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mardi 12 juin 2012

Séjour d'Alain Mabanckou à Cotonou

Alain Mabanckou rejette une certaine Afrique

Alain Mabanckou, écrivain africain originaire du Congo-Brazzaville, a tenu une conférence de presse, ce mardi 12 juin, à Cotonou. C'était à l'auditorium de l'Institut français du Bénin, ex-Centre culturel français. Bon nombre de questions ont fait l'objet de ses échanges avec les journalistes. Il ressort qu'il assume difficilement certaines idées reçues adoptées en Afrique.

Alain Mabanckou, dans ses échanges avec les journalistes béninois présents à l'auditorium de l'Institut français du Bénin, ce mardi 12 juin 2012, s'est montré opposé aux idées faisant la promotion d'une Afrique des jérémiades, qui se remet mal de l'esclavage et de la colonisation et qui, rendant responsable l'Occident de son sous-développement actuel, refuse de se battre pour en sortir. Quand on pense que, dans un Bénin ravagé et fragilisé par la cybercriminalité où les jeunes qui s'y investissent justifient leurs escroqueries par l'idée d'un vengeance contre les Occidentaux pour, justement, l'esclavage et la colonisation, on comprend que l'écrivain a touché à un point sensible de la mentalité de la jeunesse de notre pays. Il s'est insurgé, en outre, dans un humour finalement instinctif, contre une Afrique qui se veut pure et exempte de toute tare, contre une Afrique qui n'a rien à se reprocher et qui trouve que ce sont les autres qui portent tous les grands défauts.


Dans son évolution, l'écrivain congolais est allé jusqu'à démontrer que ce continent, à travers certains de ses pays, a laissé se manifester un ''racisme intra-africain'' ayant fait de certains autochtones des chiens méchants et des xénophobes vis-à-vis d'Africains, étrangers, venus de pays voisins. Ce langage complètement rectificateur intervient dans un contexte où il vient de faire paraître son nouveau roman aux Editions Fayard, ouvrage intitulé Le sanglot de l'homme noir. Il faudra attendre le vendredi 15 juin prochain, à 18 heures 45, à la Paillote de l'Institut français du Bénin, pour voir l'écrivain congolais s'étendre plus amplement sur cet ouvrage. Rappelons qu'à son actif se trouvent un peu moins d'une dizaine de productions romanesques : Bleu-Blanc-Rouge (1998), Et Dieu seul sait comment je dors (2001), Les petits-fils nègres de Vercingétorix (2002), African psycho (2003), Verre cassé (2005), Mémoires de porc-épic (2006), Black Bazar (2009), Ma Soeur Etoile (2010) et Demain j'aurai vingt ans (2010). Parmi celles-ci, Verre cassé a reçu, en 2005, successivement le Prix des Cinq continents de la Francophonie, le Prix Ouest-France/Etonnants voyageurs et le Prix RFO 2005, pendant que Mémoires de porc-épic a été auréolé du Prix Renaudot 2006. Se rapportant au Sanglot de l'homme noir, les explications et les éclairages d'Alain Mabanckou, nourris dans un humour subtil, restent très attendus.


Marcel Kpogodo