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mercredi 25 novembre 2015

1 conférence et 15 spectacles pour ''Les embuscades de la scène'' 2015

Dans le cadre de la 3ème édition de l'événement 


Le Festival de théâtre, ’’Les embuscades de la scène’’, a été officiellement lancé, dans la soirée du lundi 23 novembre 2015, au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, sis Quartier Agla, à Cotonou, ce qui a permis aux organisateurs de dévoiler la programmation d’une quinzaine de représentations théâtrales, au niveau de 2 espaces culturels.

Orden Alladatin, lançant ''Les embuscades de la scène'' - Crédit photo: ''Bénincultures''
Le Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ du Quartier Agla, à Cotonou et l’Espace ’’Mayton promo’’ de Zogbadjè à Abomey-Calavi abriteront 10 représentations théâtrales, pour l’un, et 5, pour l’autre. C’est ainsi que se présente la programmation des ’’Embuscades de la scène’’, un festival de théâtre, qui en est à sa 3ème édition et qui a été lancé, ce lundi 23 novembre, dans la soirée, dans le premier des deux espaces évoqués. Selon Giovanni Houansou, Directeur artistique de l’événement, 5 jeunes livrent, à travers ce Festival, le résultat d’une formation en mise en scène, reçue plusieurs mois plus tôt : Humbert Boko, Fancy Carlos Zinsou, Guy Gervais Dansou, Donatien Sodégla et Kamarou-Dine Arèkpa.

Giovanni Houansou, initiateur des ''Embuscades de la scène'', au cours de son allocution de bienvenue - Crédit photo: ''Bénincultures''
Plusieurs personnalités ont manifestation leur présence à la cérémonie. Et, en dehors de l’allocution de Giovanni Houansou, le public a suivi celles de Gaston Eguédji, représentant du Directeur du Fonds d’aide à la culture, et d’Orden Alladatin, Parrain de l’événement.
Par ailleurs, celui-ci n’a pu lancer ’’Les embuscades de la scène’’, dont les spectacles commencent dans la soirée du mercredi 25 novembre, sans avoir patronné la remise de distinctions à certaines figures de proue ayant soutenu le Festival lorsqu’il effectuait ses premiers pas : Ousmane Alédji, Directeur du Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, Bienvenu Koudjo, Professeur d’univeristé, Eric-Hector Hounkpè, Luc Vodouhè, Denis Djossa et Jean-Paul Aplogan, dirigeant respectivement les structures, ’’Agence Kini-Kini’’, Espace ’’Le tropical’’ et ’’Astucités’’, sans oublier Alougbine Dine, Directeur de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb), qui a reçu un Prix spécial.

Marcel Kpogodo




Programme de la conférence et des 15 spectacles

Mercredi 25 novembre 2015 – Centre culturel ’’Artisttik Africa’’

9h00 : Conférence sur le thème : « Homme de théâtre – Homme de paix »
19h30 : Spectacle ’’Crabe rouge’’
20h45 : Spectacle ’’Le kleenex qui tue’’



Jeudi 26 novembre 2015 – Centre culturel ’’Artisttik Africa’’

19h30 : Spectacle ’’La chute de Karakachi’’
20h45 : Spectacle ’’14, pas 11’’



Vendredi 27 novembre 2015 – Centre culturel ’’Artisttik Africa’

19h30 : Spectacle ’’Crabe rouge’’
20h45 : Spectacle ’’Sept milliards de voisins’’



Samedi 28 novembre 2015 – Centre culturel ’’Artisttik Africa’’

19h30 : Spectacle ’’Le kleenex qui tue’’
20h45 : Spectacle ’’La chute de Karakachi’’



Dimanche 29 novembre 2015 – Centre culturel ’’Artisttik Africa’’

19h30 : Spectacle ’’14, pas 11’’
20h45 : Spectacle ’’Sept Milliards de voisins’’



Jeudi 03 décembre 2015 – Espace ’’Mayton’’ (Calavi)

20h00 : Spectacle ’’La chute de Karakachi’’



Vendredi 04 décembre 2015 –  Espace ’’Mayton’’ (Calavi)

19h30 : Spectacle ’’Le kleenex qui tue’’
20h45 : Spectacle ’’14, pas 11’’



Samedi 05 décembre 2015 –  Espace ’’Mayton’’ (Calavi)

19h30 : Spectacle ’’Crabe rouge’’

20h45 : Spectacle ’’Sept milliards de voisins’’

M.K.

mercredi 27 mai 2015

Franck Raoul Pédro forme les artistes béninois à une inspiration inculturée

A travers une communication d'Hermas Gbaguidi

Le jeudi 30 avril dernier s'est tenue au Centre culturel ''Artisttik Africa'' une manifestation d'ordre culturel visant à conscientiser les artistes béninois. Il s'agit d'une conférence-débats organisée par l'Association ''Africa'racines'', dans le cadre d'un projet financé par le Fonds d'aide à la culture. Plusieurs artistes et des promoteurs culturels ont participé à cet événement.

De gauche à droite, une facilitatrice de la conférence et Franck Raoul Pédro
« L’importance pour les artistes de s’inspirer du patrimoine dans la conception de leurs œuvres ». Voilà le thème que s’est attelé à développer le metteur en scène béninois, Hermas Gbaguidi, au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, le jeudi 30 avril dernier. Modéré par un jeune artiste opérant aussi dans le domaine du théâtre, Giovanni Houansou, le conférencier a fait ressortir tout l’intérêt des créateurs béninois à puiser dans le patrimoine national pour mettre en œuvre leurs travaux.
Selon lui, parmi les avantages d’une telle démarche, il faut trouver l’authenticité purement béninoise des œuvres, leur capacité à faire face à la mondialisation. Ainsi, celle-ci ne valorise que ce qui lui apparaît nouveau, original, inédit et spécifiquement attaché à la richesse d’une culture encore non profondément dévoilée. Par conséquent, ne peuvent être vendables dans l’actuel concert culturel international que les œuvres qui tranchent avec des démarches de mise en place de contenus déjà vues, celles, en l’occurrence, venant de pays d’Afrique comme le Bénin, et qui ne manquent pas de susciter l’intérêt croissant des nombreux acheteurs de la culture africaine, qui, majoritairement, sont en provenance de l’Occident.
Par ailleurs, selon Hermas Gbaguidi, le seul moyen de donner du rayonnement à la culture béninoise est de la faire sortir des sentiers battus du mimétisme des rythmes, notamment, qui réussissent, à l’heure actuelle, en musique. Il faudrait aussi, pour lui, ne pas perdre de vue que, si la croissance économique est prévue pour envahir les pays africains, dans les prochaines années, le domaine culturel n’en sera pas épargné par les retombées positives, ce qui se manifestera inévitablement par des œuvres de création inspirées de nos cultures riches et très peu explorées ni exploitées à bon escient.

Une vue des artistes plasticiens participants
Mais, le conférencier n’a pas manqué de montrer les limites d’un tel processus : le manque d’ancrage des créateurs de la nouvelle génération dans la culture authentiquement béninoise, de façon à pouvoir en exploiter les données, la paresse liée à la difficulté pour les artistes de s’adapter au travail laborieux que nécessitent l’exploration des éléments de richesse de la culture béninoise et leur exploitation pour la création proprement dite. De ce fait, ces artistes préfèrent se contenter de l’existant.
Ce sont autant de considérations ayant alimenté un grand débat entre les participants et le conférencier, à l’issue de l’exposé de celui-ci.


Quelques promoteurs culturels présents, Hermas Gbaguidi étant à l'extrême droite, ci-contre
En réalité, des artistes béninois de tous les domaines des arts et de la culture, de même que des promoteurs culturels ont participé à cette journée de causerie : Benjamin Déguénon, Marius Dansou, Eliane Aïsso, notamment, pour les arts plastiques, Serge Zossou, Gratien Zossou, Jordy Mègnigbèto, entre autres, pour le théâtre, Alli Wassi Sissy, Jules Koukpodé, Gogoï Akouègnon Prosper, parmi tant d’autres, pour la promotion culturelle.
Aussi, la journée de causerie a été ouverte par une courte cérémonie de lancement au cours de laquelle Franck Raoul Pédro, Président de l’Association ’’Africa’racines’’, a, dans une courte allocution, planté le décor de la manifestation d’échanges, en faisant ressortir la nécessité pour les artistes béninois, à l’instar de ceux du Sénégal, du Congo et de la Côte d’Ivoire, notamment, de promouvoir le patrimoine national dans leur création, seul moyen, selon lui, pour le Bénin, « de se construire une identité culturelle afin de ne pas passer inaperçu ou d’être absent, au cours des enjeux culturels internationaux ».  


Marcel Kpogodo

vendredi 23 janvier 2015

Didier Nasségandé s’engage dans la cour des grands



Par la représentation de la pièce ’’Les pondeuses de boucs’’ au Fitheb 2014




Le théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou a accueilli le spectacle, ’’Les pondeuses de boucs’’, une pièce de théâtre d’un type particulier, dans le cadre de la 12ème édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). C’était le samedi 13 décembre 2014. Didier Sèdoha Nasségandé, l’artiste qui a assuré la mise en scène de cette représentation théâtrale, s’est ainsi ouvert une porte dans l’univers sélect des metteurs en scène béninois.

Une séquence de la pièce ''Les pondeuses de boucs'' - Crédit photo : ''Bénincultures''
Le soixantenaire, Ladji, incarné par le comédien Cyriaque Batcho, est à la recherche d’un garçon, un ’’bouc’’, après que sa première femme lui a donné 14 filles, elle qu’il décide de répudier afin d’épouser une fraîche adolescente non encore majeure. Celle-ci n’est personne d’autre que Fousséna, jouée par Nelly Zinsou, qui est aussi l’objet des avances de Chabi qu’incarne Victor Goudahouandji, dont elle finit par tomber enceinte. L’objectif de Ladji est finalement atteint puisque Fousséna accouche d’un garçon, mais celle-ci trépasse, vu qu’elle a eu cet enfant d’un lit adultérin. 
En réalité, Didier Sèdoha Nasségandé qu’on a connu, entre autres, comme artiste conteur, poursuit, par la réalisation des ’’pondeuses de boucs’’ sa lutte pour se positionner confortablement dans l’arène très sélective des metteurs en scène béninois et, pour un coup d’essai, il s’agit d’une réussite, d’abord, en ce qui concerne le fait que cette pièce dont il a assuré la mise en scène ait été validée par Ousmane Alédji pour être jouée dans la programmation officielle du Fitheb 2014, celle dite ’’in’’ ; ceci dénote, tout au moins, que cette mise en scène était d’une certaine qualité.
Se rapportant à la représentation proprement dite, elle manifestait une grande simplicité du décor ; ceci a frappé par un réalisme fortement suggestif de la vie ordinaire dans les concessions béninoises : du linge abondant, mis au séchage de part et d’autre sur des cordes longeant horizontalement les habitations en matériaux précaires d’une certaine concession. Celles-ci se touchent et s’interpénètrent, montrant les relations de profonde familiarité, de grande proximité et d’une parfaite intimité, régnant entre les voisins qui, donc, savent tout les uns des autres, s’influencent et s’orientent mutuellement dans les comportements pragmatiques pour trouver solution aux situations d’une crise qui, en l’occurrence, est la recherche obsessionnelle d’un garçon par Ladji.
Ce décor très parlant s’est vu entretenu par le comportement des personnages déambulant, notamment, celui d’Oncle Chitou, incarné par Giovanni Houansou, qui s’est fait remarquer par une démarche et une gestuelle amenant le spectateur au rire, ce qui a eu pour fonction de rendre vivant le jeu des comédiens et de relativiser la force de la crise et de la tension frappant la maison de Ladji et son environnement.
En outre, un autre élément ayant permis au jeune metteur en scène de réussir à faire dominer sur la scène une ambiance populaire reste les langues nationales béninoises qui livraient rudement concurrence au français des répliques, comme pour montrer la cohabitation sociale des cadres moyens et des analphabètes dans les concessions propres aux quartiers populeux africains.
Par ailleurs, Didier Nassègandé a initié et réussi le dédoublement de personnages à travers, d’une part, Nelly Zinsou qui portait la charge des personnages Fousséna et Modji, une jeune fille quelconque et, d’autre part, Victor Goudahouandji ayant incarné Chabi, le rival de Ladji et Osséni, le mari d’Ablawa (Mariam Darra), femme de la concession, très volubile.
En réalité, cette mise en scène de la pièce d’Hurcyle Gnonhoué relève d’un théâtre de genre vaudeville, qui se met à la portée de tout public. Ainsi, le stratège de la représentation a réalisé l’atmosphère de la scène populaire liée au théâtre forum, très en vogue dans un pays comme le Burkina Faso. Donc, le vent en poupe, désormais, Didier Nasségandé gagnera à développer la dimension du travail sur des pièces d’une portée plus classique, seul gage de la réelle influence dans le monde de l’art théâtral, lui qui, dans le domaine associatif, n’est pas né de la dernière pluie, ayant été élu, le 19 octobre 2013, pour assumer, pendant une année, le poste de Secrétaire aux Relations publiques de l’Ensemble artistique et culturel des étudiants (Eace). Plus près de nous, il faudra, de pied ferme, l’évaluer, une fois de plus, dans une carrure, notamment, de metteur en scène en construction, dans la pièce, ’’Kabila’’, qui se jouera, en soirée, le samedi 31 janvier 2015, au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ d’Ousmane Alédji.  

Marcel Kpogodo

mercredi 17 décembre 2014

Les ’’Embuscades de la scène" 2014 : 10 jeunes compétences en exercice

Dans le cadre de la 2ème édition de l'événement


Une conférence de presse a été animée au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, sis quartier Agla, du côté des pylônes. Elle s’est déroulée à l’initiative des jeunes responsables des ’’Embuscades de la scène’’, un événement purement théâtral qui se trouve à sa deuxième édition et qui embarque, dans son sillage, une dizaine d’autres jeunes, mobilisés pour se garantir un avenir professionnel, dans leurs domaines respectifs.

De gauche à droite, Giovanni Houansou et Ramanou Alédji (Photo d'Hurcyle Gnonhoué)
Humbert Boko, Guy-Gervais Dansou, Arèkpa Kamarou Dine, Donatien Sodégla et Fancy-Carlos Zinsou, pour la mise en scène, d’une part, et, Mimosette Kodjo, Inès Missinhoun, Elie N’Donoussè, Paterne Tchaou et Carole Tonoukouen, d’autre part, du côté de la critique de spectacle. Voilà la dizaine de jeunes esprits, avides de faire leurs armes dans leurs secteurs respectifs, qui exerceront dans le cadre des ’’Embuscades de la scène’’. Les organisateurs de cette manifestation théâtrale en ont présenté les tenants et les aboutissants de la 2ème édition, au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue le lundi 15 décembre 2014, au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, avec, au pupitre d’intervention, Giovanni Houansou, Manager de la manifestation et Ramanou Alédji, Coordonnateur de l’espace d’accueil.
Cet événement, désigné comme le ’’boulevard du théâtre semi-professionnel’’, se déroulera du 17 au 21 décembre 2014 au Centre culturel concerné, pour une cérémonie d’ouverture qui aura lieu dans l’après-midi de ce mercredi 17 décembre, au Siège du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), à l’ex-Cinéma Vog.
S’adressant aux journalistes, le premier des deux intervenants a montré que les ’’Embuscades de la scène’’ constitue une opportunité pour former, sur deux ans, les cinq metteurs en scène et les cinq critiques de spectacles, en question, précédemment sélectionnés, avec, comme conséquence positive pour eux la possibilité d’être techniquement édifiés sur deux éditions de l’événement théâtral, sans compter qu’ils ont déjà été aussi tenus par des professionnels avérés, dans leurs domaines respectifs. Ces facteurs, selon Giovanni Houansou, constituent des éléments d’innovation de cette deuxième édition.
Ainsi, chacun des deux groupes ayant déjà reçu une première étape de renforcement de ses capacités techniques, le premier ordre de futurs professionnels fera ses premières preuves à travers la prise en charge des représentations théâtrales, gratuites pour le public, qui se dérouleront toutes les soirées, du 18 au 20 décembre à ’’Artisttik Africa’’.
Quant aux futurs critiques des arts de la scène, ils exerceront leur jugement sur les pièces et produiront des articles qui seront publiés sur le site Internet de l’événement.

Toujours à en croire Giovanni Houansou, cette initiative vise à créer des « compétences de théâtre et de critiques au plan national », de même qu’à faire bénéficier à ces jeunes des avantages d’un réseau actif comportant des professionnels aînés et, d’autres, opérant dans des pays étrangers, sans compter qu’il parie que cinq années plus tard, la grande partie de ceux qui sont formés devront être au « sommet de leur pratique professionnelle ». Le déroulement des ’’Embuscades de la scène’’, dès le jeudi 18 décembre prochain, donnera à connaître de la facture des prestations des 10 ’’compétences’’.

Marcel Kpogodo

mercredi 17 avril 2013

Représentation de "Tremblement de corps" au Fitheb

Une mise en scène réussie du rapport sexuel


La grande salle de spectacles du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a vibré, le samedi 13 avril 2013, en début d'après-midi, sous les déclamations passionnées de la représentation de la pièce de théâtre, "Tremblement de corps", écrite par Hurcyle Gnonhoué, dans une mise en scène de Giovanni Houansou. Un vrai délice : les étapes conduisant inévitablement à l'acte sexuel ont été explorées d'une manière plus ou moins pudique.

Les convulsions intimes d'un corps délaissé et la rage d'un visage ignoré 
Si un corps était sujet à du tremblement, c'était celui de Majoie, épouse du président de la République, première Dame du pays, physiquement abandonnée, affectueusement délaissée et sexuellement sacrifiée par son époux trop emporté dans ses préoccupations nationales. La nature ayant horreur du vide, celle-ci jette son dévolu sur Salem, un journaliste brillant, mais politiquement débarqué de sa structure professionnelle et qui décide de lancer son propre organe de presse. Celle-ci saisit la balle au bond et reçoit chez lui sa proie, sous prétexte de lui accorder une interview très prisée. Arrivé chez elle tout concentré sur l'entretien qu'il va concrétiser et, rendu euphorique par le caractère unique de sa chance, il se trouve progressivement pris sous le feu du harcèlement affectif et sexuel de son sujet. Sous la menace, il  se laisse aller à consommer l'acte fatidique, pour être vite congédié, le président arrivant. La substance de la pièce de théâtre jouée, le samedi 13 avril dernier, à la grande salle de Spectacle du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb).    
Salem Sachou, à gauche,  et son collègue journaliste, discutant du protocole d'interview 
Le décor de la scène était pragmatiquement doté du strict nécessaire de meubles pour une expression du jeu des acteurs. Dans un premier temps, l'ambiance matérielle d'un jeune célibataire, un appartement à deux pièces. Ensuite, le salon de l'épouse présidentielle avec, sur la gauche, un écran plat symbolique et une chaise, un divan, sur la droite. 
Majoie Ramzi ne peut voir son mari de président qu'à la télévision ... 
Alors, Didier Sèdoha Nassègandé, alias Salem Sachou, n'a pas fait économie de son talent ni de son énergie pour imprégner dans ses gestes la soif d'un journaliste de pénétrer dans l'intimité féministe d'une première Dame apparemment peu engagée dans sa mission de conseil à son époux de président. Il réussit le jeu du naïf qui se plante lorsque la phrase ultime de son interlocutrice l'atteint en plein cerveau et le ramène à la vraie mission en vue de laquelle il a été instrumentalisé : "Soit tu plonges en moi, soit je te plonge !" 
... ce qui la pousse à des actions aguicheuses envers son interviewer ...
C'est ainsi que Majoie finit par dévoiler la stratégie qu'elle a savamment ourdie pour combler le manque de tous ordres et dominant sexuellement qui la tend. De ses perles de hanche, elle réduit au silence la résistance trop morale de son vis-à-vis ; le corps-à-corps salvateur a lieu et, dès qu'une sorte de satiété libidineuse est atteinte, elle se débarrasse de son amant comme d'une orange sucée. La femme de haut rang, aigrie, grincheuse, piquante comme une épine et aguicheuse, c'est la psychologie qu'a réussi à concrétiser Josiane Térème ; elle s'est donné le courage et le talent de jouer à cette femme en chaleur et en furie, prête à tout pour qu'un bafouement de plus ne lui donne pas l'auto-fabrication de la confirmation du caractère piètre de sa personne. De la mise en avant de ses charmes au difficile triomphe final, en passant par un mur de règles éthiques dont elle s'est heurtée aux aspérités, elle a touché le public de l'expression des lambeaux de ce qu'elle est, elle, pourtant respectable. 

... qu'elle finit par harceler ouvertement ...
Et, ce n'est pas Mathieu Koko qui, dans son double rôle sucessif de collègue de Salem Sachou et de chef d'Etat cocu, n'a pas été méritant, surfant entre sa personnalité professionnellement négligente de journaliste et celle politiquement surbooké et inefficace de président de la République.   
... assurée de sa réussite, manipulant la perle de hanches ...
... et finit par les conduire aux ébats fatidiques.
Broutant allègrement dans ce vaste registre de réussites, Giovanni Houansou, le jeune metteur en scène, lui aussi, en réussite, tire sa force de la simplicité réaliste du décor et de la décomposition de la pièce en différentes séquences aboutissant au point final de l'acte sexuel dont il a magnifié l'exercice sans choquer, sans rendre un jeu intolérable aux âmes sensibles et pudibondes : des soupirs conjugués et appropriés soutenus par un balancement harmonieux des deux corps debout, sur un fond de lumière de boîte de nuit dans une séquence de zouk love. Pour finir, toute la pièce Tremblement de corps se met sous les feux de la rampe de la valeur littéraire ; cette mise en scène contribue à valider une jeune plume dramatique dont la valeur a précédé le nombre des années : Hurcyle Gnonhoué.

Marcel Kpogodo


Brice Bonou, à gauche, les acteurs Mathieu Koko, Josiane Térème et Didier Nassègandé et, les surplombant, Hurcyle Gnonhoué, à gauche, et Koffi Attédé, à droite ...

... et, enfin, le metteur en scène, Giovanni Houansou, entouré de Régis Dapko, le régisseur, à gauche, et de Rodrigue Kouyayi, à droite

Impressions d'après-représentation

Hermas Gbaguidi, dramaturge et metteur en scène : "Les jeunes ont essayé ; il faut se réjouir du travail qu'ils ont fait. Je tire un chapeau à Giovanni et à ses collaborateurs !"

Humbert Quenum, comédien professionnel : "C'est une pièce à deux tableaux, le premier étant celui des échanges entre les deux journalistes qui parlent de la préparation de l'interview et, le deuxième, c'est le dialogue entre le journaliste et la première Dame. Le dialogue du premier tableau n'est pas au niveau du dialogue du deuxième. Le défi du metteur en scène était de travailler au moins à égaler les dialogues ou à entrer dans un processus d'évolution du premier tableau vers le deuxième. Je vois qu'ils ont choisi l'approche d'aller dans une progression du premier vers le deuxième tableau, et qu'il y a une évolution du dialogue, à un certain niveau, dans le deuxième tableau. Ce n'est pas mal comme approche de mise en scène. Je trouve aussi que les comédiens ont joué simple, ce que j'aime bien ; ils n'ont pas cherché à instrumentaliser le texte, de se l'approprier et de pouvoir communiquer leur personnalité au public."         

Brice Bonou, Promoteur culturel : "Je peux dire que le spectacle a satisfait mes attentes, en tant que porteur du Projet. Ayant défini tous les axes dès le départ, il a satisfait mes attentes. Mais, c'est le public qui dira s'il est bon ou pas".







Giovanni Houansou, metteur en scène de "Tremblement de corps" : "Aucune mise en scène n'est abordable aisément. Cette pièce, particulièrement, était assez difficile à aborder, parce que l'auteur a utilisé un niveau de langue vraiment vraiment fort. Il fallait procéder à une sorte de contextualisation, de sorte à agir beaucoup plus sur les images ; elles sont beaucoup plus compréhensibles. Pour les populations qu'on devait rencontrer et les localités que nous avons traversées, il fallait agir sur les images, pour que le niveau de langue ne soit pas un frein à la compréhension. Donc, dans cette optique, la mise en scène devait aller plus fort et nous amener à réfléchir, et à trouver les images justes pour montrer ce qu'on voulait montrer et pour nous faire comprendre. Donc, ce n'était pas abordable, mais cela a été abordé. Ce n'était pas facile, mais cela a été fait. Pour atteindre ce résultat, nous avons eu l'appui de certains aînés qui ont apporté un regard extérieur, en ce sens qu'au cours du travail, ils sont venus voir et ils ont posé leur œil de quelqu'un qui n'était pas dans le processus au départ. Ceci leur a permis de nous faire voir des choses, de poser des interrogations qui nous ont amenés à réfléchir encore. Et, à plusieurs reprises, nous avons été amenés à retourner un peu en arrière. "Ah! Telle chose ne fonctionnait pas très bien ... ", "Quelle est la compréhension que les gens de l'extérieur peuvent avoir de la chose?" Tout cela nous a permis d'aboutir à un résultat qui, ma foi, n'est pas négligeable. 
Quant aux scènes érotiques suggestives, c'était la préoccupation majeure quand on voulait aborder cette mise en scène, parce que tout le monde se demandait : "Comment il va traiter ces scènes ? Est-ce qu'on va montrer les gens en train de faire l'amour ? Ce qui serait vulgaire et, on ne serait pas au théâtre, parce que cela ne servirait à rien de montrer à quelqu'un comment on fait l'amour ; tout le monde sait comment on le fait à la maison. Ces scènes-là devaient être travaillées de sorte à offrir une image qui suggère ce fait, une image qui soit universelle et compréhensible, acceptable de tous. Et, cette interrogation qui nous a amenés à réfléchir, nous avons passé plein d'images et, on a finalement opté pour cette scène que vous avez vue. C'est vrai que vous allez voir qu'à un moment du spectacle, la dame soulevait un peu sa jupe et, là, les gens ont eu peur, ils se demandaient comment cela allait se passer. Pour nous, c'était une façon de dérouter l'attention ; qui suivait le spectacle pouvait croire que nous irions à l'acte, mais nous n'y sommes pas allés. C'est une façon pour nous de surprendre le public. Ils ont fait l'amour, vous l'avez compris ; c'est déjà bon, c'est ce qu'on voulait."

Josiane Térème, alias Ramzi Majoie : "Il faut comprendre une chose : celle que vous avec vue sur la scène, ce n'était pas Josiane ; vous avez vu Madame Majoie Ramzi : c'est différent de Josiane. Donc, j'ai incarné un personnage. Pour cela, il fallait que je me l'approprie avant de pouvoir l'exprimer, l'extérioriser, il fallait . Si je ne suis pas convaincue de ce que je fais, je ne peux pas en convaincre les autres. Donc, vous n'avez pas vu Josiane Térème, là, sur scène, mais vous avez vu Majoie Ramzi, sur scène, c'est deux choses carrément différentes. Pour la nudité, c'est un personnage imaginaire que vous avez vu, libre à vous de prendre ce que vous voulez et de laisser ce que vous ne voulez pas, c'est libre à vous de le comprendre. 
En fait, le travail de comédienne est une recherche perpétuelle, on cherche chaque jour que Dieu fait. Si tu es appelée à incarner un rôle, il faut voir tous les contours de la chose, il faut d'abord une culture personnelle de la scène ; un comédien est amené à faire n'importe quoi, si on me demande de me mettre nue et de jouer un personnage qui n'est pas moi, Josiane Térème, je le ferai, parce que c'est ça mon rôle, c'est ça mon boulot, c'est de ça que je vis. Quand on vit de quelque chose, on s'y met à fond pour le faire, de manière bien, de manière correcte. 
Je me dis que la nudité que vous avez vue, c'est mon travail de comédienne, j'ai joué mon rôle comme mon metteur a su me guider, a su me l'inculquer, a su me le faire comprendre et à me le faire jouer ; j'en suis fière.
J'ai commencé en 2004 au Club Unesco de l'Université de Kara (Nord-Togo, Ndlr). Mais, j'ai commencé effectivement ma carrière professionnelle en 2007-2008, ce qui m'a fait révéler au grand public togolais, à l'actuel Institut français du Togo. A part ça, j'ai fait des scènes internationales en France, en Belgique, j'ai joué au Burkina, au Niger, au Cameroun, pour ne citer que ces pays. C'est une expérience pour moi. Je me dis que la scène, c'est ma vie, et je ne sais pas faire autre chose. Je suis titulaire d'une Maîtrise en Sciences du langage et de la communication, j'ai aussi un diplôme de Marketing et de télécommunications, et un diplôme de Management. Mais, quand l'art te prend, il te prend, il est en toi, il faut que tu l'extériorises, tu ne peux pas faire autrement, ça t'appelle, ça t'appelle ! 
Il y a quelques années, je ne pouvais pas oser dire que je vivais uniquement du théâtre, mais, aujourd'hui, je peux le dire, je l'affirme haut et fort : même si ce n'est pas tout le temps qu'on a un contrat, ou qu'on nous appelle sur de grandes créations, j'arrive quand même à m'en sortir, je trouve au moins mon pain quotidien. Je suis aussi dans le cinéma, la publicité. Donc, je vis de mon art qui est l'art de la scène". 


Hurcyle Gnonhoué, auteur de "Tremblement de corps": "Le message de ma pièce, il est tout simple : du point de vue sociologique, c'est la question de la condition de la femme, telle qu'elle est traitée, de nos jours, à travers tout ce qui est cérémonies et fora. Ce n'est pas que cela me gêne, mais la manière dont c'est traité me gêne, de telle sorte qu'on n'a pas idée qu'il y a une catégorie de personnes qui peut bien souffrir de cela. Ici, j'ai voulu jeter mon regard dans l'univers des premières Dames, pour voir un peu comment ça se passe, puisque c'est éminemment elles qui sont d'abord devant l'actualité de la condition de la femme. Et, l'imagination m'a permis de construire cette pièce que nous avons eue, pour constater, justement, que ce n'est pas forcément évident qu'une première Dame soit heureuse tel qu'on puisse le penser, puisque l'épanouissement de la femme, ça passe aussi par la présence affective de l'homme qui, désormais est Président et qui donc, est président  d'un pays et, un peu moins, le mari d'une femme. C'était le message essentiel. En dehors de ça, puisque nous évoluons dans un univers politique, d'autres questions d'ordre politique se sont infiltrées pour construire la trame de la pièce. Prenons, par exemple, le statut du journaliste, le journaliste qui peut être démis, à qui on peut arracher son émission, par exemple, à partir d'une simple décision d'un président ou d'un directeur d'organe, sous l'influence d'un président ou bien d'une autorité, tout simplement. En tant que telle, on a toujours dit que la presse est le quatrième pouvoir, mais, moi, je pose la question, dans cette pièce, par exemple " Est-ce que la presse est restée un pouvoir? Est-ce qu'elle peut faire montre d'un statut de pouvoir et rivaliser même, en imposer de ce statut de pouvoir aux autres pouvoirs que sont le judiciaire, le législatif et l'exécutif ?" Au-delà de tout, ma pièce, c'est beaucoup plus de l'imagination, de l'imagination nourrie de faits quotidiens. Je n'en veux pour preuve que les différents déplacements de nos Président, qu'ils soient américains, africains ou européens ; tels ils bougent que je me demande s'ils ont une vie privée, à la fin. Et, me mettant un peu à la place du justicier, je me suis demandé si leurs épouses bénéficient de leur présence. Tout près de chez nous, tout près de nous, les gens disent voir des présidents qui bougent beaucoup, les gens disent des choses qui ont trait à des présidents ; j'ai eu des retours de la pièce, déjà éditée, qui m'ont mis sur des pistes réelles qui nous entourent, que nous côtoyons tous les jours. Mais, je dis : l'imagination a une grande part dans cette création. Et puis, la création se nourrit de son environnement aussi". 


Propos recueillis par Marcel Kpogodo