leurs messages et attirent, frappent l’œil : des fonds noirs pour des tableaux blancs et des fonds blancs pour des toiles blanches. La substance du système ’’Médéda’’.

Eric Médéda

Selon l’artiste, l’espace concerné est capable d’abriter des causeries, des résidences de création et toutes les sortes d’activités dont les artistes et, notamment, les acteurs culturels sont à l’origine de l’initiative. Et, le cadre aménagé par Eric Médéda comporte une petite zone sableuse qui intrigue. « A certains moments, j’éprouve la nécessité d’être en contact avec la terre quand je travaille », s’en justifie le performeur qui, dans une allure qui rendent intraçables les influences de l’artiste, lui permettant de créer, a profité de l’opportunité de l’ouverture de son atelier au public pour donner des précisions sur sa démarche de travail.


A l’en croire, cette démarche se focalise sur l’humain et, dans le cas d’espèce, le confinement lié à la lutte contre la propagation du coronavirus lui a inspiré le fond noir des tableaux présentés au public au cours de la visite, ce fond noir dont il justifie la motivation. « Je décris les hommes face à eux-mêmes », explique-t-il, tout en précisant : « Le confinement total s’est présenté comme une occasion pour les artistes de révéler le nouveau monde ».


Quant au fond blanc, il se trouve assigner une fonction toute différente : « Il symbolise la conscience de l’humain face à la pandémie ; il s’agit pour moi de manifester ce qui n’est pas clarifié, l’inconscient face à cette pandémie. Pour moi, le fond blanc indique le neutre ». Cette clarification faite, le jaune, une autre couleur forte de ses toiles, se justifie aisément : « Puisque les vies dépendent les unes des autres, j’indique par ce choix de couleur cette dépendance que les êtres humains entretiennent les uns par rapport aux autres ». Dans de telles conditions, l’artiste valorise toute initiative prenant ses marques dans la mondialisation plutôt que dans l’individualisme. « Il faut une véritable complémentarité pour vaincre le coronavirus, le mal que nous avons en face ». Pour lui, cet objectif lui est inspiré de celui qui est lié au développement mondial, ce qui ne le fait pas dormir sur ses lauriers, ordonnant un questionnement : « Que ferons-nous après la pandémie ? Quel positif pouvons-nous en tirer pour améliorer notre vécu de tous les jours ? ».


En outre, les visiteurs désireux de satisfaire leur curiosité de l’identité de l’espace culturel qu’il est désormais convenu d’appeler ’’Les Ateliers Médéda’’, ont se repaître de toiles de l’artiste produites en 2017 et en 2018, notamment, elles qui ont été exposées dans un environnement particulièrement aménagé, propre et spacieux. « Cet espace favorise la liberté de circuler autour de l’œuvre », en commente l’un de ces visiteurs, prestigieux et reconnu, célèbre, fin connaisseur des réalités techniques d’une exposition, Ludovic Fadaïro, qui n’a pas manqué de proposer sa lecture du fond noir qu’a adopté Eric Médéda pour certains de ses tableaux : « La lumière se trouve dans le noir ; il faut la percer pour sortir de l’ignorance ».


Désormais, les ’’Ateliers Médéda’’ existent et il ne reste que les initiatives d’animation de la part d’Eric Médéda de même que les demandes d’exploitation des lieux par ses collègues pour donner vie, fonctionnement, animation et rayonnement à ces ’’Ateliers’’.


Univers diamétralement différent. Un changement de décor. De Fidjrossè ’’Calvaire’’ à Fidjrossè Akogbato, dans les environs de la ’’Nouvelle pharmacie Akogbato’’, non loin aussi du terrain de sport, clôturé de la zone.


« On est plus le fils de son époque que le fils de son père ». Le propos percutant, irrésistible d’origine sud-africaine, le proverbe identificatif qui accroche par la droite dès l’entrée dans l’atelier bien que ce soit la gauche qui, par sa présentation extérieure, fait savoir qu’il s’agit d’un atelier. Dans le milieu de la matinée ensoleillée du samedi 8 novembre 2020, il accueille, accueille, accueille …


 

Marius Dansou, la générosité artistique incommensurable


Partout, cela respire le travail de l’art qui l’identifie, qu’il exerce, celui sur le fer, ce qui fait qu’à gauche, avec l’entrée principale, tout le long, le visiteur se trouve comme chez un forgeron ou chez un mécanicien ou chez un menuisier ou chez 1es trois à la fois. L’espace est couvert et bien ordonné, des outils de travail s’alignent, répartis dans des cadres au mur, selon leur catégorie. Un établi impose sa longueur, Alors, l’atelier s’allonge jusqu’à un mur de fin.


Au niveau du compartiment droit, la pensée évoquée précédemment trône : « On est plus le fils de son époque que le fils de son père ». Un couloir longe la maison et mène à l’arrière où se trouvent des œuvres achevées. Découvert et visite comme à une exposition !

Marius Dansou, dans le décryptage de son inspiration sur les cranes 

Et, l’exploration se poursuit. Entrée dans une salle de séjour. Le décor ordinaire propre à un tel endroit mais la profession artistique du propriétaire des lieux fait la différence : une toile de petite dimension orne le haut d’un mur de fin d’angle. Il y est représenté un crâne de celui, explique Marius Dansou, d’un président africain crucifiant les populations de son pays par une certaine longévité au pouvoir, qui est improductive de développement. Comme s’il s’agit d’un  autel, la toile se prolonge vers le bas du mur avec une installation scripturale indicative : « Naissance – Existence – Prolongation ». Un « work in progress », à en croire l’artiste sculpteur sur fer exerçant parallèlement comme performeur vidéaste. L’annonce de la troisième saison de l’exposition de Marius Dansou sur les chefs d’Etat africains. Le mur longeant le couloir menant aux chambres laisse voir quatre autres toiles du même genre. 


Et, à l’intérieur de la pièce à laquelle donne accès une porte à gauche s’exprime tout un dispositif audiovisuel de dénonciation de la longévité délétère des présidents africains au pouvoir. La patience devient alors une qualité essentielle aux fins de toute lecture efficace : il s’agit de suivre la calcination progressive du crane jusqu’à ce qu’il devienne cendre. D’un autre côté, selon une autre image, un crane de glace fond goutte à goutte. Les deux processus sont l’expression de la vanité humaine essentielle qui devrait amener l’être humain de chef d’Etat africain à prendre conscience de ses limites physiques que le temps lui-même a prévues.


Par ailleurs, au plafond, du couloir au séjour, de petites photos d’identité sont collées, dans une présentation de la performance, ’’Identité’’. Elles sont celles, selon l’artiste, de ses relations depuis un certain nombre d’années.


Finalement, l’art accapare Marius Dansou, son corps, son esprit, son âme, son espace, son plafond, son habitat, ce que son atelier ouvert a permis de découvrir, un atelier qui se démultiplie dans un espace extérieur ouvert, dans son séjour, dans ses compartiments intérieurs, dans toute son intimité, d’où une générosité sans limites face à l’art : des traces de grands qu’il suit inexorablement.


Cet état d’esprit s’exprime différemment ailleurs selon un tout autre type de personnalité, toujours au quartier d’Akogbato, mais à sa sortie, à l’ouest de Cotonou, à Fidjrossè Kpota …


 

François Aziangué


Des sculptures effilées et scintillantes de femmes meublent ce nouvel univers d’atelier, qui appartient à ce soudeur à la base, qui se construit en un sculpteur sur fer, une pratique qu’il fonde sur la récupération de voitures abandonnées, des réservoirs de véhicules et de vieilles bassines, celles d’un certaine époque ! Contrairement à Eric Médéda dont l’espace de conception de l’atelier se définit peu, chez François Aziangué, il est nettement séparé d’un autre compartiment qui lui sert à exposer le résultat de sa pratique du feu, un show-room mais non ouvert sur l’extérieur. Oui, il peint avec le feu ! Ceci explique le scintillement de ses pièces dont l’éclat se répand sur plusieurs parties de chaque œuvre.

François Aziangué

François Aziangué s’est organisé de façon à rendre excitante chacune des deux parties de son espace de travail. A part le petit bar sympathique qu’il a aménagé dans sa mini-galerie afin d’accueillir et d’honorer ses visiteurs, il détient, à l’atelier, un matériel qui défie toute efficacité dans le modèlement des objets devant entrer dans la fabrication de ses sculptures : un moule multi-service et même multi-forme !  


De la force qu’il constitue pour la salubrité de l’environnement qu’il débarrasse de sa ferraille de véhicules hors de service, François Aziangué se révèle d’une simplicité, d’une humilité, d’une lisibilité, d’une efficacité technique, à l’image de son atelier qui prend les marques de sa personnalité. Une vraie chaleur de travail et d’humanité y invite à la visite.

Marcel Kpogodo Gangbè  

lundi 25 mai 2020

Marius Dansou : les dictateurs africains mis en accusation face au coronavirus

Dans le cadre d’une exposition circonstancielle à Cotonou

L’artiste sculpteur béninois sur fer, Marius Dansou, a tenu le vernissage de sa nouvelle exposition. Portant sur le coronavirus, elle a été lancée à Cotonou le samedi 23 mai 2020. Ceci fut l’opportunité pour la manifestation par le créateur d’une indignation bien réglée contre les dirigeants africains affichant différents types de longévité au pouvoir, en pure perte pour le développement de l'Afrique.

Marius Dansou, au cours du vernissage

 
« Les présidents africains ne peuvent plus aller se faire soigner à l’extérieur à cause du blocage des compagnies aériennes et des voyages internationaux, dû au coronavirus … ». Le contenu de la rage qu’a montrée Marius Dansou, sculpteur sur fer, à l’occasion du lancement de son exposition intitulée, ’’Où allons-nous ? Et quand ?’’, dans le début de la soirée du samedi 23 mai 2020, au ’’Parking’’, un espace culturel sis quartier de Fidjrossè à Cotonou.


« On l’a vu avec le coronavirus, l’Afrique n’est pas respectée », a continué, en commentant, Marius Dansou. « On se rend compte que c’est maintenant qu’on a besoin de grands hôpitaux, de grandes universités », a-t-il conclu momentanément.


Pour comprendre le sens de cette prise de position, fondée sur la dénonciation du caractère non opérationnel des dirigeants dans le développement des pays africains, il suffit de visiter l’exposition ’’Où allons-nous ? Et quand ?’’. Et, tout dépend alors de l’entrée par laquelle le visiteur y arrive, de comment il s’ouvre l’exposition et de comment il se la finit. Une série de 19 pièces s’offre à sa vue. Ces œuvres sont des plaques individuelles fixées au mur. 6 d’entre elles représentent l’image forte d’un crâne avec, au haut, une durée de vie pendant que 7 autres sont un gros point d’interrogation sanglant avec, en son sommet, une année censée être le commencement d’une durée de vie, dont l’absence d’une année de clôture signifie que son détenteur se trouve encore en vie.


En outre, un drapeau achève l’œuvre en sa base, celui du pays d’origine du dictateur qui, s’il est représenté par un crâne, est un dirigeant africain décédé alors que, lorsqu’il continue d’exercer le pouvoir, il se fait identifier par le point d’interrogation évoqué cachant une question aussi bien précise que cruelle, cynique qu’adresse Marius Dansou à des dictateurs toujours en vie et à la longévité séculaire mais vaine au pouvoir : « Quand est-ce que tu crèves ? ».


L’artiste s’attaque aussi à d’autres présidents qui sont des successeurs dynastiques ayant hérité du pouvoir de leur père défunt. Il faut alors au visiteur une véritable culture politique afin de trouver quel dictateur est caché derrière tel crâne en bronze, en aluminium ou en bois, a effectué telle durée de vie évoquée, dans quel pays représenté par un certain drapeau, et quel autre président, toujours au pouvoir, se trouve incarné par le point d’interrogation de sang.


Voilà l’enjeu stratégique de l’exposition, ce que Marius Dansou précise en rejetant toute visée manichéiste : « Je ne suis pas dans un jugement mais je pousse les gens à aller vers l’histoire de notre continent ». Il est donc question de reconstituer le puzzle d’un nombre non négligeable de dictateurs que l’artiste préfère appeler des « décideurs » : un président en crâne de bronze, d’autres en un d’aluminium ou de bois, des chefs d’Etat à la longévité au pouvoir passée ou actuelle, à la succession dynastique, en bref, des titans, des bulldozers politiques dont l’agrippement séculaire à la direction de leur pays n’a pas servi à faire décoller le continent, à lui donner la respectabilité que ses pays respectifs méritent. Un opprobre dont le coronavirus serait, pour l’artiste, venu révéler la profondeur dans lequel l’Afrique est plongée. En réalité, cette exposition rappelle celle dénommée ’’Stop’’ que Marius Dansou avait tenue au ’’Centre’’ de Godomey, deux ans auparavant, plus précisément, dès le 25 mai 2018.


De pierres tombales, à cette époque, l’artiste est passé, aujourd'hui, à des plaques murales qui identifient pas moins de neuf pays de l’Afrique subsaharienne, un, du Maghreb, et treize dictateurs-« décideurs ».


’’Où allons-nous ? Et quand ?’’ est, par conséquent, une exposition incontournable pour évaluer et doper sa culture politique, d’une part, puis pour s’approprier le questionnement décisif contemporain, en deux temps, qui devrait habiter tout Africain de bonne volonté, préoccupé d’un devenir reluisant de l’Afrique. La présentation des oeuvres est ouverte « pendant deux à trois semaines », a indiqué Marius Dansou, sous le couvert du respect strict des mesures de protection contre le coronavirus.


Marcel Kpogodo

mardi 29 mai 2018

« Stop ! » : le sculpteur Marius Dansou s’insurge et surprend


Dans le cadre de sa nouvelle exposition

L’espace culturel ’’Le Centre’’ accueille depuis le vendredi 25 mai 2018, une exposition collective dont le vernissage a été effectué. Intitulé ’’Our ephemeral struggles’’, il est le résultat d’une trentaine de jours de résidence, ce qui a abouti à la présentation au public de leur travail par Ahmed Hamidi, Ardhy Massamba et Marius Dansou, ce troisième ayant particulièrement frappé par le caractère atypique de son installation.

L'installation ''Stop''
Un cimetière, 17 pierres tombales noires surmontées, chacune, d’un drapeau et, sur certains tombeaux, soit un gros point d’interrogation blanc, soit un crâne en bronze, en aluminium ou en bois, le gris du sol de support de cet arsenal renforçant l’atmosphère lugubre qui prend possession des esprits. « Stop ! », l’installation signée ’’Marius Dansou’’, qui aura surpris, impressionné et suscité mille questions, dans le début de la soirée du vendredi 25 mai 2018, au cours du vernissage de l’exposition collective dénommée ’’Our ephemeral struggles’’, présentée par ses collègues Ahmed Hamidi, Ardhy Massamba et lui, ce qui s’est tenu au ’’Centre’’ de Lobozounkpa, à Godomey, dans la Commune d’Abomey-Calavi.
« A tout seigneur, tout honneur » ! Au premier rang, à gauche, deux tombeaux sont surmontés du drapeau togolais, le premier sur lequel est posé un crâne en bois, et qui s’achève, à la base, par une durée de vie, le second, affublé d’un point d’interrogation et finissant, en bas, par une année, 1966 avec un « à » laissant espérer comme une seconde année, de clôture. Selon Marius Dansou, ces deux tombeaux sont ceux respectifs des dictateurs qui se sont succédé au pouvoir, de père en fils, plus précisément, Eyadéma Gnassingbé, déjà décédé, d’où la période achevée de vie et, le crâne, en bois, pour montrer le caractère féroce d’un régime autocratique de près d’une quarantaine d’années. Quant au fils, Faure Gnassingbé, né en 1966, il a pris la relève de son père, à sa mort, dès 2005, et il continue d’exercer le pouvoir, ce qui justifie le point magistral d’interrogation matérialisé sur le tombeau : non seulement il est vivant, mais son régime perdure, à la grande indignation des Togolais épris de liberté et de démocratie.
Dans le même schéma de légation dynastique du pouvoir se succèdent la République démocratique du Congo (Rdc) et le Gabon avec, respectivement, Laurent Désiré Kabila, décédé en 2001 et, son fils, Joseph Kabila, toujours aux commandes du pouvoir et s’y arc-boutant désespérément alors que son mandat est achevé depuis décembre 2017, puis d’Omar Bongo Ondimba, mort en 2008, et de son fils, Ali Bongo, toujours aux affaires. Dans les deux cas de pays indiqués, un crâne de matière différente trône sur la tombe des pères présidents défunts : de l’aluminium pour le Congolais et du bronze pour le Gabonais, de quoi montrer, selon l’artiste installateur, les degrés divers de possession de ressources du sous-sol et du pillage politique de la grosse manne financière émanant de la vente de ces matières premières aux pays industrialisés.

Marius Dansou, dans ses explications sur l'installation ''Stop !''
La colère de Marius Dansou par rapport à ce système de fonctionnement des dictatures en Afrique est dure et incommensurable, tenace. Ainsi, plusieurs autres pays aux dictateurs célèbres entrent dans son viseur de dénonciation, même s’ils ne sont plus au pouvoir : Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire, décédé depuis 1993, et Blaise Compaoré, chassé de la présidence en 2014, sans perdre de vue, notamment, l’Angolais Jose Eduardo dos Santos qui a passé la main, en 2017, après une élection présidentielle. Pour le créateur, c’est après le décès de certains ex-dictateurs toujours vivants que leur tombeau pourrait se voir libérer du point d’interrogation inquisiteur, ayant été doté d’une puissance plus forte que l’œil de Caïn de la Bible. En effet, ces despotes, restés en vie, devraient être amenés à rendre compte de leur gestion calamiteuse lorsqu’ils étaient aux affaires. Par conséquent, ’’Stop !’’ est continuelle tant que des dictateurs resteraient au pouvoir et vivants, à charge, alors, à Marius Dansou, comme il l’a promis, d’élargir le cimetière de l’installation à chaque nouveau despote, déchu ou décédé.


Le Bénin : cas problématique

Dans l’installation ’’Stop !’’, dix-sept pays, en tout et pour tout, aux dictateurs respectifs morts, s’accrochant au pouvoir ou déchus, ont été épinglés par Marius Dansou. Mais, surprise, le Bénin, hors de la nasse ! Pourtant, ce pays est reconnu comme avoir traversé dix-sept années d’un régime dictatorial, de 1972 à 1989. Dans son analyse de cette exclusion, Marius Dansou trouve l’autocratisme de type marxiste-léniniste, vécu par les Béninois, trop mou, peu remarquable pour retenir l’attention, de même que cette dictature s’est exercée dans un pays aux ressources limitées du sous-sol, ce qui donne, pour l’artiste, une ampleur moindre à la prévarication financière qui, dans d’autres Etats africains, a atteint une hauteur digne de frapper les esprits. Cependant, un oubli de la part de Marius Dansou : une dictature, quelle que soit sa taille, quel que soit le degré de sa force de nuisance, draine, dans son sillage, un cortège de morts, de torturés, de victimes de camps de concentration, d’exilés à l’équilibre familial et social dévasté, le moyen de toucher du doigt des séquelles indélébiles qui font qu’une dictature ne peut jamais être autre chose qu’une dictature ; elle mérite donc d’être prise en compte partout où ele a pu faire ses tristes preuves, la vie humaine étant irréductible et indivisible.


Virage à 360°

Marius Dansou, dans ses résultats de travail, sans la trace du moindre fer à béton, le matériau de prédilection, qu’il a toujours assujetti à sa guise ? Inimaginable jusqu’à la soirée du 25 mai 2018 où il a donné à voir l’installation ’’Stop !’’. Apparemment, un tournant décisif dans sa démarche de travail, où le bois était beaucoup plus au rendez-vous, un bois finement travaillé et coloré avec, à la clé, un regard sur la politique africaine, un intérêt pour ce système, une décharge violente sur l’exercice de la dictature dans la plupart des pays de ce continent. Volonté de jouer, désormais, un rôle d’engagement pour le bonheur des populations ou caprice ponctuel généré par une volonté d’anticonformisme, de manifestation de la différence, vu une certaine lassitude de toujours faire la même chose ? Par ’’Stop !’’, Marius Dansou vient de donner d’une nouvelle voix, enclenchant inévitablement la continuation avec une habitude de sa part d’une absence d’adaptation à l’ambiance ordinaire du fonctionnement des arts et de la culture au Bénin. Un signal, donc, pour orienter vers une réponse, même si la résistance du ’’Stop !’’ dans la durée nous édifierait de manière plus fiable. Toute l'exposition ''Our ephemeral struggles'' peut être visitée jusqu'au 28 juillet 2018.

Marcel Kpogodo

vendredi 24 novembre 2017

Montrer aux Béninois la place incontournable des arts plastiques dans le développement, l’engagement de Mazoclet Toninfo, Président de la Raplam

Dans le cadre de ses activités professionnelles


Peu de Béninois comprennent l’intérêt que cela recèle d’exercer dans les arts plastiques. Cet état d’esprit est si répandu que les professionnels de ce secteur peinent à promouvoir et à rentabiliser leurs productions au Bénin. Mais, propulsé par le sens des défis, propre à la jeunesse, Mazoclet Toninfo n’entend pas laisser les choses dans un état aussi lamentable et catastrophique. Ne croyant qu’en l’action, il s’est très vite donné d’une véritable arme pour enfourcher le cheval de la sensibilisation du public, par des actions bien ciblées, au rôle cardinal que peuvent jouer les arts plastiques dans l’atteinte par le Bénin du développement ; il s’agit de la Raplam qui, bien née très récemment, porte à son actif des initiatives inouïes dont certaines restent en cours.

Mazoclet Toninfo, le regard visionnaire de la foi en l'explosion des arts plastiques au Bénin
« Envoyer le regard du dernier des Béninois sur la culture, sur les arts plastiques ». Le défi qui crée la détermination, enrichit la persévérance et développe le labeur de cette jeune âme de vingt-six ans, qui n’est personne d’autre qu’Olusegun Mazoclet Toninfo. Des qualités qui ont contribué à lui forger une énergie personnelle sur laquelle il s’est fondé pour mettre sur les fonts baptismaux, en 2014, la Rencontre des artistes plasticiens du monde (Raplam). Un instrument qu’il fait valoir aux fins de donner corps à sa vision, très précoce pour son âge, mais profondément visionnaire, vu que les analystes des conditions du développement futur du Bénin indexent comme le porte-flambeau de cette situation de réussite ; il veut faire rayonner les arts plastiques dans son pays, notamment.
Très tôt, ce titulaire d’une Licence en Transports et logistique s’est frayé un chemin dans les environs immédiats de tout ce qui pouvait le mettre en relations fructueuses avec son domaine de prédilection, de passion : les arts plastiques. Première figure importante, à cet effet, le plasticien français, Joël Pascal, que les hasards de quartier lui donnent de rencontrer, d’aider et de côtoyer plus fortement. A partir de lui, deux autres jeunes personnalités des arts plastiques béninois le remarquent : Marius Dansou et Benjamin Déguénon, initiateurs du ’’Parking bar’’, au quartier de Fidjrossè, à Cotonou, ces deux aînés avec qui il fait beaucoup de choses depuis et désormais. En outre, les circonstances favorables continuant à sourire au fortuné Mazoclet, le jeune photographe bien connu dans les médias culturels, Emmanuel Tométin, lui ouvrent les bras pour une intense et très fructueuse collaboration à travers sa galerie en ligne : « Il m’a donné le privilège de faire la promotion des artistes en me confiant la galerie ’’Déka Germaine’’ », révèle Mazoclet, les yeux pétillants des faits de ce bon souvenir. Et, ainsi, des artistes photographe, peintres, plasticiens, sculpteurs se succèdent, forcent sa mentalité à se fourbir de la science des expositions, …

Le logo de la Raplam
Ainsi, il se dote, d’une manière urgemment pratique du cahier de charges qu’il impulse à la Raplam : entre autres, identifier des espaces d’exposition d’œuvres d’art, sensibiliser, conscientiser la population béninoise sur la valeur de la culture, créer, au Bénin, un marché des œuvres d’art, organiser des expositions virtuelles et visuelles, tenir des ateliers de formation pour les artistes, des résidences de création, promouvoir les arts plastiques, faciliter les échanges entre les plasticiens du monde.


Une sérénité hors du commun

Pendant que nous discutons en toute quiétude, il est difficile de se douter que Mazoclet Toninfo est sur la braise. De temps à autre, des coups de téléphone, qu’il reçoit, interrompent notre conversation, pour des instructions qu’il donne, des orientations qu’il apporte. Cette maîtrise de soi, cette démonstration de sang-froid deviennent impressionnantes lorsqu’il se révèle que le jeune homme est, en fait, la cheville de mise en place de deux événements, dans la même semaine, à quelques petits jours d’écart : le Festival ’’Zâ’’, prévu pour se dérouler du 22 au 26 novembre, et l’exposition, par les soins de la Raplam, des œuvres du plasticien français Joël Pascal, à la Galerie ’’Guèlèdè’’, à Jéricho, dès la soirée du vendredi 24 novembre où en est prévu le vernissage.
Une prouesse, peut-on dire, pour un jeune de son âge, dans la gestion et la maîtrise de son temps. Se rendre à chacune de ses manifestations permettrait de se rendre compte s’il détient un savoir-faire en logistique, et s’il s’est approprié l’art d’organiser une exposition. Public, à toi de  juger …

Marcel Kpogodo

jeudi 3 décembre 2015

Le ’’Petit musée de la Récade’’ désormais ouvert au public

Suite à l’inauguration de l’institution culturelle


Le mardi 1er décembre 2015 s’est tenue l’inauguration du ’’Petit musée de la Récade’’, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Logozounkpa, sis Quartier Atropocodji, dans l’Arrondissement de Godomey de la Commune d’Abomey-Calavi. Depuis cette cérémonie, 40 pièces dont plusieurs récades authentiques peuvent être découvertes par le public.

Le Ministre de la Culture, Paul Hounkpè, visitant l'exposition des récades
29 récades dont un bon nombre, royales, authentiques, 1 sculpture, un siège de commandement, 9 récades contemporaines conçues par des artistes béninois. Les œuvres qu’il est donné au public béninois d’aller découvrir depuis le 1er décembre dernier où s’est effectuée l’inauguration officielle du ’’Petit musée de la Récade’’, au Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, situé à Atropocodji, dans la Commune d’Abomey-Calavi. En matière de récades royales, 4 anciens souverains du Dahomey voient les leurs présenter : Gangnihessou, Akaba, Glèlè et Béhanzin. En matière de nombre, le Roi Glèlè prend la place du lion avec 13 de ces objets sacrés incarnant son autorité. En outre, d’autres objets de curiosité à découvrir sont trois récades familiales de l’époque du royaume du Danhomè, de même qu’une d’amazone, 1 sculpture de lion et 1 ’’trône d’apparat’’.
Par ailleurs, 7 artistes plasticiens béninois et l’un, français, parmi ceux dont l’influence des œuvres en art contemporain n’est pas des moindres, à l’heure actuelle, ont produit, chacun, une inspiration personnelle avec, comme résultat, une récade contemporaine que le public gagnera à découvrir aussi. Ces créateurs ne sont personne d’autre que Dominique Zinkpè, Glèlè, Aston, Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Richard Korblah,  Rémy Samuz et Niko.

Cheska et Robert Vallois
Concernant les récades historiques, l’exposition de la plupart d’entre elles au ’’Petit musée de la Récade’’ relève d’un don fait par Cheska et Robert Vallois au Bénin, ce qui témoigne de l’attachement de ce couple à contribuer à la restitution de l’histoire africaine aux générations actuelles et futures.
Une vue des participants à la cérémonie d'inauguration
Cependant, bien avant la coupure du ruban symbolique du ’’Petit musée de la Récade’’, quelques personnalités avaient fait une allocution, lors de la cérémonie d’inauguration : le représentant des Sages de Lobozounkpa, l’un des Adjoints au maire de la Commune d’Abomey-Calavi, un représentant de Paul Hounkpè, Ministre de la Culture et, notamment, Romain Guillonnet, Président de l’Ong L’Hospitalité et développement (L’hed). 

Nicéphore Soglo et Ganiou Soglo, en possession, chacun, de leur récade de Béhanzin
De plus, l’ancien Président béninois et ex-Maire de la ville de Cotonou, Nicéphore Dieudonné Soglo, et son fils, l’ancien Ministre de la Culture, Ganiou Soglo, ont reçu, chacun, des mains de l’antiquaire et mécène français, Robert Vallois, une récade authentique du Roi Béhanzin, en tant que Princes de l’ex-Royaume du Danhomè. De son côté, cette personnalité française s’est vu doter, de la part de l’Association de journalistes culturels et de critiques d’art pour le développement, organisation dénommée, ’’Le noyau critique’’, un Certificat de reconnaissance par rapport aux facilités de tous ordres offertes par le Centre ’’Arts et cultures’’ de Lobozounkpa, pour le déroulement des activités de cette structure.

Marcel Kpogodo

mercredi 7 octobre 2015

Des installations décalées à l’Institut français de Cotonou

Dans le cadre de la 3ème édition de la ’’Nuit blanche’’


Tous les compartiments de l’Institut français de Cotonou grouillaient d’un monde réellement abondant, dans la soirée du samedi 3 octobre 2015. La ’’Nuit blanche’’, dans son effervescence, a permis d’assister à de nombreuses performances d’artistes plasticiens, certaines d’entre elles s’étant révélé plus que frappantes.
Youchaou Kiffouly, dans sa performance osée
Youchaou Kiffouly baignant dans un lit puant d’ordures, Rémy Samuz porté par une petite équipe, tous le visage grillagé, prestant, Sika, armée d’une longue canne, déambulant, imposante, Eric Médéda, alias Doudou, le corps tout en chaînes, posant, le visage apitoyé, sur le sort du monde, Sébastien Boko, sculptant sur bois, en direct, sans oublier beaucoup d’autres performances en sons et en dessins avec, en prime, à l’animation, l’inusable Sergent Markus et, surtout, Anicet Adanzounon ! Des présentations qui ont réussi à provoquer des sensations fortes, au niveau du public ayant fait le grand déplacement et n’oubliant pas de se nourrir et de se désaltérer intensément. Le menu de la ’’Nuit blanche’’, qui s’est déroulée à l’Institut français de Cotonou, de 20 h à des moments plus que tardifs de la nuit, le samedi 3 octobre 2015. 

Anicet Adanzounon, homme de théâtre, à la programmation musicale de la ''Nuit blanche''
En dehors de ces installations se profilaient d’autres, silencieuses, à l’instar de ’’Rendez-vous climat’’, ayant entièrement occupé l’Espace Joseph Kpobly, animée par une dizaine d’artistes : Hector Sonon, Charles, Moufouli Bello, Totché, Sitou, Psycoffi, Prince Toffa et, notamment, Sébastien Boko dont l’installation monopolisait le regard.
D’abord, l’artiste plasticien, Youchaou Kiffouly, vivant et travaillant à Porto-Novo, a frappé par son incursion dans un réalisme hyperbolique, noyé qu’il était dans un tas d’ordures et poussant le comble jusqu’à lécher, avec une apparente satisfaction, le contenu de ce qui était supposé être le contenu rougeâtre d’une couche de femme en menstruations. Très élégamment habillé d’un costume et d’une cravate, il s’enroulait le corps de ce qu’il appelait ’’le drapeau du monde’’. Et, le personnage qu’il jouait se dénommait ’’l’élu rêveur’’, qu’il a décrit comme un homme politique prêt à toutes les bassesses pour conquérir l’électorat, d’où le léchage de l’intérieur de cette couche. « Après son élection, il n’y a plus rien … », conclut le performeur, critiquant l’abandon de l’environnement à lui-même, alors qu’il avait focalisé les débats, avant des consultations électorales. Selon lui, sa démarche est un appel au recyclage des ordures, relatant l’exemple de l’Allemagne où chaque type d’ordure a sa poubelle ; il considère, alors, l’ordure comme de ’’l’or dur’’ dont l’homme, s’il s’organisait bien, pourrait tirer largement des bénéfices de tous ordres. « Je vais me laver rapidement », souffle-t-il, lui-même, à part lui, exaspéré et excédé par la saleté ambiante dans laquelle il a dû se vautrer, pour réussir son jeu.

Rémy Samuz et consorts
Avec Rémy Samuz et son équipe, visiblement mis en scène par l’artiste plasticien, Marius Dansou, il fallait assister à ’’Contradictions’’. « Les gens s’en foutent complètement des changements climatiques parce que leur production leur apporte de gros moyens, les enrichissent, ils sont aveuglés par leurs désirs … », lance violemment Rémy, quelques minutes après s’être débarrassé du masque de grillage qui fermait le visage des membres de son équipe et de lui, lui qu’on portait sur une planche et avec qui le groupe opérait des arrêts bien calculés, impressionnant le public par cet accoutrement facial peu ordinaire et suggestif.
Sika
En outre, dans ’’Moi’’, Sika, artiste multidimensionnelle, a aussi ému par la prestance d’une démarche qu’elle a menée, venue de nulle part, une sorte de long sceptre enfermé dans son poing gauche ou droit, selon les besoins de l'équilibre, le visage altier, des yeux brillants et un sourire vivant, semblant défier l’adversité. L’absurdité du jeu : cette allure de reine s’effritait, au fur et à mesure qu’elle avançait, de la cafétéria de l’Institut français, vers son couloir gauche faisant l’allée de bureaux. En effet, elle tombait et se relevait fièrement, se plongeait dans une boue rouge, opportunément étalée … Le corps recouvert d’un tissu rouge scintillant laissant néanmoins percevoir des jambes sexy dont la curiosité vers les parties intimes s’écourtait par une culotte noire, Sika continuait à rire et à défier, affrontait les railleries de deux personnages doutant de sa capacité à surmonter des obstacles qui donnaient l’impression d’être ceux de la vie courante. Cette modestie dans le vêtement exprimait, selon son analyse, un appel au naturel, au rejet de l'artificiel. A la fin du parcours initiatique de la souffrance et de la victoire sur elle, le public pouvait l’approcher et lui peindre ce qu’il voulait sur le corps, l’occasion d’attouchements défoulants du désir suscité par la beauté d’un corps ferme. Beaucoup de courageux se sont alors fait plaisir. « ’’Moi’’ est une exhortation à vivre notre vraie personnalité, à oser vivre sa nature, à oser être soi-même, au-delà de toutes les critiques », définit Sika. « Cette performance exprime qui je suis, et montre qu’il est possible de vivre sa nature », continue-t-elle. Et, ce ’’qui je suis’’ dépend de ce que chaque membre du public a pu lire d’elle à partir du spectacle qu’elle a livré, si généreusement. Par ailleurs, la phase où tous devaient barioler son corps a trouvé sa justification : « Quand vous êtes vous-mêmes, Vous aurez toujours besoin des autres, ils laisseront leurs empreintes dans votre vie … », débute-t-elle, avant de s’arrêter définitivement, cette fois-ci, vêtue d’une élégante et moulante robe blanche : « Tout dépend de ce que vous en faites, vous … »
Eric Médéda, alias Doudou
De plus, chez Doudou, toute une question déblaie le thème de sa performance : « A qui la liberté ? ». Elle lui sert de tremplin pour fustiger le trop plein de lois et d’institutions comme la famille, le mariage et la religion, qui privent l’être humain de sa liberté originelle. Prouvant cela, c’est enchaîné dans l’essentiel de son corps qu’il a déchaîné la curiosité de la foule qui le suivait, pas pour pas. Eric Médéda, très touché par ce qu’il stigmatisait, portait un visage d’un pathétisme un peu trop tiré par les cheveux, mais qui a réussi à rendre compte de la désolation de son esprit.
Sébastien Boko, à l'oeuvre ...
Se rapportant particulièrement à lui, comme s’il avait décidé de révéler le secret de la fabrication de ses sculptures alimentant la performance silencieuse de l’Espace Kpobly, Sébastien Boko, à l’entame de la ’’Nuit blanche’’, s’est lancé dans un travail musculaire sans pareil, durant toute la soirée. Armé d’une pioche, il taillait ardemment dans un tronc d’arbre long et intact et, plus de deux heures d’acharnement après, une forme humaine debout, à la tête surmontée d’une crête, démontrait que la vigueur du sculpteur aux nombreux galons de consécrations, avait été payante. Plus tard, ayant complètement repris ses esprit et, déambulant vers l’Espace Kpobly, il n’avait qu’une plainte, faiblement exprimée, du bout des lèvres : il se sentait faible. Donc, cette vigueur était bien celle d’un homme …

Marcel Kpogodo

mardi 10 mars 2015

’’Dekart-expo’’, pour rendre accessibles les œuvres d’art plastique

Selon une idée conçue par Emmanuel Tométin


Depuis le 10 février 2015, ’’Dekart-expo’’ est en exercice dans quelques espaces hôteliers de la ville de Cotonou. Le but en est de rapprocher des potentiels acheteurs des œuvres d’art de plasticiens béninois, sur une initiative de Tognidaho Emmanuel Tométin, Directeur général de l’Agence ’’Dekart’’.

Tognidaho Emmanuel Tométin
Une crème d’artistes plasticiens béninois : Moufouli Bello, Christelle Yaovi, Sébastien Boko, Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Charly Djikou, Nock, Rémy Samuz, Shadrac, Nathanaël Vodouhè et Dominique Zinkpè. Ce sont ceux qu’a sélectionnés l’Agence ’’Dekart’’, une entreprise culturelle, pour exposer leurs œuvres dans des hôtels à Cotonou. Pour Tognidaho Emmanuel Tométin, qui dirige cette société, l’initiative, conçue et mise en œuvre par lui, a débuté depuis le 10 février 2015 et est prévue pour se terminer le 10 mai. Ce sera donc un trimestre pendant lequel le ’’Novotel Orisha’’ de Cotonou aura accueilli des peintures et des sculptures, selon le cas, de créateurs tels que Christelle Yaovi, Sébastien Boko, Marius Dansou, Charly Djikou et Dominique Zinkpè.
Pour la période du 5 mars au 5 mai, à en croire le jeune promoteur, Moufouli Bello, Benjamin Déguénon, Rémy Samuz et Nathanaël Vodouhè, voient leurs travaux exposés par le ’’Bénin Royal hôtel’’, sis quartier Maro-militaire, à Cotonou, sans oublier qu’ ’’Azalaï hôtel de la plage’’, qui avait déjà connu l’expérience en 2014, entrera dans la même danse, sous peu, pour une autre vague d’artistes. Dans l’évolution de ce processus de promotion artistique, l’observateur devra assister à une permutation des œuvres, d’un hôtel à l’autre, tous les trois mois. Dénommé ’’Hôtel-expo’’, du fait du lieu de diffusion des œuvres d’art, ce système donnera lieu à d’autres tels que ’’Resto-expo’’, ’’Market-expo’’ et ’’Bank-expo’’, selon les espaces respectifs dans lesquels le Projet ’’Dekart-expo’’ siègera.
Si Emmanuel Tométin  en est arrivé à ce fonctionnement, c’est pour avoir touché du doigt deux faits catastrophiques, explique-t-il toujours : l’absence « d’espaces dédiés aux expositions d’art plastique » et « l’accumulation » par les jeunes artistes de leurs travaux dans leur atelier.

Aperçu d'une exposition de ''Dekart-expo''
En outre, pour lui, le choix des artistes n’a rien d’un fait lié au hasard : certains exposent un peu partout dans le monde pendant que d’autres, nouveaux dans l’univers des arts plastiques, manifestent un talent si remarquable qu’on ne devrait pas laisser le résultat de leur inspiration demeurer dans l’anonymat. Et, les structures qui accepteront d’héberger la manifestation ’’Dekart-expo’’ sont prévues pour jouir, entre autres, de l’augmentation du nombre de leurs clients, grâce à une grande visibilité qu’on leur garantit, sur le site internet de l’Agence ’’Dekart’’. Il est alors souhaitable que les artistes ayant accepté de s’embarquer dans une telle initiative puissent aussi en tirer des fruits substantiels.



Marcel Kpogodo