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mercredi 24 février 2021

Lancement officiel de ’’Didactique de la beauté’’, un ouragan qui démocratise la poésie

Dans le cadre d’un événement à l’Institut français de Cotonou


’’Didactique de la beauté – Anthologie des poètes de feu’’ est une anthologie poétique mise au point par le poète béninois, Daté Atavito Barnabé-Akayi. L’œuvre a été officiellement lancée le samedi 20 février 2021 à l’Institut français de Cotonou (Ifc), en présence de l’auteur, des poètes contributeurs et, notamment, de Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, et de nombreux apprenants. Le public put alors se faire une idée de certains thèmes forts qu’aborde le livre.

Une partie de la première de couverture de l'ouvrage lancé

277 pages, 10 poètes contributeurs, 4 autres invités et 1 préface d’Apollinaire Agbazahou, pour un livre paru en juillet 2020 aux éditions ’’Plumes soleil’’. La substance de ’’Didactique de la beauté – Anthologie des poètes de feu’’, l’anthologie poétique ayant connu son lancement officiel dans l’après-midi du samedi 20 février 2021 à la paillote de l’Institut français de Cotonou (Ifc), avec la participation de Daté Atavito Barnabé-Akayi, l’auteur de l’ouvrage, de l’ensemble des dix poètes, de Florent Couao-Zotti, Conseiller technique à la Culture du Ministre de la Culture, de professeurs de Français en activité et d'autres, à la retraite, puis de plusieurs dizaines d’apprenants en provenance d’établissements scolaires de la ville de Cotonou. 




Aperçu du public ayant fait le déplacement de l'événement



A cause de l’application stricte des mesures de barrière de lutte contre la propagation de la Covid-19, d’autres dizaines de potentiels participants à la cérémonie n’ont pu être acceptées sous la paillote, l’accès y ayant été limité à cinquante personnes au maximum.

De gauche à droite, Laurent Faton, Jérôme Tossavi et Guy Houndayi, au cours de la cérémonie de lancement ... 

Dirigée par Jérôme Tossavi, bibliothécaire à la médiathèque de l’Ifc, la cérémonie de lancement a consisté en la présentation synoptique, en suivant l’ordre d’arrivée dans l’ouvrage, des dix poètes contributeurs de l’anthologie, chacun d’eux ayant fait le déplacement : Eric Amour Amayidi, Anselme Amayidi, Christophe Amoussou, Espérat Bocovo, Laurent Faton, Grégoire Folly, Issa Gbénou, Guy Houndayi, Zamba Oussa et Amour Toliton.

... sans oublier, d'un côté, Eric Amour Amayidi, Anselme Amayidi, Christophe Amoussou et Grégoire Folly ...

Ils se sont respectivement fait découvrir par le public, non par leur biographie, mais à travers la définition par eux-mêmes de leur démarche d’écriture poétique et de leurs thèmes de prédilection, une révélation qui, chaque fois, s’est achevée par la lecture, circonstanciellement scénique, d’un extrait du recueil qu’ils ont produit dans ’’Didactique de la beauté - Anthologie des poètes de feu’’, ce qui fut appelé un « poème-ruban ».

... et, d'un autre, Zamba Oussa, Espérat Bocovo, Issa Gbénou et Amour Toliton

Ainsi, toujours par ordre d’arrivée des poètes contributeurs dans l’anthologie, le public a pris connaissance, par la lecture du comédien Bardol Migan, des extraits respectifs de ’’La langue dans le brasier’’, ’’Les moissonneurs de la foudre’’, ’’Le royaume des étoiles’’, ’’L’autel lumineux’’, ’’Les étincelles de l’Iroko’’, ’’Les tisons de la nuit’’, ’’Faisceaux d’or’’, ’’Les perles du Feu’’, ’’Flambées’’ et de ’’Les charmes de la canicule’’.


A travers les 12 poèmes du recueil lié à chaque contributeur, quelques éléments de constance se sont fait jour : les auteurs, par leur pratique poétique, ont rejeté le poème à forme fixe évidente, ont armé leur verbe du fondement thématique de l’un des quatre éléments naturels du feu et ont dédié le fruit de leur inspiration à une femme d’importance présente dans leur conscience, la mère ou l’épouse, selon le cas. Par rapport à la deuxième considération caractéristique, le sous-titre de l’ouvrage la préfigure ; elle les identifie comme des « poètes de feu ».


Se rapportant aux quatre poètes invités dans l’ouvrage, que sont Jean Benoît Alokpon, Eugène Gbédédji, Bruno Ahossi et Daté Atavito Barnabé-Akayi, les trois premiers n’ont pas fait le déplacement du lancement de l’anthologie poétique, comme s’il avait été décidé de laisser la primeur de la découverte par le public aux dix élus, mis en vitrine, dès la page de couverture du livre.

En réalité, la cérémonie, ayant laissé à la poésie une place prépondérante et, d’ailleurs essentielle, a plu et s’est enrichie de la variété du choix thématique, en passant d’un auteur à l’autre, surtout que chacun d’eux a bénéficié de deux minutes de temps de parole afin d’éclairer le public sur le choix de la manifestation d’un sujet ou d’un autre. Ensuite, le public a disposé de l’opportunité de faire valoir des analyses ou de poser des questions.


Et, surprise ! Tout ce qui est dédié à la poésie étant considéré comme, soit hermétique, soit ennuyeux, soit les deux à la fois, il semble n’en être rien apparu chez les participants à la cérémonie, dont la grande majorité était des collégiens et des lycéens. Le signe que Daté Atavito Barnabé-Akayi est en train de relever un défi aux multiples facettes : détruire l’effet ’’chasse-mouches’’ autour de la poésie, en construire une de spécifiquement béninoise par la spécificité inculturée des sujets et des thèmes, constituer une palette d’auteurs poétiques nationaux, qui ira s’élargissant, se développant en nombre, démontrer que la poésie ne constitue pas ce genre aussi pauvre d’amateurs et de férus, puis, entre autres, contribuer à la disparition du mythe autour d’un genre littéraire aussi fui et pratiquement banni.


Voilà qui augure de la réconciliation d’un large lectorat futur avec un genre longtemps redouté et inutilement sacralisé, ce qui donne l’occasion de faire apparaître de Daté Atavito Barnabé-Akayi, un profil psychologique d’une certaine rareté au Bénin. 



Daté Atavito Barnabé-Akayi, rebelle spirituel


L’édition de ’’Didactique de la beauté – Anthologie des poètes de feu’’, dans une vision de démythification et de valorisation de la poésie au Bénin, sans oublier, de promotion d’une jeune pousse en la matière, donne de Daté Atavito Barnabé-Akayi la posture d’une personnalité littéraire au rire illuminant en permanence son visage, qui se moque et qui s’extraie de la fameuse et tant décriée ’’béninoiserie’’. Il lui fait un véritable pied-de-nez, acceptant, contrairement aux habitudes, de s’effacer afin de laisser exister d’autres esprits aspirant à la pratique de la poésie, un art dont il est devenu un grand maître ; il a réduit à néant en lui ce fléau moral et spirituel, ouvrant le boulevard à dix talents de poids, dont il n’a pas peur qu’ils le concurrencent ni qu’ils lui fassent de l’ombre.

Daté Atavito Barnabé-Akayi, au cours de l'événement

Cet acte de rébellion spirituelle, qui devrait faire école au Bénin, dans plusieurs secteurs d’activités, s’ouvre sur un comportement de haute et de profonde humilité du Prix du Président de la République 2017 qu’il est, lorsqu’ayant investi le secteur de la poésie par ses productions enchaînées et l’avoir dompté, en l’espace de quatre à cinq années de production assidue, et s’en étant imposé aux plans, à la fois, national, sous-régional et international, en est revenu avec une tête qui n’a pas grossi d’un centimètre, se contentant de prendre et d’occuper la juste place de poète béninois qui lui revient, un tempérament de maîtrise et d’effacement de probables pulsions d’orgueil, qui permet de comprendre qu’un tel esprit puisse se lancer dans une initiative d'anthologie de suscitation et de déversement d’une relève d’une qualité incontestable.


Dans cette logique de rester à la place scientifique qu'il lui revient d’occuper, il n’a jamais affiché l’ambition de détrôner les anciens, ses prédécesseurs dans la pratique de l’art poétique. Au contraire, il leur voue un culte, il leur témoigne un respect absolu, il leur rend hommage, travaillant à davantage faire connaître leur travail, les invitant dans ses livres, en tant que préfaciers ou comme simples invités. Comment ces aînés ne peuvent-ils pas tomber sous le charme d’une générosité aussi divine ?


Concernant les poètes qu’il précède, il va jusqu’à contribuer à faire naître ceux encore en gestation, d’où la publication de ’’Didactique de la beauté – Anthologie des poètes de feu’’. Comment, alors, ces petits frères, en panne d’une opportunité d’édition et révélés dans leur talent poétique intrinsèque aménagé en une inspiration thématique inculturée et labellisée du Bénin, ne peuvent-ils pas s’arracher cet homme apparemment doté de l’onction de découvreur et de promoteur des talents cachés, sous le prisme, naturellement, de la manifestation d’une rigueur monacale dans la sélection des meilleurs qu’il a mués en des élus, à l’instar de ces 10 « poètes de feu » révélés au grand public le samedi 20 février 2021 ?


Beaucoup pourraient alors indexer la qualité d’éditeur de Daté Atavito Barnabé-Akayi comme le levier lui facilitant une telle entreprise de révélation. Cependant, de manière générale, les éditeurs se lancent-ils dans ce genre d’aventure sans être certains d’entrer dans les fonds investis ?


Très influent en tant qu’éditeur se définissant des objectifs d’action supplantant le profit, il manifeste l’art de l’investigation scientifique en littérature, pressentant le talent, le dénichant, le manifestant et le diffusant, ce qui fait qu’avec ’’Didactique de la beauté – Anthologie des poètes’’, il en est à sa cinquième œuvre dans le genre, ayant contribué à faire connaître des aînés, parmi lesquels des poètes de tiroir, et de jeunes talents, les renforçant alors de l’assurance nécessaire afin qu'ils fassent le chemin de l’écrivain en poésie, dans ses aspects positifs et dans ses déboires.


Avant tout, Daté Atavito Barnabé-Akayi reste un poète. Non, la poésie en perpétuelle construction, même dans ses ouvrages d’autres genres littéraires, déroutant et subjuguant par son jeu de cache-cache avec les mots, avec les tournures osées, ironiques, humoristiques et allusives. Il est simplement, déjà, un passeur inculturé, nationaliste et africaniste, si bien qu’il va de soi que l’ouvrage lancé en ouvre la voie à bien d’autres dont l’auteur garde le secret du contenu du prochain. En attendant que ce successeur, nouveau-né littéraire, voie le jour, ''Didactique de la beauté - Anthologie des poètes de feu'' se cède à cinq mille francs Cfa, dans toutes les librairies de la place.

Marcel Kpogodo Gangbè

jeudi 28 janvier 2021

Jérôme Tossavi : l’Institut français de Cotonou honore l’un des siens

Dans le cadre d’un événement spécial consacré au Grand prix littéraire du Bénin


Bibliothécaire à la médiathèque de l’Institut français de Cotonou, Jérôme Tossavi, lauréat du Grand prix littéraire du Bénin dans la catégorie ’’Théâtre’’, a été célébré par toute l’institution dans laquelle il exerce professionnellement le samedi 23 janvier 2021 sous le couvert du projet, ’’Nuit de la lecture – Relire le monde’’, réparti en plusieurs étapes d’activités artistiques visant à rendre hommage à la production littéraire du jeune auteur, de même qu’à la mettre en valeur.

Jérôme Tossavi, au cours de la cérémonie-hommage

Plus de cinq heures et trente minutes. Le temps qu’a choisi de consacrer, tout en continuant de fonctionner, l’Institut français de Cotonou, dans l’après-midi du samedi 23 janvier 2021, à l’exécution du projet ’’Nuit de la lecture – Relire le monde’’ qui, dans le déroulement de ses différentes activités, visait à rendre hommage à Jérôme Tossavi, l’un de ses fonctionnaires, à la suite de sa distinction, le 30 décembre 2020, comme le titulaire du Grand prix littéraire du Bénin, dans le genre du théâtre, avec l’ouvrage, ’’Le chant de la petite horloge’’.

Aperçu de la lecture scénique donnée sur la scène de la paillote de l'Institut français de Cotonou ...

D’abord, une séance de lecture scénique a ouvert l’événement artistique et littéraire. Elle s’est déroulée sous la paillote de l’Institut français de Cotonou, laissant des visages connus de la scène théâtrale du Bénin faire vivre, par leur lecture expressive, des extraits de différents livres qu’a écrits Jérôme Tossavi. Cette lecture s’est effectuée sous la direction de Guy Ernest Kaho, ce qui a donné l’occasion au public de découvrir la force de la tension chez les personnages tossaviens à travers la pulsion que transmettaient les mots, les expressions et les phrases que portaient les voix opportunément orientées des comédiens Bardol Migan, Serge Dahoui, Humbert Boko, Nathalie Hounvo-Yèkpè et Didier Sèdoha Nassègandé.


... de la causerie-découverte animée par le Professeur Fernand Nouwligbèto, à droite, ...

Ensuite s’est déroulée une causerie-découverte dirigée par le Professeur Fernand Nouwligbèto, Chef du Département des Lettres modernes de la Faculté des Lettres de l’Université d’Abomey-Calavi. Elle a permis de découvrir brièvement la bio-bibliographie du lauréat et des témoignages favorables en provenance du public, ce qui a fait ressortir les qualités du jeune écrivain pratiquant aussi bien le théâtre, le roman que la poésie : une sensibilité multidimensionnelle, le labeur, l’humilité et, notamment, la prolificité.

... de l'animation de musique traditionnelle ...

Par ailleurs, une pause de cocktail et un intermède de musique traditionnelle, animé par l'orchestre traditionnel de l’Ensemble artistique et culturel des étudiants (Eace), ont conduit à une autre séance de lecture scénique ayant, cette fois-ci, deux aspects de particularité : d’abord, y ont participé des membres du public ayant préalablement accepté de tirer, dans un panier, un feuillet sur lequel écrit un extrait d’un livre quelconque de Jérôme Tossavi. 

... et de la lecture scénique ...

... qui n'a épargné ...

... aucun espace ...

... des jardins de l'Institut français de Cotonou, ...

... sous le regard touché de Jérôme Tossavi, ...,

... la partition pimentée de l'orchestre traditionnel de l'Eace ...

... et avec la participation d'un public conquis

Ensuite, il fallait se déplacer vers les jardins de l’Institut français de Cotonou pour exécuter l’exercice proprement dit, ce qui a été fait avec l’enrichissement de courts intermèdes musicaux de l’orchestre traditionnel indiqué qui a opportunément interprété des chansons du rythme du ’’tchinkounmè’’ émanant de Ouèssè, la région d’origine de Jérôme Tossavi, un symbole qui a fait frémir d’émotion les spectateurs parmi lesquels se trouvait le lauréat, l’élu de l’hommage concerné, Jérôme Tossavi, qui n'a pu que dire, au bord des larmes : « Ce moment, je ne peux jamais l’oublier ».

Les ''Tériba'', dans leur jeu scénique ..., 

Enfin, deux autres prestations musicales ont amené la soirée à se clore en beauté. Premièrement, il a été donné au public de revenir à la paillote pour suivre deux chansons proposées par le groupe ’’Tériba’’. Celles-ci mettaient à l’honneur Jérôme Tossavi, lui qui y a été plusieurs fois cité, qui a servi de fondement à une forte exhortation des filles à fréquenter l’école afin, plus tard, de remporter aussi des prix littéraires. L’écrivain a même été invité à monter sur la scène pour exécuter quelques pas de danse. 

... sans oublier, de gauche à droite, Josélito et Sergent Markus

Deuxièmement, le slameur reconnu, Sergent Markus, accompagné par les notes du saxophoniste Josélito, a déclamé un extrait d’un ouvrage du Grand prix littéraire 2020 du théâtre et un court texte propre. Puis, pendant que le public se démobilisait, un morceau de musique moderne occidentale a été lancée, faisant même danser Coline-Lee Toumson-Vénite, Directrice de l’Institut français de Cotonou, entourée et imitée par plusieurs de ses collaboratrices. 


Outre des élèves, des étudiants et de nombreux professeurs de Français et de Lettres des collèges et des lycées du Bénin ayant pris part à l’événement d’hommage, il fallait y constater  la présence de personnalités remarquables parmi lesquelles les professeurs Thècla Midiohouan et Bienvenu Koudjo, le metteur en scène et dramaturge, Ousmane Alédji, les écrivains Louis Mesmin Glèlè, Daté Atavito Barnabé-Akayi et Habib Dakpogan, un membre du jury du Grand littéraire du Bénin pour le théâtre, de même que son homologue, Alougbine Dine, Directeur de l’Ecole internationale de Théâtre du Bénin (Eitb), sans oublier qu'Habib Dakpogan et Daté Atavito Barnabé-Akayi sont les anciens Prix du Président de la République 2015 et 2017, dont le Grand prix littéraire du Bénin est la nouvelle version.

Marcel Kpogodo Gangbè       

mardi 25 septembre 2018

Daté Atavito Barnabé-Akayi : « […] on se rend compte de l’immensité de son ignorance au fur et à mesure qu’on s’approche de la Connaissance […] »


Suite à son dernier séjour parisien 

Quarantenaire tout frais, quarantenaire d’une réelle nouveauté avec le personnage qu’il est, vu que le lundi 24 septembre 2018 sonnait exactement le ’’jour pour jour’’ authentique de sa venue au monde, mais étant né un dimanche, Daté Atavito Barnabé-Akayi a accepté de s’ouvrir à notre Rédaction, la formulation de la demande de ses réflexions ayant été fondée sur la conquête par lui d’un Grand Prix, le second de l’année 2017, celui de la Meilleure fiche pédagogique, la sienne, proposée, mise en une évaluation internationale avec vingt-trois autres, au niveau de six pays de l’Afrique francophone. D’une part, succès, dans son métier d’enseignant, vulgarisateur, de vocation, de la connaissance liée à la discipline, respectivement dénommée ’’Français’’ et ’’Lettres’’, dans les collèges et les lycées du Bénin. D’autre part, lui échoit, vers la fin de la même année, la récompense littéraire la plus prestigieuse du Bénin : le Prix du Président de la République ! Avec ’’Le chroniqueur du Pr’’. Un brûlot subtil, un ton insidieusement acerbe, notamment, de la gouvernance politique au Bénin, en vigueur depuis avril 2016. Une rechute. Il avait déjà habilement tancé le prédécesseur de l’actuel Chef de l’Etat, avec ’’Les confessions du Pr’’. Un atypique, donc, dans un conformisme, dans un caractère conventionnel qui l’habite quotidiennement, en tant que fonctionnaire de l’Etat et père de famille. Un atypique, dans ses principes, dans sa capacité à vivre la littérature, à retracer son historicité : inévitablement, Daté Atavito Barnabé-Akayi aura été – sous la réserve d’une enquête sérieuse à mener – l’un des rares apprenants béninois de la classe terminale, de son époque, à avoir, son Baccalauréat en poche, sacrifié l’année suivante, par ses propres fonds, pour s’offrir le redoutable itinéraire de personnages comme ce que lui-même devient, les années aidant : Ad’jibid’ji, Mamadou Keita, Tiémoko, Bakayoko, entre autres, à Bamako, Sounkaré, Doudou, Penda, notamment, à Thiès, sans oublier les redoutables Ramatoulaye et Mame Sofi, le méprisable El-Hadj Mabigué, parmi tant d’autres, à Dakar. Le parcours du Dakar-Niger ! Dans ’’Les bouts de bois de Dieu’’ d’Ousmane Sembène. Daté se l’est donné, ce parcours, en a respiré les senteurs intimes de la route, des différents moyens de locomotion ! Un atypique, dans son dos qui reste droit, dans sa tête qui garde sa forme ordinaire, en dépit de ces différentes consécrations, en dépit de huit années d’un exercice littéraire intense, prolifique, qui le rend père d’une vingtaine d’ouvrages, tous genres confondus : théâtre, poésie, roman, nouvelle, essai, pédagogie, guide scolaire, … Cet atypique, ce conformiste, donc, cet insaisissable, a bien voulu nous accorder la présente interview, à son retour de Paris, en septembre 2018. Elle résonne d’une humilité, d’une densité devant faire école, laisser tâche d’huile …     

Daté Atavito Barnabé-Akayi, à Cotonou, au cours d'échanges à bâtons rompus

Le Mutateur : Bonjour Daté Atavito Barnabé-Akayi. Vous êtes Professeur de Français et de Lettres, et vous revenez d'un séjour en France que vous a valu un prix. De quel prix est-il question ?

Daté Atavito Barnabé-Akayi : « De nature, je n'aime pas les concours ; ça me laisse voir un grain de prétention et peut-être même de vanité. Mais, je conçois celui-ci autrement : c'est une manière de montrer au monde ce qu’on fait, une manière de se laisser critiquer. Or, moi, j'ai fondé ma vie sur la critique. Pour faire plus clair, c'est comme se laisser visiter par un CP (Conseiller Pédagogique, Ndlr) ou par un Inspecteur ou, simplement, c'est comme [se] laisser critiquer par ses élèves !
Je crois que j'ai bien envie de me jeter à l'eau.
Et, je crois que tous les collègues devraient participer : au pire (il n'est pas de pis, en réalité), ils prendront leurs 'malheureuses' fiches pour faire leurs cours.
J'espère me libérer après les examens et m'y consacrer. Je souhaite de même aux collègues ».

Voilà, en partie, le courriel que j’adressai au groupe géré par Roger Koudoadinou, le Président de l’Association des professeurs de français du Bénin (Apfb), qui fait relayer le vendredi 2 juin 2017 l’information selon laquelle un concours proposerait aux enseignants de français béninois de concevoir une fiche pédagogique pour leur classe et de la proposer à francparler-oif.org . C’était un message reçu le lundi 29 mai 2017 de Fanny Kablan, la chargée de projets pédagogiques et multimédias de la Fédération internationale des professeurs de français (Fipf).
Dénommé « Tour d’Afrique en 24 fiches », le concours a regroupé six pays africains francophones : le Bénin, le Congo (Rdc), la Côte d’Ivoire, le Maroc, la Tunisie, le Sénégal. Il revenait à chacun de ces pays de dégager, dans un premier temps, quatre gagnants. Vous pouvez consulter les quatre gagnants béninois et leurs fiches sur ce lien-ci http://www.francparler-oif.org/concours-tour-dafrique-en-24-fiches-les-4-enseignants-beninois-laureats/ . 
Les Béninois ont puisé dans la banque de textes ( http://www.francparler-oif.org/1990-2015-25-ans-25-textes-de-lafrique-francophone-au-sud-du-sahara-et-de-locean-indien/), mise à notre disposition et ont pris pour appui des extraits d’auteurs comme Florent Couao-Zotti (’’Charly en Guerre’’), Véronique Tadjo (’’Loin de mon père’’), Ahmadou Kourouma (’’Allah n’est pas obligé’’), Sami Tchak (’’Place des fêtes’’). Les 4 enseignants béninois lauréats et les fiches qu’ils ont proposées rejoignent les autres pour former les 24 fiches (qui comprenaient le portrait du gagnant, le descriptif de l’activité, sa fiche pédagogique, sa fiche d’activités). Et, c’est parmi ces 24 fiches qu’un jury international a élu ma fiche meilleure.
C’est donc un Grand Prix attribué au concepteur de la meilleure fiche du Concours organisé avec le soutien de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif), du CAVILAM-Alliance française et avec l’aide des Commissions Afpa-Oi (Association des professeurs de français d’Afrique et de l’Océan Indien).
Comme prévu, le grand gagnant que je suis devenu, a joui d’un stage de deux semaines (13 août-24 août 2018) au CAVILAM-Alliance française de Vichy en France, durant l’été 2018, dans le cadre des Rencontres pédagogiques du CAVILAM – Alliance française, tous frais compris (transport aller/retour, stage pédagogique, hébergement en famille).



A quoi avez-vous alors consacré votre séjour en France ?

J’étais donc fondamentalement en France pour jouir de ce Grand Prix, à Vichy. Mais, j’en ai profité pour me familiariser, à Paris, avec Sami Tchak dont le texte m’a porté chance. En réalité, je le lisais sans le connaître physiquement. Kangni Alem, par le truchement du Festival malien d’Ibrahima Aya, me l’a fait rencontrer en février 2017. Mais, le temps nous a manqué pour refaire le monde et discuter. Nous avons promis de nous voir le vendredi 3 mars 2017 à Lomé, lors de l’hommage que l’Etat togolais lui consacrait. Nous nous y sommes vus sans pouvoir véritablement discuter. En mars 2018, au Livre de Paris Porte Versailles, la situation ne s’est pas vraiment améliorée. Or, sitôt que j’ai su que je serais en France à l’été 2018, je l’ai tenu informé avant que le Ministre de la Culture ne nous envoie à Paris en mars 2018.

Entre autres, de gauche à droite, Sami Tchak, Daté Atavito Barnabé-Akayi, une amie et l'écrivain Gauz
Aussi dois-je préciser que le chroniqueur LaRéus Gangoueus, rencontré au Salon du Livre de Paris, m’a consacré un entretien lors de ce séjour, après avoir publié trois articles sur mes œuvres : https://gangoueus.blogspot.com/2018/08/interview-de-lecrivain-date-atavito.html ; https://gangoueus.blogspot.com/2018/07/date-atavito-barnabe-akayi-le.html ; https://gangoueus.blogspot.com/2018/07/date-atavito-barnabe-akayi-errance.html 



En quoi les acquis de ce séjour de prix vous aideront à être davantage bon dans votre métier d'enseignant ?

On ne finit jamais d’apprendre. Et, quelles que soient les expériences acquises, on aura toujours à apprendre.  En réalité, dans le processus d’apprentissage, ce qui m’apparaît de plus en plus clair, est qu’on se rend compte de l’immensité de son ignorance au fur et à mesure qu’on s’approche de la Connaissance.
Mon séjour à Vichy peut être considéré comme des vacances de travail. J’ai suivi, comme le rappellent les diverses attestations signées de Damien Chabanal (Université Clermont Auvergne), de Michel Boiron (Directeur Général de Cavilam Vichy-Alliance Française) et de Grégoire Lasne (Directeur Adjoint Responsable du Département de Français Langue Etrangère) diverses formations, différentes conférences et une rencontre littéraire.
Je précise que le Cavilam se définit comme le Centre d’approches vivantes des langues et des médias, pour rappeler que les 62 cours intensifs que j’ai suivis sont, entre autres, appuyés par des outils audiovisuels et par une connexion Internet permanente sauf, peut-être, la rencontre littéraire avec l’auteur Abdelkader Djemaï.
Que ce soient les formations intitulées ‘Les outils numériques pratiques pour faciliter la vie du professeur’, ‘Créer des séquences pédagogiques à partir de documents authentiquement oraux’, ‘Créer des séquences pédagogiques à partir de documents authentiquement écrits’ ou ‘Lexique et grammaire en action’, que ce soient les séances « Découvertes » intitulées ‘Faire entrer les arts dans la classe’, ‘Enseigner le FLE avec des marionnettes’ ‘Activités théâtrales simples pour la classe’ ou que ce soit la participation aux conférences comme ‘La France et les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme (avec Christophe Rouge)’ ou ‘La culture : ce qu’elle nous fait, ce qu’on en fait (avec Jean-Marc Dépierre), les acquis de ce séjour sont énormes.
Au plan relationnel, j’ai été en contact avec plusieurs enseignants de divers degrés, de diverses nationalités d’Europe, d’Asie et, bien entendu, d’Afrique. J’ai vu des gens des deux Corées s’entendre et s’amuser ! Au plan pédagogique, je me souviens de Bachelard qui souligne que la science n’a que l’âge de ses instruments de mesure. Les conditions de travail et de vie de l’enseignant européen, tout le monde le sait, ne peuvent se comparer à ce qu’on continue de voir ici, au Bénin où, à l’heure de l’Approche Par Compétences, nous avons des établissements sans infrastructures scolaires (bibliothèques, médiathèques, vidéothèques, discothèques, laboratoires, équipements sportifs, …). Le système éducatif tend vraiment à la démocratisation de la Connaissance qui est pédocentrée, quand, nous autres, enseignants, ici, ne sommes guère guides.

De gauche à droite, Michel Boiron et Daté Atavito Barnabé-Akayi
Et, en tant qu’enseignant de français, ce qui frappe, ce sont les nombreuses possibilités qu’offre la Compétence disciplinaire N°1 : Communication orale : il suffit de se souvenir des usages qu’on puisse faire des documents filmiques, du journal télévisé, et même de la météo (Cf. Michel Boiron)… ! Les situations d’apprentissage convoquent véritablement tous les sens, le bon sens, y compris !
J’avoue avoir beaucoup appris, même si l’absence de connexion Internet et des Tic, dans nos classes et/ou dans nos bibliothèques, ici, saborde, sacrifie toute initiative innovante.
C’est ici que je remercie ma famille d’accueil Martine et Jacky Chaput.



L'année 2017 s'est révélé particulièrement brillante pour vous ; elle vous a vu remporter aussi le Prix du Président de la République, avec "Le chroniqueur du Pr". Vous sentez-vous particulièrement béni, chanceux ?

Chanceux, je le suis. Béni, je ne sais pas, car parler de bénédiction peut sous-entendre la présence d’un Dieu qui m’eût choisi parmi tant d’autres et m’eût béni et, dans ce cas, la question que j’aime à me poser : qu’ai-je fait, en particulier, pour mériter cette bénédiction ?
Je préfère m’intéresser à ce que je semble comprendre : la Chance. Je crois que je suis chanceux ou, alors, je veux bien parler comme Jacques Monod, quand il écrit, dans Le hasard et la nécessité, où il attribue à Démocrite : « Tout ce qui existe dans l'univers est le fruit du hasard et de la nécessité ».
J’ai eu de la chance mais la pièce elle-même la véhicule. J’ai eu de la chance d’avoir des lecteurs, des critiques, des aînés, des professeurs, des CP, des inspecteurs, des ministres et même du Président de la République, …, qui me soutiennent. Je remercie encore tous ces jurés qui m’ont lu et qui ont plébiscité cette pièce.



Comment parvenez-vous à être aussi bien un bon dramaturge qu'un bon professeur de Français ?

Il est le travail. Le travail perpétuel. J’ignore si je suis ‘bon’. Je crois plutôt que mon travail vient de ce que je suis convaincu que j’ai plus à donner qu’à recevoir de mon pays. Mais, à la vérité, je donne moins que mon pays le Bénin me le rend. Même si le véritable bilan se fait par le public, me rappelle l’Aîné Jérôme Carlos qui plaisante à dire qu’il susciterait une pétition contre ma plume si j’arrêtais d’écrire à 40 ans, je continue de dire, à plusieurs endroits, qu’autour de 40 ans, je ferai un bilan :
« Mais ce qui est certain, c’est que j’ai prévu d’arrêter d’écrire autour de 40 ans. Un arrêt pour faire le bilan de mes ouvrages. Ai-je évolué ? Ai-je contribué, d’une manière conséquente, au débat littéraire de mon pays ? Et, surtout, répondre à la question : ai-je encore quelque chose à dire ? Si la réponse est négative, je dois faire éteindre ma plume. Mais pour le peu de temps qu’il reste, je prévois d’embrasser d’autres genres tels que le roman, le conte, …
Profession de professeur ? Je préfère parler d’enseignant. Et, parlant d’enseignant, si j’arrive à poursuivre mes études, je crois savoir que l’avenir me réserve des surprises. Mais, mon métier
d’enseignant n’aura aucun avenir si, lors de mon bilan autour de mes 40 ans, je réalise que c’est un métier qui obstrue la voie pour m’épanouir et pour garder en sécurité ma petite famille. Mais, jusque-là, c’est un métier que j’ai choisi et qui me rend gai. » (in Apollinaire Agbazahou, Daté Atavito Barnabé-Akayi, Horizons osés et contagieux, Cotonou, Laha Editions, 2016, p.134).



Comment s'annonce, pour vous, l'année scolaire 2018-2019, en termes de projets ?

Parfois, moi qui ne suis pas fataliste, j’aime bien me laisser guider par le Vent !


Et si l'on vous demandait de prodiguer quatre conseils de réussite aux apprenants, en particulier, et à la jeunesse, en général ?

Pour être franc, je n’ai pas été un élève modèle. J’éviterai de donner, donc, des leçons. Il y a juste que mes professeurs et mes camarades de classe ou d’amphi, qui, pour la plupart, sont vivants, pour témoigner que j’arrivais parfois à m’illustrer avec de meilleures notes.
Mais, j’ai fait une remarque fondamentale : les apprenants contemporains manquent d’attention. Et, de plus en plus, ils brandissent les conditions difficiles des parents, comme un argument suffisant, pour ne pas travailler. Je crois que, justement, parce qu’on vient d’une famille modeste, on doit avoir beaucoup plus de raisons pour briller. Je pense, spécialement, à Aimé Césaire et à cette description de la machine à coudre, ’’Singer’’, de sa mère, dans Cahier d’un retour au pays natal.
Si je recommande à l’apprenant d’ouvrir tous les sens à l’enseignement que lui suggère le guide, à la jeunesse, je souhaite le travail, la persévérance, le sacrifice et la patience. Quand j’étais en Chine, j’ai cherché à saisir la psychologie des jeunes que j’ai côtoyés ; il y en a, sans doute, en Chine, qui rêvent de l’argent facile, mais ceux que j’ai interrogés sont plus préoccupés à servir la Chine au point qu’ils n’ont même pas le temps de se plaindre. Il faut que la jeunesse béninoise en arrive là ; il faut qu’elle en arrive à trouver des modèles en dehors des ploutocrates. Nous avons tous besoin d’argent, et Gandhi s’est fait bien clair : on a besoin du minimum pour être vertueux. Mais, la timocratie ne conduit nulle part. Ce n’est pas l’argent qui doit créer l’homme, c’est l’homme qui crée l’argent. Et, tant que notre vie se résumera à des machines à sous, on ne peut prétendre au développement. On doit éduquer la jeunesse à produire ; la consommation seule ne suffira jamais, qui nous rapproche d’ailleurs de l’animalité. Nous ne produisons rien et, c’est pourquoi, on doit privilégier, dans l’éducation, la production. Grâce à elle, on peut parvenir à l’autosuffisance et oser exporter pour tendre vers une balance commerciale harmonieuse.


Que pensez-vous qu'il puisse être fait pour une nouvelle année scolaire apaisée ?

Le rêve du Ministère de l’Enseignement secondaire, auquel j’appartiens, est de voir une année apaisée. Les députés, s’intéressant à la chose, ont opté pour un encadrement des débrayages. Je ne pense que les partenaires sociaux soient d’accord. Je ne pense pas non plus qu’ils veuillent paralyser le système éducatif : il suffit de jeter un coup d’œil en arrière pour se rendre compte qu’ils ont toujours œuvré à ‘sauver’ l’année scolaire in extremis. Je crois que, ce qui les dérangerait, c’est de constater une goutte de mépris à leur endroit ; je dirai même qu’ils se sont sentis dupés.
Il semble qu’ils aient accordé un moratoire au Gouvernement pour régler un certain nombre de points non négociables de la plateforme revendicative mais, à leur grande surprise, ils apprennent, comme tout le monde, ce que vous savez. J’espère que ne s’engagera pas un bras-de-fer entre les deux parties. Mais, ce que je veux bien croire, c’est que le Président de la République et l’actuel Ministre de l’Enseignement secondaire, quoi qu’on puisse dire, savent éviter le pire et sauront améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants car, à la vérité, les conditions sont déplorables.
Mais, ce qui me surprend souvent, c’est le mutisme de l’Association des parents d’élèves. On dirait que ses membres sont peu préoccupés par la vie de ceux qui prennent soin de leurs enfants.  Ce n’est pas le lieu de demander aux syndicalistes d’éviter l’influence du « diviser pour régner ». Ce n’est pas le lieu, non plus, de leur demander de s’unir pour la bonne cause : ils le savent mieux que quiconque.
En réalité, c’est une question qui me tient à la gorge car, depuis que j’enseigne, il est rare qu’on passe une année sans mouvements de grève. Dans mon roman Errance chenille de mon cœur (2014), je fais dire à un personnage cette analyse, qui n’est pas loin de ma position :
« Sans contester la plateforme revendicative, ni condamner la stratégie de presser le patronat à satisfaire nos exigences, je voudrais croire qu’on peut inventer d’autres méthodes pour avoir gain de cause, au-delà de la cessation de travail partielle. A voir de près, et en me basant sur le statut particulier de l’enseignant (peut-être faut-il encore apprécier la constitutionnalité de mes inquiétudes), je réalise que les 72 heures (et bientôt plus ?) de grève font plus de mal aux enseignants (qui sont aussi parents d'élèves) qu’à personne d’autre ! En temps normal, vu la pléthore des classes, les questions d’infrastructures, de scolarité, le manque de capital humain bref les conditions difficiles des situations d’apprentissage, l’enseignant a du mal à finir le programme et à apprêter l’apprenant aux bons réflexes des situations d’évaluation. Depuis l’année blanche d’avant 1990, les grèves chroniques ont ramené les apprenants à un tel niveau qu’il est difficile à une âme honnête d’en présenter un bilan positif (en tout cas, en ce qui concerne les apprenants).
Or, rappelle Jean Piaget, quand l’élève échoue, c’est l’enseignant qu’il faut fesser !
Je le répète : je n’ai rien contre l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants. Au contraire, il faut revoir le sort tragique du système éducatif, le dépolitiser par moments (puisqu’on ne peut pas toujours empêcher l’œil de l’exécutif de voir) pour des débats techniques sous l’esprit tutélaire des inspecteurs, des conseillers pédagogiques et des spécialistes en éducation. Au contraire, je martèle qu’il faut que le guide pédagogique soit heureux en vue de transférer cet heur sur chaque jeune cerveau auquel il a affaire dans sa classe et son environnement. Les grèves, telles qu’elles se sont déroulées jusque-là, y ont participé. Cependant, je voudrais qu’elles soient plus efficaces avec des dommages collatéraux moins nocifs. Car, comme beaucoup d’autres enseignants, j’accueille toujours avec peine quand à la fin, les responsables syndicaux qui ne sont pas forcément corrompus, disent : on va sauver l’année. Le recours au verbe sauver  n’est pas qu’hyperbolique ni métaphorique. C’est un verbe qu’il faut prendre surtout dans son sens dénotatif. Ce qui présuppose que ces responsables sont conscients que lorsqu’il est grève, le système éducatif – c’est-à-dire le développement – est en danger. En fait, qu’il soit apolitique ou non, l’enseignant n’est pas n’importe quel agent de l’État. Il est tel un président de la République respectable, muni d’un projet de société et soumis à un mandat déterminé. Qu’il ait bien réussi ou non, après son mandat, aucune prolongation n’est possible, en principe. Pourquoi alors s’infliger la torture de prolonger l’année scolaire, d’affronter quotidiennement les pluies diluviennes et les inondations de juin et de juillet, d’organiser comme précipitamment les examens de fin d’année à un moment où le système nerveux est épuisé et souhaite de belles vacances (quoique, hormis le repos et/ou le divertissement, ce soit la période par excellence pour remettre à jour ses connaissances) !
Mon rêve, tant que le patronat ne sera réceptif qu’à la menace des grèves, est que nous réfléchissions à ce que les responsables syndicaux délégués à la négociation nous amènent à faire pression sans risquer dangereusement d’abîmer le niveau intellectuel des apprenants, sans risquer de fabriquer des générations  sauvées, sans risquer de tester l’élasticité de l’année scolaire ni de réduire nos vacances. En conséquence, il faudra qu’on fasse grève sans jamais cesser d’administrer les cours. Et s’il faudra, malgré tout, invalider l’année scolaire, nous aurons au moins le sentiment d’avoir accompli notre mission de faire reculer l’ignorance. Dès lors, les délateurs ou les briseurs de grève qui estiment que la grève est un alibi pour prendre des pauses hebdomadaires en dehors du week-end, manqueront d’arguments : le débrayage ne peut être symptomatique de la paresse des enseignants. Et la question de défalcation se poserait en d’autres termes. Et parents d’élèves, et élèves (et même le gouvernement qui comprendrait plus d’un enseignant) sauront que la lutte des enseignants est la leur et ne vise nullement à instaurer le chaos ».

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

lundi 13 novembre 2017

’’Le chroniqueur du Pr’’ ou les multiples morts du journaliste

Dans le cadre de la mise en scène d’Hermas Gbaguidi

La représentation théâtrale du ’’Chroniqueur du Pr’’ a été donnée dans la soirée du vendredi 10 novembre à l’Espace ’’Tchif’’ de Cotonou. Sous la houlette d’Hermas Gbaguidi qui en a assuré la mise en scène, il est plus apparu, de la pièce, un sujet plus pertinent que la simple peinture du régime Talon dans ses premiers mois ; il s’agit du journaliste béninois, africain et d’ailleurs, confronté à la mort qui a vocation à détruire en lui toutes ses dimensions productives, vitales.

Action finale de meurtre du ''Chroniqueur du Pr''

Sept. Le nombre de morts, infligé au journaliste, de par le monde, selon la lecture qui ressort de la mise en scène, par Hermas Gbaguidi, de la pièce, ’’Le chroniqueur du Pr’’, le vendredi 10 novembre 2017, à l’Espace ’’Tchif’’, à Cotonou. Ecrite par Daté Atavito Barnabé-Akayi, un an plus tôt, elle lui a valu le Prix du Président de la République, le mardi 7 novembre dernier, au Palais des congrès de Cotonou, lors de la délibération par le Jury, constitué à l’effet de ce Concours national littéraire, en commémoration de la Journée internationale de l’écrivain.
Sur la scène, lancement de l’action par le choc de la découverte par le personnage dénommé ’’Le chroniqueur’’, incarné par Carlos Zannou, de la vraie personnalité noire de son interlocuteur qui n’est personne d’autre que ’’Le confrère’’, Elisée Maforikan, dans le jeu, son ancien collègue qui, entre temps, est devenu Chef d’Etat. Il le remarque comme celui ayant œuvré à son arrestation et à sa détention dans un espace de torture dénommée, de manière euphémique, ’’Salle d’opération’’. Le spectateur se trouve alors au début du second grand compartiment de la pièce, celui qui met les deux personnages aux prises avec les éléments fondant leur opposition. Quelques minutes après, cette séquence se révèle une parenthèse qui est très vite refermée, pour donner force à la chronologie de la pièce. Cette parenthèse valide le fait selon lequel l’évocation des faits relatifs aux premiers mois décriés de la gouvernance d’un certain nouveau régime constitue l’arbre qui cache la forêt de la véritable préoccupation de la pièce : la vulnérabilité du journaliste face au pouvoir.

Fusion des identités

C’est ainsi que ces deux personnages ont imposé leur présence sur une scène sobrement décoré avec, en son centre, une sorte de poteau de torture ; une scène qui s’est voulue souple, changeante, étant donné qu’elle laissait une marge de manœuvre aux personnages pour, aisément, passer d’un statut à l’autre et, elle aussi, pour être changée d’un cadre à l’autre. Ainsi, plus tard, le poteau de torture laisse place à un banc qui valide la proximité entre les deux personnages, collègues, dans un certain passé, et devisant sur les questions d’actualité, autour de verres d’alcool, au domicile du chroniqueur ; à cet effet, chacun d’eux a le visage revêtu d’un masque blanc, ce qui contribue à les rendre identiques, fusionnels, avec leurs voix qui se moulent l’une dans l’autre, qui ne se distinguent plus l’une de l’autre, comme si elles étaient devenues mêmes, identiques : le signe du passage de l’amitié à la fraternité, du ’’deux’’ au ’’un’’, ils ne sont plus ’’distinguibles’’, si ce n’est par la posture personnelle, spécifique qu’impose le contenu de leur conversation. Ils récupèrent donc et focalisent toute la tension sur les difficultés du journaliste face à un pouvoir broyeur de la presse.
Ce passé commun au chroniqueur et au confrère a marqué son caractère définitivement révolu puisque le journaliste de président de la république devient le propre bourreau de son ex-collègue, de son ex-directeur de campagne, qui s’est opposé, la victoire acquise, à entrer dans l’appareil de gestion des affaires de l’Etat ; il le tue, de ses mains gantées de ’’chirurgien’’, l’asphyxiant et le laissant emporter avec lui le secret de l’assassinat de son épouse à qui lui, l’autorité suprême, s’était unie, par une relation adultérine d’où est sortie un enfant dont le président a découvert qu’il était le père, et qui est morte, par ses soins, avec deux autres enfants du couple.


Plusieurs morts

La mort du Chroniqueur est une mort journalistique, physique, qui en cache six autres. D’abord, cette première mort incarne, symbolise, est celle de tous les journalistes, dans le monde, tués parce que l’exercice de leur travail gêne, parce que l’impartialité qu’ils manifestent, compromet les intérêts d’un cercle de pouvoir, d’influence. C’est ainsi, actantiellement parlant, que se dessine le projet de la pièce : pour le confrère qui est, par conséquent, le destinateur, il s’agit de détruire son collègue le chroniqueur, vu que tout ce qu’il connaît de lui, tout ce qu’ils ont partagé, son refus de collaborer au pouvoir constituent un fondement, un facteur d’affaiblissement de son influence, de son autorité, un déni d’une supposée intégrité qui devrait le rendre crédible devant le peuple.

De gauche à droite, Elisée Maforikan, Hermas Gbaguidi et Carlos Zannou, à la fin de la pièce

Donc, le chroniqueur, le destinataire de cette vision calamiteuse, tragique est en aussi l’objet, puisqu’il en est la réalisation, par sa disparition, de même que par celle de son épouse et de ses enfants. Et, de multiples facteurs favorisent la concrétisation du défi macabre, c’est l’adjuvant : la naïveté du chroniqueur, le sommeil de son sens de prudence, sa confiance en l’autrui, en l’amitié, en la fraternité, en la confraternité, son intégrité, sa conscience professionnelle, sa complaisance face au confrère, son refus d’entrer dans l’appareil politique, après la victoire à l’élection présidentielle, la frustration de l’épouse, l’immoralité de celle-ci, la perversité du confrère, son abus de confiance, son hypocrisie profonde, sa duplicité, sa capacité à justifier ses écarts moraux à sa propre conscience par l’argument de sauver son ’’ami’’ de sa femme immorale. Enfin, il faut trouver la ’’salle d’opération’’. Voilà, alors, tout un boulevard généreusement ouvert, devant le président, pour la commission de son crime. Comme quoi, il est très facile, à l’époque actuelle, de tuer un journaliste : l’actant d’opposant au projet est inexistant.
Par ailleurs, le journaliste confraternel n’existe plus lorsque l’ex-collègue du chroniqueur devient président de la république, ce qui n’est pas le cas chez ce chroniqueur qui, malgré le changement de statut de son ami, le protège, se garde de publier de lui des informations compromettantes : troisième mort, alors, celle du journaliste professionnel, puisqu’est devenue problématique la gestion de la vérité des faits. En outre, quatrième niveau de mort, c’est le journaliste tout court qui n’existe plus dans la conscience du confrère, dès qu’il accède au pouvoir, ses charges publiques étant devenues colossales et ayant emprunté d’autres dimensions.
Cinquième mort du journaliste, celle de sa vie privée, de sa vie de famille, cette mort qui, en réalité, a ouvert la boîte de Pandorre, la sixième étant celle de son intégrité personnelle quand il est question pour lui de passer du statut de traiteur, de relayeur des faits de l’actualité à celui de l’homme de pouvoir ; sa posture reconnue d’éveilleur de conscience s’étiole, s’éteint. Et, plus il entre dans nouveau rôle, politique celui-là, plus il se dénature ; il passe de l’ange au diable, ce qui suppose la septième mort du journaliste, celle de sa conscience morale et le surgissement des instincts malfaisants, une situation qui ouvre la porte à tous les excès que l’exercice du pouvoir suprême permet.  
La mise en scène du ’’Chroniqueur du Pr’’ a donc un mérite certain : focaliser l’attention sur les vicissitudes du journaliste, celles-ci qui le dissolvent dans un acide aussi effaceur de la vie, de la dépouille et de la cause de Patrice Lumumba.

Marcel Kpogodo

vendredi 10 novembre 2017

Daté Atavito Barnabé-Akayi décroche un ’’Prix 2017 du Président de la République’’ aux trois niveaux d’impartialité

Dans le cadre de la délibération du Jury


Dans la soirée du mardi 7 novembre 2017, le verdict du Concours national ’’Prix du Président de la République est tombé : Daté Atavito Barnabé-Akayi a été sacré par le Jury de cette compétition littéraire. C’était dans la Salle polyvalente du Palais des congrès de Cotonou, en présence de deux ministres du Gouvernement et, notamment, du Directeur des Arts et du livre du Ministère de la Culture.

Abdoulaye Bio Tchané et Oswald Homéky, remettant à Daté Atavito Barnabé-Akayi son trophée et son chèque
Daté Atavito Barnabé-Akayi, 39 ans, déclaré lauréat du Prix du Président de la République, dans son édition 2017, avec la pièce de théâtre, ’’Le chroniqueur du Pr’’, ce qui lui a permis de recevoir un trophée et un chèque de trois millions de Francs Cfa. La substance de la délibération effectuée par les membres du Jury de ce Concours national, le mardi 7 novembre 2017, à la Salle polyvalente du Palais des congrès, à Cotonou. Présidé par le Professeur Albert Bienvenu Akoha avec, comme membres, Apollinaire Agbazahou, Inspecteur de l’Enseignement secondaire à la retraite, dramaturge et ancien Président du Conseil d’administration du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), et Ousmane Alédji, comédien, metteur en scène, dramaturge et promoteur d’espace culturel, ce Jury a prononcé le verdict final en présence d’Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’Etat chargé du Plan et du développement, représentant le Chef de l’Etat, d’Oswald Homéky, Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, de Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre, des membres du Comité de présélection des candidats au Prix et, notamment, de ces postulants.
Premier fondement d’impartialité dans le décernement du Prix à Daté Atavito Barnabé-Akayi : ’’Le chroniqueur du Pr’’, pièce politique de 77 pages, démonte le Chef de l’Etat, Patrice Talon, en tournant en dérision certains de ses actes de gouvernance, environ six mois après son arrivée au pouvoir ; à la manière d’un fabuliste, l’auteur de la pièce fait faire du Président de la République par le confrère et le chroniqueur, les deux personnages en échange dans cette œuvre aux relents d’un tragique social, l’éléphant qui a construit, de toutes pièces, l’affaire de découverte, au Port de Cotonou, de 18 kg de cocaïne pur, dans un conteneur du magnat béninois de la volaille, Sébastien Ajavon, pour se débarrasser de celui-ci qui ne lui laissait pas les coudées franches pour gérer les affaires de l’Etat : « […] Selon des sources concordantes, ce dernier coup est monté pour revoir le deal que certains ont conclu avant les élections. Ce coup permet de redéfinir la gestion du pouvoir », page 22, première réplique du Confrère.

De gauche à droite, Apollinaire Agbazahou, Bienvenu Albert Akoha, Daté Atavito Barnabé-Akayi et Ousmane Alédji
Dans le même registre, sous le couvert de la fiction, Talon-l’Eléphant est perçu comme un despote de nouvelle génération : « […] Et moi qui dis qu’il est un dictateur moderne et avancé ! », page 26, seconde réplique du Confrère. Et, il est présenté comme le sordide tireur de ficelles ayant manigancé le K.o. électif ayant permis à Boni Yayi de s’offrir un second mandat en 2011 : « Crois-tu que nous ayons connu le chaos, excuse-moi, je voulais dire le K.O., sans son expertise en manipulations ? », page 29, première réplique du Chroniqueur. Par ailleurs, la gouvernance de l’actuel Président béninois ne semble pas des plus catholiques : « […] depuis quand nouveau est synonyme de beau ? […] Je déteste les slogans. Ils n’amènent qu’à la débâcle », page 29, première réplique du Confrère. Sur la même page, le Chroniqueur ne prend aucun gant pour enfoncer le clou : « Or mon rêve profond est que l’éléphant gagne afin que les gens sachent que le lion ne sera pas le pire roi de la jungle », à la page 29, à la deuxième réplique du Chroniqueur, un lion que la compréhension de la pièce permet d’identifier comme Boni Yayi. En outre, on y dénonce le premier gouvernement de Patrice Talon, plus pléthorique que prévu, avec un nombre réduit de femmes : « […] vu qu’ils ont promis offrir une dizaine de ministres et nous en sommes à vingt et quelque ! C’est-à-dire le même chiffre que dans le passé, avec des dénominations à réveiller nos premiers présidents ! Avec une célébration de la misogynie : presqu’aucune place à la femme ! ». Plus loin, Patrice Talon apparaît comme un homme politique sans vision : « Le gars n’a aucune vue ! ». Le mot ’’gars’’ montre bien les tréfonds de la déconsidération dans lesquels on l’enfonce.
De plus, le clou, l’évocation du caractère gravement tyrannique du régime, dans une tonalité à la fois absurde et onirique : « Déjà, … christs », pages 34-35, troisième réplique du Confrère.
Et, entre les échanges politiquement engagés qui animent les réflexions du Confrère et du Chroniqueur, le système partisan béninois passe à la loupe, à la trappe, avec ses fléaux bien connus de transhumance, d’opportunisme des hommes politiques, d’absence de lignes, de repères, de vision, à part ceux de permettre à ces types d’animateurs de donner de la consistance à leurs intérêts, de la satiété à leur ventre, sans oublier que le Parti du renouveau démocratique (Prd) d’Adrien Houngbédji, à mots couverts, est mis en exergue comme la principale et la plus puante plaie de ce système en profonde décadence, violemment décrié.
Finalement, il y a lieu d’être surpris et de se réjouir qu’une telle pièce de théâtre de Barnabé-Akayi, d’une facture politique qui ne fait pas cadeau au Chef de l’Etat, Patrice Talon, ni au système politique dans lequel il s’accommode, auquel il se conforme, ait pu remporter un prix littéraire justement chapeauté par le premier des Béninois. Ceci reste la preuve que les membres du Jury ont su se mettre au-dessus des basses considérations, généralement bien quottées au Bénin, de flatteries et de génuflexions, de manifestation d’actes obséquieux, au détriment de la science, de la technicité, dans le but de plaire au très terrestre chef suprême, avec tout ce que cela peut rapporter comme avantages de divers ordres aux auteurs de ces actes aussi vils qui nivellent par le bas, qui valorisent la médiocrité, qui sacrifient la qualité, l’excellence.
Deuxième facteur d’impartialité face au sacre de Barnabé-Akayi par ’’Le chroniqueur du Pr’’, chacun des membres du Jury collabore en plein, directement ou non, avec le régime du Chef de l’Etat, Patrice Talon : le Président de ce Comité restreint, Bienvenu Albert Akoha, a son épouse qui est Directrice de Cabinet du Ministère du Cadre de vie et du développement durable ; il s’agit de Jeanne Akatcha Akoha. Ensuite, Apollinaire Agbazahou est un soutien de premier plan du Président de la République, dans le Zou. Enfin, Ousmane Alédji est membre de l’Unité présidentielle chargée de la Culture, qui opère à la Présidence de la République, sous le nez de Patrice Talon. Quoi de plus que ces différents niveaux d’accointances pour justifier un rejet du ’’Chroniqueur du Pr’’ pour le Prix concerné. Ne pas l’avoir fait, avoir primé le talent, par-dessus tout, rehausse le travail de ces personnalités, met en valeur leur force intellectuelle et, surtout, morale.
Troisièmement, le verdict du Jury jouit d’une impartialité à nulle autre pareille, vu que le Prix est organisé, soutenu et financé par l’Etat béninois, sous le couvert d’un Concours national littéraire qui se déroule tous les deux ans. Compte tenu de cette donnée fondamentale, des précautions auraient pu être prises, dans l’ombre, pour que soit écarté du sacre tout ouvrage critique envers le régime en place. Ne pas être tombé dans cette autre forme de bassesse montre la réussite du processus mis en place par Léon Zoha, Directeur des Arts et du livre du Ministère de la Culture, ceci qui a démarré le 7 septembre 2017 et qui s’est achevé, en un bon atterrissage, le 7 novembre dernier, jour de la commémoration de la Journée internationale de l’Ecrivain.


Pourquoi lire absolument ’’Le chroniqueur du Pr’’ ?


''Le chroniqueur du Pr''

Tous les Béninois sachant déchiffrer un texte doivent se précipiter pour s’approprier le contenu du ’’Chroniqueur du Pr’’, la pièce de théâtre, publié aux Editions ''Plumes soleil'', ayant remporté le ’’Prix du Président de la République’’, édition 2017, étant donné qu’elle s’asseoit confortablement dans un secteur passionnant à plus d’un titre pour les citoyens du Bénin : la politique, celle qui évolue vers un macabre mettant au-dessus de tout l’intérêt personnel, de façon à aboutir à la tragédie du genre de celle ayant définitivement séparé Blaise Compaoré et Thomas Sankara avec, en ajout, dans le livre de Barnabé Akayé, un fond très puant d’adultère et d’infanticide. Ensuite, cet ouvrage, au-delà de la dénonciation de quelques aspects peu honorables des six premiers mois de Patrice Talon au pouvoir, dépiaute le système politique partisan béninois, présenté comme très nauséeux. Il faudrait aller à la rencontre d’une audace réaliste, tragique, onirique et ironique.


Bref historique ...

Le Concours national littéraire ''Prix du Président de la République'' a été créé le 2 mai 2003, par l'Arrêté n° 065/MCAT/DC/SG/CTC/DBN/SA. Ainsi, après cinq éditions tenues, quatorze ans auparavant, Daté Atavito Barnabé-Akayi a eu, en matière de lauréats, les prédécesseurs ci-après : Wilson Dave, en 2003, avec ''Le menuisier de Calavi'', dans le genre ''Roman'', Reine Houssou, en 2007, avec ''Ah ! Jérôme la racine'', dans le genre ''Théâtre'', Philibert Cossi Dossou-Yovo, en 2010, avec ''L'échec de l'intelligentsia, synonyme des enfers'', dans le genre ''Essai'', Rigobert Kpanikpa Kouagou, en 2013, avec ''Clameurs champêtres'', dans le genre ''Poésie'', Habib Dakpogan, en 2015, avec ''Pv salle 6, dans le genre ''Roman''. Donc, depuis l'instauration de cette compétition littéraire, l'édition de l'année 2005 n'a pas été organisée et, il a fallu connaître un décalage d'année en 2010 et en 2013. 

Marcel Kpogodo