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samedi 7 août 2021

Les Recico reviennent en force avec plus de 20 films en compétition

Dans le cadre de la 2e édition du Festival de cinéma

Les Rencontres cinématographiques et Numériques de Cotonou (Recico) auront lieu dès le mois de septembre 2021 à Togbin, dans la banlieue ouest de Cotonou, au Bénin, selon les informations qu’a bien voulu en partager Dimitri Fadonougbo, le Délégué général du Festival concerné de cinéma. Une vingtaine de films africains sont prévus pour animer la compétition en vue de la conquête du Prix d’Or ’’Paulin Soumanou Vieyra’’.

Dimitri Fadonougbo


6 films de fiction de long métrage, 5 de fiction de court métrage, 7 films documentaires de long métrage et 2 films documentaires de court métrage, de même que 5 films réalisés par des étudiants en formation dans des écoles de cinéma. Les 25 réalisations africaines qui animeront la deuxième édition des Rencontres cinématographiques et Numériques de Cotonou (Recico), prévue pour avoir lieu du 25 septembre au 2 octobre 2021 à ’’Kwabo’’, le village du festival, circonstanciellement construit et qui se situera à la plage de Togbin, à l’ouest de Cotonou.

Les films attendus pour être visionnés et évalués émanent de pays diversifiés d’Afrique. Ainsi, dans la catégorie des films de fiction de long métrage, le Kenya s’annonce, respectivement, avec ’’Rafiki’’, de Wanuri Kahiu, et ’’Supa mondo’’ de Joffe Taryn, pendant que la Tunisie se fera représenter par ’’Fatwa’’ de Ben Mohmound, le Maroc, par ’’Indigo’’, de Selma Bargach, le Mali, par ’’Barkomo’’, d’Aboubacar B. Draba et de Boucary Ombotimbé, et qu’enfin, le Burkina Faso postulera avec ’’Duga les charognards’’ d’Abdoulaye Dao et d’Hervé Lengani.

Du côté des films de fiction de court métrage, le Togo manifestera une triple présence à travers ’’Les tueurs verts’’, ’’Un mariage mortel’’ et ’’Pourquoi moi ?’’, des productions respectivement réalisées par Kossivi Nolitsé, Sèwa Mensah-Domkpin et Dieu-Donné Tchani. Quant au Bénin et au Gabon, ils se feront remarquables dans la même catégorie à travers ’’Les vulnérables’’ de Samuel Aményénu et ’’Afiti’’ de Wilfried Lengoyé Ombamba.

Avec les films de documentaire de long métrage, le Bénin sera représenté par le jeune réalisateur béninois, Tchayé Okoudjou, avec ’’Owo-Lobè, mystère d’un homme’’. Ce film entre en compétition avec ’’Le loup d’or de Balolé’’, de la Burkinabè, Aïcha Boro Leterrier, ’’Jean Rouch, cinéaste africain’’, de l’Ivoirien, Idriss Diabaté, ’’Kinshasa makambo’’ de Dieudo Hamadi, de la République démocratique du Congo, ’’Le cimetière des éléphants’’ d’Eléonore Yaméogo, ’’On a le temps pour nous’’, de la Sénégalaise, Katy Léna Ndiaye, et avec ’’Quel valeureux nom as-tu ?’’, du Malien, Salif Traoré.

De plus, pour les films documentaires de court métrage, il faudra compter avec ’’Vernissage O’’, du Béninois, Giscard Dah-Fonton, et ’’3ème âge’’, du Togolais, Martial Folly-Kouévi. Enfin, selon Arsène Kocou Yémadjê, Coordonnateur chargé de la Programmation, cinq films d’école de cinéma seront retenus ultérieurement pour s’affronter afin que le meilleur décroche le prix destiné à cette catégorie.

Puis, à l’effet de l’évaluation de l’ensemble de ces films, deux jurys seront constitués : celui des films de long métrage, que dirige l’universitaire tunisienne, Sayida Bourguiba, et celui des films de court métrage et des films d’école, que coordonnera Clémentine Lokonon, journaliste et réalisatrice béninoise, ancienne vice-présidente de la Haute autorité de l’Audiovisuel et de la communication.

 

 

Des distinctions

Concernant les distinctions qui départageront les concurrents, le Délégué général des Recico, Dimitri Fadonougbo, précise qu’il y aura, d’une part, le Grand prix ’’Paulin Soumanou Vieyra’’, de la catégorie des longs métrages, le Grand prix ’’Paulin Soumanou Vieyra’’, de la catégorie des courts métrages et, d’autre part, le  Prix du Meilleur film documentaire de long métrage, celui du Meilleur film documentaire de court métrage, les prix du Jury, de la Meilleure réalisation, du Meilleur scénario, du 1er rôle féminin, du 1er rôle masculin, de la Meilleure direction de la photographie, du Meilleur montage, de la Meilleure musique de film, sans oublier les prix immortalisant des personnalités remarquables du cinéma : les Prix ’’Joseph Kpobly’’, du Meilleur décor de long métrage, ’’Grégoire Noudéhou’’, du Meilleur décor de court métrage, ’’Pascal Abikanlou’’, du Meilleur film de fiction d’école, ’’Pascal Abikanlou’’, du Meilleur film documentaire d’école, et ’’Donatien Gbaguidi’’, du Meilleur article de critique de cinéma.

Se rapportant aux prix spéciaux, pour Dimitri Fadonougbo, il s’agit des Prix ’’Président de la République’’, ’’Général Mathieu Kérékou’’, ’’Mairie de Cotonou’’ et ’’Frédéric Joël Aïvo’’ pour la défense de la démocratie. Ils sont uniquement destinés aux films de long métrage.

En dehors de toute compétition, toujours selon Arsène Kocou Yémadjê, cinq films en provenance du continent européen viendront créer un effet de diversification culturelle au niveau des festivaliers avec les longs métrages ’’Tilo Koto’’ et ’’Le rêve français’’, des réalisateurs français, Sophie Bachelier et Valérie Malek, d’une part, et de Christian Faure, d’autre part, ’’Congo Lucha’’, et ’’La prochaine fois que je viendrai au monde’’, respectivement, des Belges, Marlène Rabaud et Philippe Pierpont, puis, enfin, avec ’’Quand Paul traversera la mer’’, de l’Allemand, Jakob Preuss.

 

Aperçu d’un programme dense


Affiche officielle des Recico 2021


Placées sous le thème, « Cinéma, art et économie », qui fera l’objet d’un colloque international du 27 au 29 septembre 2021 au campus d’Abomey-Calavi, les Recico qui, selon Dimitri Fadonougbo, espèrent drainer plus de 1500 visiteurs, donneront l’occasion du croisement attendu entre les réalisateurs de plusieurs pays africains puis européens, tous les autres ordres de festivaliers parmi lesquels il y aura les professionnels des métiers du cinéma, et le public. Ce sera à travers une série d’activités telles que le Marché international de Films (Mif) pourvu de 25 stands promotionnels pour une soixantaine de films attendus, des débats forum sur les films en compétition, un atelier de formation sur la musique de film, qui, particulièrement, se tiendra du 27 au 30 septembre.

En outre est prévue une animation quotidienne de ’’Kwabo’’, le village des Recico, sis quartier de Togbin, non loin de la mer, à travers des manifestations culinaires, commerciales, artistiques et culturelles, sans oublier que l’espace de projection de films de ’’Canal Olympia’’, sis quartier de Wologuèdè, à Cotonou, est l’un de deux sites prévus pour le visionnage par les jurés et le public des films sélectionnés et qu’il abritera la cérémonie officielle d’ouverture des Recico, de même que celle de la clôture, suivie de la remise solennelle des distinctions. Quatre catégories spécifiques de badges donnent accès à ces manifestations.   

Marcel Kpogodo Gangbè

vendredi 26 juin 2020

Recico 2020 : le Prix ’’Donatien Gbaguidi’’ institué

Dans le cadre des innovations de la 2ème édition du Festival

La deuxième édition des Rencontres cinématographiques et numériques de Cotonou (Recico) aura lieu. Parmi les innovations annoncées par Dimitri Fadonougbo, Délégué général du Festival, l’instauration d’un prix spécial pour honorer et immortaliser la mémoire du journaliste culturel très connu, Feu Donatien Gbaguidi. La nouvelle en a été apportée à travers une conférence de presse, qui s’est tenue le jeudi 25 juin 2020 à Cotonou.

Dimitri Fadonougbo, dans ses explications, au cours de la conférence de presse

Le Prix ’’Donatien Gbaguidi’’ du Meilleur article de critique de cinéma. L’un des cinq prix spéciaux, qui sera décerné à partir de la 2ème édition des Rencontres cinématographiques et numériques de Cotonou (Recico), qui aura lieu du 29 août au 5 septembre 2020, selon ce qu’en a annoncé Dimitri Fadonougbo, Délégué général du Festival concerné, au cours de la conférence de presse, qu’il a animée le jeudi 25 juin 2020 à la salle de conférence de la Direction générale du Centre national de la Cinématographie et de l’image animée (Cncia).


« Nous ne célébrons pas assez les valeurs de chez nous », a regretté le conférencier justifiant la décision prise par le Comité d’Organisation des Recico, sans oublier de préciser les liens forts qui unissaient le journaliste culturel, Feu Donatien Gbaguidi à l’événement, lui qui a été appelé à Dieu le 17 août 2018 : « Il est aussi le fondateur de ce Festival ». Ainsi, les journalistes culturels accrédités pour la couverture médiatique des activités des Recico, dès l’édition 2020, pourront choisir un article de critique de film parmi ceux qu’ils auront produits afin de postuler au prix concerné.   


Pour Dimitri Fadonougbo, il a été créé, à cet effet d’hommage et d’immortalisation, deux autres prix spéciaux concernant des personnalités représentatives du secteur des Arts et de la culture. Il s’agit, d’abord, du très célèbre décorateur béninois, Feu Joseph Kpobly, par rapport à qui sera attribué le Prix spécial ’’Joseph Kpobly’’ du Meilleur décor des films de long-métrage. Ensuite, le Prix spécial ’’Grégoire Noudéhou’’ sera décerné au Meilleur décor des films de court-métrage. 


Concernant le Prix spécial ’’Mathieu Kérékou’’ et le Prix spécial du Président de la République, ils sont traditionnels et maintenus, le premier, pour rendre hommage à l’ancien Président de la République du Bénin pour le combat qu’il a mené, pendant ses années de gouvernance, afin que soit votée par l’Union africaine en 2003 la Décision 69 permettant de mettre en orbite le cinéma africain. Se rapportant au Prix spécial du Président de la République, « il n’a pas de couleur », a lancé Dimitri Fadonougbo, avant de continuer : « Ce Prix n’est attribué que lorsque le président de la République a mené des actions en faveur du cinéma béninois ». 


A considérer que le Grand prix, le plus prestigieux des Recico, est le Buste d’Or ’’Paulin Soumanou Vieyra’’, ce Festival se particularise par la confection de prix dédiés à célébrer de grands noms en rapport avec le développement du cinéma africain et béninois.


D’autres innovations fortes

Des débats de films, un atelier de formation, le Forum africain des Producteurs et les ’’Recico Pro’’. Les grandes innovations présentées par Dimitri Fadonougbo, dans un contexte où les Recico entendent, après une deuxième édition, marquer les esprits et s’imposer, les années à venir, comme un rendez-vous obligé des professionnels du cinéma au Bénin, en Afrique et dans le monde.


Ainsi, le conférencier a d’abord évoqué les débats de films comme un creuset dans lequel les journalistes accrédités sur le Festival pourront échanger avec les réalisateurs des films diffusés. Quant à l’atelier de formation, les séances de renforcement de capacités prendront en compte la musique de film, la décoration et le scénario. Pour Dimitri Fadonougbo, « la musique connaît de bons praticiens au Bénin, qui pourront être orientés vers la musique de film, une véritable filière capable de procurer des revenus à l’artiste musicien en matière de droits d’auteur, notamment ». Et, si le scénario a aussi été visé par le Comité d’Organisation afin de servir de thème à une formation, c’est pour « faire disparaître progressivement les carences en la matière, éviter l’à-peu-près », a-t-il détaillé. 


Par ailleurs, les Recico 2020 s’engagent dans la mise en place du Forum africain des Producteurs, une instance panafricaine du cinéma, liée à la Décision 69, votée par l’Union africaine en 2003 à Maputo. « Il faut un dispositif africain pour le financement des films parce que les guichets occidentaux classiques de financement nous amènent à des films qui ne nous ressemblent pas ! », s’est-il indigné. « Des producteurs africains viendront au Bénin pour y réfléchir », a-t-il promis.


Enfin, les ’’Recico Pro’’ constituent une autre innovation de taille de l’édition 2020 du Festival.    Selon le fonctionnement qu’en a précisé Dimitri Fadonougbo, il s'agit d'un projet conçu pour aider à une production cinématographique d'une réelle qualité par un appel à des scénarios de court-métrage, dont les meilleurs seront sélectionnés pour faire l'objet d'un financement par des partenaires des Recico. Le conférencier a alors rassuré sur l'action d'une commission d'évaluation de tout le processus de travail sur le projet de film retenu afin de garantir la bonne utilisation des ressources mises par le partenaire à la disposition de la production du film.



La phase classique des Recico 2020

Les Recico 2020 portent sur le thème, « Cinéma, art et économie », qui, à en croire le Délégué général, Dimitri Fadonougbo, fondera un colloque de deux jours, l’une des activités attendues, sans oublier la compétition de films dans les catégories classiques de production de long-métrage, de court-métrage, d’animation, d’école, entre autres. En outre, il s’animera un Village du Festival, à la plage de Cotonou, au cas où le coronavirus aura cessé de dicter sa loi, en plus d’un Marché international de films, qui mettra en relation des « producteurs, des diffuseurs et des exploitants de films », selon le conférencier. « Ce sera un boom pour les Béninois ayant réalisé des films ; ils se donneront l’opportunité de les vendre », a-t-il continué. Et, pour clôturer les Recico, il y aura la Soirée de Gala afin de rendre public le palmarès des lauréats dans les différentes catégories et de distribuer les récompenses attenantes, surtout que, depuis le 5 mai 2020, la date du lancement de l’appel à films, 51 productions se sont fait inscrire par des réalisateurs en provenance de plusieurs pays : le Burkina Faso, le Togo, le Mali, le Sénégal, la République démocratique du Congo, le Maroc, la Tunisie et le Bénin. « Beaucoup d'activités des Recico, cette année, sont en discussion à cause de la pandémie du coronavirus », a déploré le Délégué général qui n'exclut pas un plan B permettant de tenir les activités possibles du Festival dans les limites qu'impose le respect des gestes barrière de lutte contre le Covid-19.

Marcel Kpogodo

dimanche 22 septembre 2019

Cinéma béninois : les Recico annoncées ont pris leur envol

Dans le cadre du lancement des activités du Festival cinématographique

Les rencontres cinématographiques et numériques de Cotonou (Recico), dans leur première édition, ont connu le lancement de leurs activités le samedi 21 septembre 2019 à Cotonou. Quelques semaines plus tôt, Dimitri Fadonougbo, à travers une conférence de presse, avait entretenu les journalistes sur le concept des Recico.

Dimitri Fadonougbo, l'initiateur des Recico, au cours de la conférence de presse
« Le cinéma, un art et une industrie, le gage sûr pour le développement ». Le thème de la première édition des Rencontres cinématographiques et numériques de Cotonou (Recico), un festival cinématographique annuel qui, en 2019, aura lieu du 21 au 28 septembre. La substance des informations dont a entretenu les journalistes culturels, le mardi 3 septembre 2019, Dimitri Fadonougbo, l’initiateur du Projet, au siège de la Fédération nationale de Théâtre (Fénat), sis quartier de Mènontin, à Cotonou.


Selon le conférencier, 5 films de court-métrage et, 5 autres, de long-métrage, sont d’ores et déjà sélectionnés pour concourir aux différents prix mis en jeu pour les Recico 2019. Concernant les œuvres cinématographiques de la première catégorie sont en lice ’’Batouré tem’’ de Kocou Yémadjê, ’’Suru’’ de Kismath Baguiri, ’’Colis 9’’ de Gildas Adamou, ’’Un air de kora’’ d’Angèle Dabiang et, enfin, ’’La trace’’, les trois premiers films étant béninois et les deux derniers portant, respectivement, les nationalités sénégalaise et burkinabo-gabonaise. 


Par rapport aux films de long-métrage ont été choisis pour concourir ’’Le voyage des oubliés’’ de Sénami Kpètèhogbé, ’’Desrance’’ d’Apolline Traoré, ’’Owo Oba, la récade de Zoundji’’ de Roger Nahum et Samson Adjaho, ’’Le grand tournant’’ d’Alain Déguénon et d’Exécute Mivékanne, puis, enfin, ’’Biyondo’’ de Pierre-Claver Tossou et Prince Ogoudjobi, toutes ces productions étant béninoises.


L'Affiche officielle des Recico
« Nous avons été très sélectifs, nous n’avons pas laissé la porte ouverte à toute production », a déclaré Dimitri Fadonougbo, pour expliquer le choix qu’un Comité restreint mis en place a effectué pour la sélection des films qualifiés pour concourir au Grand prix ’’Paulin Vieyra’’, et au Prix spécial ’’Général Mathieu Kérékou’’, sans oublier qu’il sera aussi décerné un Prix de la Critique de Cinéma et deux autres pour récompenser, respectivement, les clips vidéo et les spots publicitaires.


Se rapportant au Jury devant évaluer les films sélectionnés, il est constitué de noms remarquables du cinéma au Bénin et en Afrique. Dans la première catégorie, Jacques Béhanzin, Florisse Adjanohoun et Akambi Akala feront valoir leurs analyses, de la même qu’en Afrique, le cinéaste, Djaz.


A l’ouverture officielle du Festival, le samedi 21 septembre 2019, un master class sur le direction photo, animée par un spécialiste en la matière, Jacques Béhanzin, a ouvert ses portes et se clôt le lundi 23.

Marcel Kpogodo

mardi 28 février 2017

’’Père indélicat’’, furieux drame d’un double inceste

Dans le cadre d’une représentation théâtrale au Fitheb


La grande Salle du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a abrité, dans la soirée du jeudi 23 février dernier, la générale de ’’Père indélicat’’, une pièce de théâtre écrite par Dimitri Fadonougbo et mise en scène par Arsène Kocou Yémadjê. Elle retrace l’itinéraire catastrophique de Marc, un homme d’affaires dont l’appétit sexuel incontrôlé débouche sur deux situations incestueuses.

Une séquence sensible de ''Père indélicat''
Un coït subtilement présenté et assaisonné dont seul Arsène Kocou Yémadjê se trouve avoir le secret. Une séquence inouïe de la pièce, ’’Père indélicat’’, dont il a assuré la mise en scène et qui fut représentée, pendant 49 minutes, le jeudi 23 février 2017, à la grande Salle du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), de l’ex-Ciné Vog, à l’Avenue Steinmetz de Cotonou.

Meldy Gnamey, face au jeu du coït
La comédienne Meldy Gnamey, officiant, entre temps, comme un personnage neutre, s’est vue attribuer la lourde responsabilité de rendre compréhensible par le public une relation sexuelle, en bonne et due forme, entre Charbel et Angélique, deux amoureux transis, la seconde, présente sur scène, d’un bout à l’autre de la représentation, ayant été incarnée par Nadjibath Ibrahim. En effet, nous avions une scène circonstanciellement rendue romantique par un éclairage d’un sombre profond zébré d’un rouge cœur, et atténué par le jet d’une lumière blanche émanant d’un projecteur. Et, sur un fond du morceau mythique, ’’Sexual healing’’ du chanteur américain Marvin Gaye, Meldy Gnamey, armée d’un panneau en fond blanc sur lequel étaient marqués, de manière bien visible et, en noir, les noms de Charbel et d’Angélique, représentés, chacun, par la flèche correspondant à son sexe, a dispersé des fleurs de pétale avant de se saisir d’un string et d’une banane, un fruit qu’elle a passé dans l’un des espaces de la culotte, avant de l’éplucher, de le dévorer et de le recracher brutalement, répandant, de manière bien ostensible, la pâte sur le panneau. C’est ainsi que, symboliquement, se déroula la symbiose sexuelle entre les deux amoureux et, le jet de la banane mâchée, matérialisait une bonne éjaculation de Charbel. Du Arsène Kocou Yémadjê tout craché, un metteur en scène pour qui rien ne peut être tabou, même sur scène.
Cette séance copulative concrétisait un amour profond que contrariait Marc, homme d’affaires, père putatif d’Angélique, celui-ci qui, ignorant qu’elle était la fille qu’il avait eue d’Alice, son ancienne secrétaire qu’il avait mise enceinte et dont il avait rejeté la grossesse, s’était donné la mission de supplanter son fils Charbel dans le cœur de la jeune fille. Il y parvient superficiellement, entretenant des rapports sexuels avec elle, en contrepartie d’un legs important de ses biens. Le pot-aux-roses du père qui couche avec sa propre fille est découvert au cours d’une explication entre Alice et son ancien amant de Marc, en présence d’Angélique. Et, tout compte fait, Marc, la force thématique, sort grand gagnant du jeu, lui qui, à plusieurs années d’intervalles, a réussi à faire succomber Alice et Angélique, l’une et l’autre, s’étant constituées en personnages adjuvants de l’objet de cet homme qu’est la recherche effrénée de la jouissance sexuelle. L’une et l’autre ont aidé Marc dans sa victoire par leur situation de sujétion, la première ayant subi l’influence du patron et, la seconde, se laissant emporter par toute sa fascination du charisme de Pdg de Marc, de son statut social attrayant, de son bon train de vie, de ses possessions. Si, finalement, Angélique et lui constituent les destinataires de l’objet poursuivi par Marc, c’est que lui peut s’enorgueillir d’avoir enrichi son tableau de chasse et que la promise à Charbel a gagné du côté de son patrimoine qui s’est richement étoffé. Marc, ayant comme destinateur une concupiscence charnelle sans frein, fini comme un anti-héros bien gâté. En effet, les opposants à son action ont peu de ressources pour le faire tomber : Charbel, son fils, absent physiquement dans le jeu de la pièce et visiblement respectueux de son père, Solange, la secrétaire de Marc qui s’essaie à un certain chantage, et Alice qui occasionne la délivrance de la vérité.
Marc reste finalement impuni de ses graves écarts moraux, lui qui porte lourdement sur la conscience une relation sexuelle avec une fille de 13 ans, deux assassinats dont celui d’un ministre des finances, et de la fraude fiscale, un peu comme si la pièce voulait fortement toucher du doigt un sport en vogue dans notre pays : l’impunité des intouchables.  

De gauche à droite, Meldy Gnamey, Patrick Gbaguidi, Nadjibath Ibrahim, Arsène Kocou Yémadjê et Dimitri Fadonougbo
Il a fallu un décor à la fois sobre et suggestif pour rendre compte d’un drame dont toute la poigne a été quelque peu affaiblie par le jeu mal équilibré de Meldy Gnamey et de Nadjibath Ibrahim, Solange et Angélique dans la pièce, ces comédiennes chez qui l’on ne pouvait s’empêcher de sentir la tiédeur liée à la prise en charge, apparemment, pour la première fois, d’un rôle d’une telle envergure sociale, la première ayant fait perdre tout naturel à son jeu, la seconde qui en débordait plutôt, spectaculairement, et qui n’a pas trop bien ajusté le geste aux sentiments que suggérait le texte qu’elle tentait de dire si bien. Par ailleurs, Patrick Gbaguidi, dans le rôle de Marc, a-t-il pu restituer le charisme de l’influent homme d’affaires ? C’est juste s’il peut avoir à son actif d’avoir faire ressortir le caractère charnellement concupiscent de ce personnage. Comme si les trois acteurs s’étaient passés le mot de la tiédeur, lui aussi n’a pu échapper à une certaine fadeur de jeu. Ce sont autant de problèmes qu’est venue faire oublier l’imagination généreuse d’Arsène Kocou Yémadjê qui a aussi bien donné une chance à des comédiens de se produire qu’il a réussi à rendre possible ce qui apparaissait impossible à communiquer : le sentiment de la réalisation de l’acte sexuel.


Marcel Kpogodo