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mardi 28 novembre 2023

Éric Médéda, des questions vitales sur la tradition

Dans le cadre d'une exposition à Cotonou

Une exposition collective s'est ouverte le samedi 25 novembre 2023. L’événement se passait au Centre culturel chinois de Cotonou, au Bénin. Eric Médéda, artiste contemporain, appartient au groupe des créateurs chinois et béninois. Il y montre quatre œuvres. Elles concernent la tradition béninoise. Il l’explore par des questions sur les trois dimensions du temps.


Eric Médéda, au cours du vernissage au Centre culturel chinois

Qu'avais-je été avant aujourd'hui ? Qui suis-je ? Que suis-je devenu ? Les questions fondamentales que se pose l’artiste contemporain béninois, Eric Médéda, pour le compte d’une exposition collective bénino-chinoise dont le vernissage a eu lieu le samedi 25 novembre 2023, à la salle polyvalente du Centre culturel chinois de Cotonou.

Les trois questions indiquées sont au centre de l’œuvre, ’’Tombée des masques’’. Le visiteur peut en découvrir trois autres, produites par Eric Médéda. Elles l’ont été au cours de la résidence de création ayant débouché sur l’exposition.

’’Partir ou Rester’’ porte un message profond dont seul le contact visuel du visiteur lui permettra le décryptage. Selon Éric Médéda, la toile aborde la soif du citoyen béninois d'aller vers les traditions étrangères. « Pour nous, Béninois, la question se pose tous les jours : est-ce que je dois partir ou rester, avec la richesse de mes traditions spirituelles, sociales, etc. ? Où aller et par quel chemin ? », a clarifié l’artiste, lors d'une brève présentation, au vernissage de l'exposition en question.

Sur cette peinture abstraite, il s’aperçoit trois portes ouvertes sur une ombre indécise d'un début de voyage vers d'autres horizons. Cette œuvre nourrira certainement la réflexion des visiteurs sur la question de la rencontre avec les traditions de différents pays.

Quant à ’’La Rencontre’’, il s’agit d’un tableau à découvrir absolument. Avec ’’L'Oubli’’, l’artiste s’exprime à travers la conception de jeux de flèches. Il y dénonce une faille importante de la mémoire de l'humanité, donc, la tradition. Elle laisse disparaître des pans remarquables de l'histoire.

La plupart des œuvres de l'artiste sont réalisées à travers une technique mixte, avec de l'acrylique sur toile. Elles appartiennent à une exposition collective qui se clôt le 29 novembre 2023. Elle a pour thème, “Traditions - Transversées - Transmissions”. Elle est le fruit d’une résidence de création. Elle a débuté le 10 novembre 2023 pour s’achever le 23. Elle a engagé la synergie du travail entre cinq artistes contemporains béninois et six, chinois, tous, de la nouvelle génération. Premièrement, à part Eric Médéda, il y avait Pierre Mahoussi Ahodoto, Charles d’Almeida, Anne-Marie Akplogan et Sika da Silveira. Deuxièmement, Junxian Zhang, Kai Yan, Haimian Li, Waiwai, Yuan Huang et Bin Liu sont spécialement venus de la Chine pour s’impliquer dans la manifestation artistique.



Eric Médéda, une énergie profonde et abondante


L'artiste contemporain vient d’une précédente exposition. Elle s’intitulait ’’Anonymous’'. Elle s’est déroulée du 15 septembre au 16 novembre 2023. Elle avait pour site le restaurant, ’’La gallery’’, situé à Cotonou, au quartier de Ganhi. Eric Médéda y avait présenté non moins d’une quinzaine de toiles amenant à une profonde réflexion sur les êtres anonymes et les ombres. Elle avait connu un vernissage auquel a pris part Jean-Michel Abimbola, ministre béninois du Tourisme, de la culture et des arts.

A l’occasion, l’artiste s’était exprimé pour aider le public à la compréhension de ses productions du moment : « Ce que nous voyons dans cette salle nous invite à un spectacle orchestré par les ombres. Pour moi, les ombres, particulièrement, dans l'obscurité, incarnent la richesse de notre tradition initiatique au Bénin, en Afrique. En effet, huit initiations sur dix se déroulent dans la nuit, dans notre culture, symbolisant, ainsi, notre passage de l'obscurité à la lumière ».

A travers ses œuvres, l'artiste faisait percevoir la préservation du précieux héritage culturel immatériel du Bénin. Il expliquait sa démarche de travail, en ces termes : « J'ai choisi, au départ, la technique du tamis pour rétablir les liens avec notre histoire. Cependant, en le faisant, j'ai ressenti que nous laissions de côté les acteurs de cette histoire. C'est pourquoi, je représente, désormais, ces personnes dansantes, disparues, impossibles à identifier, sur mes toiles. Ce sont peut-être des individus issus d'histoires que j'ai entendues ou qui naissent de mon imagination quotidienne. Mon but est aussi de révéler le secret immatériel caché dans le couvent ».

Coffi Adjaï, curateur de l'exposition, avait donné son décryptage du choix du thème de l’exposition, ’’Anonymous’’. Selon lui, il est né d'une question fondamentale : « Pourquoi ne pouvons-nous pas voir les visages de ces êtres invisibles qui viennent et qui repartent sans que nous puissions identifier leur identité ? » Cette interrogation a naturellement conduit à l'utilisation du mot “Anonyme”, se traduisant, en anglais, par “Anonymous”, pour désigner l'exposition.

« L'exposition, ’’Anonymous’’, explore le mystère des visages que nous cherchons mais que nous avons perdus. Nous rencontrons des individus, au quotidien, sans aucune garantie de les revoir le lendemain, parfois, même, sans nous souvenir d'eux. Ces rencontres fugaces et ce message sont partie intégrante de cette exposition », avait ajouté Coffi Adjaï.


Des œuvres qui ont beaucoup questionné


Les œuvres exposées invitaient à la réflexion. Parmi elles, ’’Messagers Communs’’ se préoccupait de la communication et de l'harmonie entre les êtres humains. Éric Médéda avait, alors, partagé sa compréhension de cette œuvre. « À l'origine, j'avais baptisé cette œuvre, ’'Tolègba’’. Il s'agit de l'être commun à chacun de nous, qui communique intérieurement des messages d'union et de paix ».

L'œuvre éponyme de l'exposition, ’’Anonymous’’, encourageait, quant à elle, les visiteurs à plonger au plus profond d'eux-mêmes, là où ils restent souvent anonymes pour les autres, afin de construire et de définir leur véritable identité. « C'est une invitation à chacun de nous, confronté à sa propre profondeur anonyme, à se construire et à découvrir sa véritable essence ». Cette exposition pouvait, ainsi, être considérée comme un fondement pour conduire à un certain développement personnel chez les visiteurs.

Lors du vernissage, le ministre, Jean Michel Abimbola, avait adressé ses félicitations à l'artiste, Éric Médéda. « Nous croyons en cet artiste qui a fait ses preuves et qui possède une signature artistique reconnaissable. En nous associant à l'exposition, ’’Anonymous’’, nous nous engageons à transmettre son message, un message qui puise au plus profond de notre patrimoine culturel immatériel au Bénin. Éric Médéda explore l'anonymat, les ombres, avec une délicatesse qui semble caresser la toile. Son approche légère résonne avec une quête philosophique transcendante, questionnant l'essence de l'anonymat, des fantômes, des revenants, et de l'esprit. Tout cela transparaît dans ses peintures et dans les thèmes qu'il aborde ».


En relation avec le retour au Bénin des 26 trésors royaux ...


Éric Médéda s'était illustré en participant à l'exposition contemporaine ayant accompagné le retour des 26 trésors royaux. Elle s’intitulait : « Art du Bénin d'hier à aujourd'hui : De la restitution à la révélation ». L'artiste, à travers l’exposition, ’’Anonymous’’, en avait exploré la dimension spirituelle par son œuvre, ’’Seules ou deux’’. Il y partageait une expérience personnelle, à en croire ses explications. « En peignant cette œuvre, j'ai rencontré spirituellement ma défunte mère, à plusieurs reprises, en me posant inlassablement la question : est-elle seule dans son univers éternel ou sommes-nous à deux dans mon atelier de travail ? ».

La démarche thématique d'Éric Médéda, lors de l’exposition, ’’Anonymous’’, mettait aussi en lumière le rôle essentiel des femmes dans la préservation de la richesse culturelle. Il faisait comprendre que l'anonymat imposé aux femmes avait une valeur culturelle significative : « On pourrait penser que, dans notre environnement, au Bénin, les femmes sont privées de liberté d'expression mais c'est une idée fausse. Les hommes, avec sagesse, préservent toute la richesse que détient la femme. Par exemple, lors de l'intronisation d'un roi, dans la culture béninoise, les femmes jouent un rôle prépondérant ».

Léandre Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo



Des personnalités se sont prononcées sur l'exposition, ’’Anonymous’’, après l’avoir visitée


Ludovic Fadaïro, artiste plasticien : 

« Éric est un artiste que je suis depuis un certain temps, et mes impressions ne peuvent qu'être empreintes de fierté. La manière dont il franchit les étapes, sans difficulté, montre qu'il a le désir d'aller plus loin et de se révéler davantage au monde. Le Bénin est un grand pays de création, car nous avons eu la chance d'avoir un cousin qui est le ’’vaudou’’. Nous avons l'accoutrement, le geste, le son, la danse, etc., les couleurs et les formes, aussi. 

Et, j'ai l'habitude de dire que l'artiste issu de la culture ’’vaudou’’ a un potentiel d'âge, de possibilités, pour s'exprimer au monde entier. Donc, nous avons de quoi puiser pour nous exprimer et, qu'on le veuille ou non, on n'a pas forcément besoin d'être ’’vaudouisant’’ mais il faut savoir que cela existe, que c'est l'esprit qui nous guide. Aujourd'hui, les jeunes artistes font mieux, et je ne peux que les admirer, les accompagner, pour le bonheur de la création béninoise ».



Gildas Agonkan, Ambassadeur du Bénin au Niger :

« Un véritable travail est accompli. J'ai constaté l'abstraction de la peinture et de l'art mais d'un art qui parle, qui dit quelque chose. Il faut avoir de l'intelligence, du doigté pour pouvoir lire le message derrière chaque tableau de l'artiste. C'est là que réside la force des artistes. Lorsqu'on peut facilement détecter un artiste, à travers ses tableaux, cela signifie qu'il y a un problème. 

La valeur d'un artiste réside dans la complexité de son œuvre et dans la cohérence du message qu'elle porte. Ce soir, à mon arrivée, j'ai constaté que tout était en place. Aux jeunes qui s'identifient dans l'art plastique, aujourd'hui, je souhaite qu'ils prennent le temps de s'améliorer, qu'ils puissent approfondir leur art pour transmettre un message authentique, comme l'a montré l'artiste, ce soir ».



Agboka Sankara, artiste togolais, Promoteur du festival, ’’Emomé'art’’ :

« L'artiste a travaillé, et j'ai remarqué que son travail a beaucoup évolué. Il a une touche particulière. […] La thématique que l'artiste développe est celle de nombreux questionnements. Qui sommes-nous en tant qu'être ? Que voulons-nous faire ? Que voulons-nous devenir ? Quel est notre rapport à la société ? Quelle est notre dimension spirituelle, psychologique et physique ? Autant de questions que l'artiste a développées dans ses œuvres. Et, comme on le dit souvent, chaque lutte commence, d'abord, spirituellement, avant de se manifester physiquement. 

J'ai constaté, ce soir, que l'artiste est parti de cette étape spirituelle pour transcender le physique. Pour moi, c'est une création qui invite au respect de nos ancêtres, qui que vous soyez. Aujourd'hui, il existe des gens qui sont sortis de familles religieuses catholiques, mais qui possèdent tous une racine, une origine ’’vaudou’’. Ici, la relation entre le ’’vaudou’’ et Éric, qui n'est pas un initié mais le descendant de parents initiés, montre le regard de cet enfant non initié vers la tradition. 

En observant ses œuvres, on s'aperçoit qu'il n'a pas créé un conflit intergénérationnel, mais, plutôt, qu'il a puisé des éléments de la tradition pour concilier les deux générations. C'est ce que j'ai retrouvé ce soir, et, en tant qu'activiste des droits humains et artiste togolais, je me suis retrouvé pleinement dans ses œuvres. Il m'a donné, une fois de plus, la certitude de cultiver ma relation avec les ancêtres de ma tradition. 

J'ai vu, aussi, le public qui a apprécié ces toiles, avec la présence du ministre, qui a livré un message positif sur la création d'Éric. Je crois qu'avec cette progression, Éric s'imposera davantage dans l’art plastique, au Bénin, en Afrique et dans le monde entier ».



Imorou Boubacar, un visiteur de l'exposition, sur le tableau, ’’Dialogue’’ :

« […] j'aperçois un personnage, et, à travers sa tête, en croquis, je vois une coupe. Pour moi, c'est l'essence de la vie. Comme je le conçois toujours, les artistes sont spirituels. Ici, particulièrement, l'artiste ne parle pas, mais arrive à combiner la tradition et la modernité, dans son art. Pour moi, l'exposition, ’’Anonymous’’, a transformé un simple restaurant en un lieu d'expression artistique et de questionnement sur notre identité, notre tradition et sur notre recherche spirituelle. L'art d'Éric Médéda résonne au-delà des toiles, invitant chacun à plonger dans son propre anonymat pour mieux se découvrir ».

Propos recueillis par Léandre Houan 

mercredi 11 mars 2020

La femme multi-laborieuse exposée au Centre culturel chinois de Cotonou

Dans le cadre de l'édition 2020 de la Journée internationale de la Femme

Il s'est tenu au Centre culturel chinois de Cotonou, le dimanche 8 mars 2020, le vernissage d'une exposition de photographies portant sur la femme, celle-ci étant présentée par Yves Parfait Koffi sous son angle de la professionnelle active pragmatiquement productive. La manifestation a connu la participation de bon nombre de personnalités parmi lesquelles Liu Hui, Ambassadrice de la Chine près le Bénin et Wei Jun, Directeur du Centre culturel chinois.

Ci-contre, de gauche à droite, Liu Hui et Wei Jun, découvrant l'exposition

80 photos en couleurs, expressives du labeur féminin. Le contenu de l'exposition dont le vernissage s'est effectué dans l'après-midi du dimanche 8 mars 2020 à la Salle polyvalente du Centre culturel chinois de Cotonou, un événement auquel ont pris part Liu Hui, Ambassadrice de la Chine près le Bénin, Wei Jun, Directeur du Centre culturel chinois de Cotonou, Emma Gbaguidi, Supérieure générale des Soeurs de Saint Augustin de Cotonou, Félicienne Houngbadji, représentante de Claudine Afiavi Prudencio, marraine de l'exposition, et, naturellement, Yves Parfait Koffi, l'artiste photographe à l'origine de l'initiative de présentation de la femme béninoise quotidiennement travailleuse, qu'elle soit une soeur religieuse ou une personne vivant en zone rurale.

Aperçu des photos exposées concernant les Soeurs de Saint Augustin en situation professionnelle ...
Organisées en un reportage photographique par secteur d'activités sur le thème, "Femmes actives de développement, un pari à gagner", les photographies concernées, présentées sous un format moyen, figent deux catégories de femme, dans une action professionnelle constructive. D'abord, les soeurs de la congrégation de Saint Augustin de Cotonou démontrent leur savoir-faire dans des institutions sanitaires et scolaires puis dans des centres sociaux et commerciaux, notamment, l'hôpital Saint Augustin de Cotonou, l'orphelinat de Sakété, le Centre "Vidjingni" de Dékanmè, le jardin d'enfants, "Les neems" de Cotonou, l'école Saint Augustin de Cotonou, le Collège Juniorat de Cotonou, le Cours secondaire Saint Augustin de Cotonou, la cantine du Jardin d'enfants, "Les neems", les "Lys des champs" de Cotonou et le Noviciat des Soeurs de Saint Augustin de Porto-Novo, sans oublier la Communauté de la même congrégation, la ferme agro-pastorale de Dèkanmè, l'atelier floral de Cotonou et la Pâtisserie-boulangerie tenue par ladite congrégation dans la capitale économique. 

... Sans oublier celles des activités des femmes en milieu rural 

Du côté des femmes laïques, Yves Parfait Koffi est allé les immortaliser dans une vannerie à Lobogo et dans une poterie à Sè, avec tout ce qu'il faut espérer comme description des processus respectifs propres à chacun de ces deux secteurs de l'artisanat. 

Yves Parfait Koffi, au centre, échangeant sur ses travaux avec l'Ambassadrice Liu Hui et le Directeur Wei Jun

Ce sont donc des photos parlantes que le public est invité à aller contempler jusqu'au 31 mars 2020. Selon l'artiste photographe qui les soumet à la délectation visuelle et psychologique des visiteurs, cette "expo-découverte" est "dédiée à la femme béninoise dans la diversité et la richesse de ces braves et dans le rôle de développement qu'elles jouent dans le monde".

Marcel Kpogodo

jeudi 1 mars 2018

L’artiste Elon-m, plusieurs facettes du dialogue

Dans le cadre du vernissage d’une exposition éponyme au Centre culturel chinois


La Salle polyvalente du Centre culturel chinois accueille, actuellement, une exposition dont le vernissage a eu lieu dans la soirée du samedi 24 février 2018. Parmi les quatre artistes présentant les résultats de leur travail, Elon-m laisse découvrir des postures diversifiées du ’’Dialogue’’, thème de l’exposition.

Elon-m Catilina Tossou, dans ses explications, sur l'exposition indiquée
Dialogue politique, interculturel ou d’un tout autre ordre. De son nom à l’état civil, Elon-m Catilina Tossou, Elon-m en présente quelques-unes des manifestations dont certaines sont inattendues, à travers l’exposition, ’’Dialogue’’, dont le vernissage s’est déroulé le samedi 24 février 2018, à la galerie du Centre culturel chinois, un événement qu’il est important d’inscrire dans le contexte de la célébration du ’’Happy chinese new year’’ (Hcny), le Nouvel an chinois.
Sur une bonne quinzaine de toiles réalisées en résidence de création, qu’il soumet au regard du public, jusqu’au 23 mars prochain, sept sont visibles dans différents halls du Centre culturel chinois. Quant aux huit restantes, elles s’intercalent avec les tableaux produits par deux autres peintres avec lesquels Elon-m se trouve en exposition, Achille Zohoun et Esther Bigo, sans oublier que, par ses sculptures, Charly Djikou marque son analyse du thème du dialogue.
Dans un premier temps, le jeune artiste contemporain présente le sujet indiqué comme un processus mettant face-à-face des hommes de pouvoir et des personnes qui leur sont assujetties, par l’œuvre, ’’Mouvement de dialogue’’ I, laissant figurer essentiellement une table symbolique de discussions, dont les contours du dessin sont stylisés. Ensuite, ’’Danse d’initiation’’, notamment, fait subtilement la remarque de l’existence de plusieurs points de similitude entre des danses traditionnelles béninoises et chinoises, en ce qui concerne la tenue des pieds, la gestion des accoutrements, le choix des couleurs, entre autres, du rouge qui revient, de manière récurrente, dans les deux cultures. Le signe d’un palpable dialogue interculturel entre la Chine et le Bénin.
Par ailleurs, ’’L’ombre rouge’’ frappe par le rude combat qu’il suggère pour la conquête de la lumière, seule capable de réduire à néant l’emprise dominatrice de l’ombre rouge, un pouvoir de grande dictature, de forte oppression. En outre, avec ’’Dialogue des couleurs’’, il est absolument proposé un creuset formel pour la tenue d’échanges, de discussions salvatrices, un appel, semble-t-il, à la manifestation du minimum nécessaire d’humilité que suscite simplement le sang, afin que des protagonistes entrevoient de converger vers un point focal donné, pour l’exercice du dialogue. Et, comme pour correspondre avec l’actualité politique, Elon-m livre ’’Chemin de dialogue’’, montrant que, dans certaines circonstances, le compromis est difficile pour la rencontre initiale entre des membres de camps opposés. Paysagiste, le peintre l’est aussi, dans une finesse des représentations, ce qui contribue à le hisser haut, dans le genre, surtout lorsqu’on considère la toile 17, ’’Sans titre’’.
Manipulant avec un contraste agile les couleurs, faisant du rouge celle de sa prédilection, Elon-m, au fil des expositions, manipule, d’une part, à profusion et à perfection, un abstrait, géométrique, rendant, ceci, par cette caractéristique précise, décryptable, de même qu’il s’est fait un expert rare, au Bénin, d’autre part, de la manipulation du couteau, cette petite truelle de maçon, qui lui sert de pinceau. En ces temps de crise sociale, il est fortement recommandé de consulter le regard d’Elon-m sur les tenants et les aboutissants de l’accès au dialogue, à la Salle polyvalente du Centre culturel chinois.


Marcel Kpogodo    

jeudi 10 décembre 2015

Arèmon, Ahouansou et Dagbéto, 3 mousquetaires promoteurs du dialogue

Dans le cadre d’une exposition collective au Centre culturel chinois


L’après-midi du samedi 5 décembre 2015 a donné lieu au vernissage d’une exposition au thème assez suggestif : le dialogue. L’événement se déroulait au Centre culturel chinois, en présence d’un grand nombre d’invités, d’artistes et de Baï Guangming, Directeur de l’institution. Les exposants n’étaient personne d’autre qu’Etienne Arèmon, Eric Ahouansou et Francel Aris Dagbéto, embarqués dans une initiative visant à vulgariser, au sein de la population, les valeurs propices à une bonne gestion de la période électorale dans laquelle s’engage le Bénin.


De gauche à droite, Etienne Arèmon, Erick Ahouansou et Francel Aris Dagbéto
12 tableaux pour Erick Ahouansou, autant de toiles pour Francel Aris Dagbéto, une installation et 4 œuvres du côté d’Etienne Arèmon. Des productions relevant d’une résidence de création. Voilà le contenu de l’événement intitulé, ’’Exposition 3 en 1’’, qu’il est permis au public d’aller visiter, durant tout le mois de décembre 2015, à la Salle d’exposition du Centre culturel chinois de Cotonou. Ces 3 artistes plasticiens ont placé cette présentation du fruit de leur inspiration artistique sous le signe d’un thème essentiel : le dialogue.
De profil, par rapport à ses tableaux dont il a accepté de commenter le contenu, Erick Ahouansou, de son nom d’artiste, Dah-Jah, définit d’une manière très simple le dialogue : une « source de compréhension ». Il le considère, en outre, comme la « première qualité d’une nation unie », ce qui l’amène à appeler à son entretien permanent au Bénin par sa pratique au niveau des présidentiables dont il décèle chez certains une candidature non convenable, vu qu’elle vise juste, selon lui, à faire valoir leur honneur, leur ego, ou à réagir face à une autre candidature, alors que ces personnalités détiennent les moyens de tous ordres pour travailler au développement du Bénin, sans être Président de la République ; ils les appellent à dialoguer avec eux-mêmes, avec leur « fond intérieur », afin qu’elles réussissent à déceler ce qui leur revient comme réelle mission pour la construction du Bénin. « Le dialogue bien ordonné commence par soi-même », conclut-il.


Aperçu des toiles bien encadrées d'Erick Ahouansou
Ainsi, la matérialisation de cette conception se traduit, sur la plupart de ses toiles, par la représentation stylée, il est vrai, d’instruments de la musique africaine : du tambour, du tambourin, de la kora, des gongs, des castagnettes, entre autres. Ainsi, tout porte à croire que ces outils servant à créer une harmonie rythmique accompagnant une chanson, aboutissent à la musique qui, adoucissant les mœurs, deviennent sûrement un facteur de dialogue. Mais, Erick Ahouansou insiste sur la symbolique du damier fondant son approche, ce damier incarnant les deux facettes complémentaires régissant un jeu d’intelligence bien connu, un damier incarnant la dualité du yin et du yang, « l’éternel féminin et l’éternel masculin », notamment, dont la révélation de l’un par l’existence de l’autre contribue à la création de l’harmonie.
En outre, l’interpellation de soi, la musique et l’harmonie relevant de la complémentarité entre le yin et le yang, ne sont pas l’unique marque du dialogue. Pour l’artiste, sa technique de travail inspire aussi cette valeur : le pointillisme. Cette démarche consiste à bâtir ses représentations à partir de points, ce qui suscite une qualité sous-jacente : la patience, « une technique au rythme de la nature, l’alchimie du dialogue qui induit la patience d’écouter », précise-t-il. 


L'oeuvre ''Ô kan ran''

Et, l’analyse qu’il en présente révèle la nécessité de cette qualité chez l’être humain pour suivre l’autre, pour le comprendre, pour l’accepter et, enfin, pour échanger, de manière constructive, avec lui. Cette qualité, il la vit intensément par un pointillisme vivement absorbeur de temps mais producteur de toiles qui soignent, comme celles exposées au Centre culturel chinois, esthétiquement encadrées, qui nourrissent et épanouissent le regard, à l’image du tableau, ’’Ô kan ran’’, qui se démarque. Il représente la tête d’un coq, l’oiseau réveilleur qu’Erick Ahouansou n’hésite pas à traduire comme le divin, vu inévitablement que son chant ordonne le ton de chaque journée.



Le ’’costumisme’’ de Francel Aris Dagbéto

Une douzaine de toiles aussi, dont 11 restituent des tendances originales de bustes costumés. Pour Francel Aris Dagbéto, ce choix reste un symbole fort de la dénonciation de la valorisation à outrance de l’apparence étant le fondement du premier jugement fabriqué par l’être humain ; si elle attire, elle laisse une bonne impression qui sert à cataloguer positivement celui qui en est le propriétaire. Dans le cas contraire, si elle repousse, elle sert presque définitivement à établir une mauvaise image de celui qui la porte. Dans les deux cas, la société ne cherche à rien savoir de l’être réel se cachant derrière l’apparence de l’habit. C’est ainsi que le cri d’alarme de l’artiste se fait clair : « Il faudra aller au-delà des apparences, au-delà du physique et accepter l’autre tel qu’il est … ».


Vue sur quelques-uns des ''costumes'' exposés par Aris Dagbéto
De cette manière, à en croire ses réflexions, le dialogue s’instaure et, de surcroît, l’objet qui sert à ouvrir l’habit et qu’on nomme la ’’fermeture-éclair’’ subit un changement de nom, ce qui, pour lui, devient l’ ’’ouverture-éclair’’. En effet, cet outil ouvre plus qu’il ne ferme et constitue, selon lui, l’incarnation du vrai dialogue dont l’essence est le « dialogue avec et en soi-même », sans lequel il ne pourrait être fructifié le dialogue de la personne avec les autres. Donc, c’est en retournant en lui-même que l’être humain apprendra à percevoir l’autre dans la juste mesure de ce qu’il est, et non à partir de sa ceinture dorée ou non.


L'oeuvre, ''Xo do to''
Cependant, une sorte de cheveu dans la soupe, le 12ème tableau qui s’isole par la démarche particulière de construction : ’’Xo do to’’, en fon, celui qui porte la parole. Cette toile manifeste une technique mixte de récupération basée sur l’expérience personnelle du créateur Aris qui a inconsciemment oblitéré un objet ramené de la ville, devant servir de socle à une oeuvre. Ainsi, il conclut, devant l’impossibilité de restituer la forme première de l’élément : « Ce que la parole détruit ne peut jamais être reconstitué », ce qui l’amène au concept de la toile exposée : « Le ’’xo do to’’, c’est celui qui parle, il doit être vigilant, il doit savoir parler ; chacun doit pouvoir être un messager positif, c’est cela qui construit le dialogue : on peut tout dire et tout faire, mais il faut savoir y mettre la manière », finit-il.



Etienne Arèmon, l’inculturé

Se rapportant au 3ème mousquetaire du concept du ’’Dialogue 3 en 1’’, Etienne Arèmon, 4 toiles, ’’Unité’’, ’’Solidarité’’, ’’Ensemble’’, notamment, révèlent son ancrage dans une profonde force récupératrice. Mais, ’’Dialogue’’ dicte une loi d’airain ; il s’agit d’une installation géométriquement rectangulaire : un tapis couleur rouille foncée réglemente le positionnement des autres objets. A la largeur de face, la carte du Bénin de bois noir, debout, tenant en respect les deux longueurs constituées  de 8 personnages sur chacune d’elles, qui se termine par un support en bois hébergeant, à gauche, une bible et, à droite, le coran.

L'installation, ''Dialogue'', d'Etienne Arèmon
A en croire l’artiste, cette installation, intitulée, ’’Dialogue’’, est un appel à l’entente, à la cohabitation inter-religieuse sans laquelle il n’y a pas de paix. Ainsi, ce qui se laisse identifier comme 16 personnages, ce sont les 16 signes fondamentaux du fâ, « l’alphabet de nos ancêtres », donc, la représentation de la religion endogène africaine, les livres saints incarnant respectivement le christianisme et l’islam. Selon lui, il s’agit, pour lui, par cette œuvre, d’ « éveiller les consciences et d’amener à la culture de la paix », d’où un conseil très édifiant : « Pour amener l’autre à sa religion, c’est par le dialogue, mais, il faut mettre de côté les pratiques religieuses et avoir à l’œil le Bénin, surtout en cette période sensible de l’élection présidentielle de 2016 ».


''Unité'' d'Etienne Arèmon
Une exposition globalement édifiante mais, qui n’a pu connaître la participation au vernissage du Ministre de la Culture, Paul Hounkpè, et de ses Directeurs techniques, parmi lesquels le premier responsable du Fonds d’aide à la culture, l’institution dont le financement a été déterminant dans l’organisation de l’événement. Il n’y a aucun doute que les jours à venir  verront ces autorités aller découvrir le fruit de la création opportune et réaliste de cette crème d’artistes béninois.


Marcel Kpogodo

jeudi 3 septembre 2015

Conaasco 2015 : 9 prix en jeu pour une compétition entre anciens lauréats

Dans le cadre du 10ème anniversaire du Festival


La 10ème édition du Concours national d’arts scolaires (Conaasco) se tient dans les prochaines semaines, sur fond d’une rude compétition entre les lauréats des 9 précédentes manifestations. Le sens de la cérémonie de lancement d’une compétition, qui s’est tenue, la samedi 22 août 2015, au Centre culturel chinois de Cotonou. Judith Bernice Adivignon, Coordonnatrice du Festival, en présence, notamment, du Ministre de la Culture, Paul Hounkpè, a évoqué les grandes lignes de cette compétition dotée de 9 principaux prix.

De gauche à droite, Baï Guangming, Paul Hounkpè et Judith Bernice Adivignon
1 voiture de marque Nissan « dernier cri », comme 1er prix, 4 bourses d’études en Chine, d’une valeur unitaire de 5 millions de Francs Cfa, 4 enveloppes financières dont chacune vaut 200 mille Francs, donnant un coût total de 800 mille Francs. Selon Judith Bernice Adivignon, Coordonnatrice du Concours national d’arts scolaires (Conaasco), ce sont les 9 prix en jeu, d’une valeur d’au moins 20 millions 800 mille Francs, pour la 10ème édition, celle de l’année 2015, de ce Festival. De plus, l’attribution des 4 bourses d’études et des 4 enveloppes financières se fera à l’issue de la sélection des meilleures œuvres présentées par les concurrents dans les domaines de la peinture, de la sculpture, de l’écrit illustré et du design.
La déclaration de cette personnalité relève d’une allocution qu’elle a prononcée, le samedi 22 août dernier, au Centre culturel chinois, en présence de Paul Hounkpè, Ministre de la Culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme, de Baï Guangming, Directeur de l’institution d’accueil de la cérémonie de lancement du Conaasco 2015 et, notamment, de Patrick Idohou, Initiateur d’un Festival dont la première tenue a eu lieu en 2005.
A en croire le développement de la Coordonnatrice, pour mériter de gagner l’un ou l’autre de ces prix, tous les anciens lauréats des 9 dernières éditions du Conaasco mettront en compétition deux œuvres d’art sur le thème du « parcours ». Ce sont des productions artistiques qui seront achevées et déposées au plus tard le 21 septembre 2015, sans oublier que la délibération du Concours aura lieu le samedi 26 septembre. Par ailleurs, le voyage pour la Chine se trouve déjà programmée dans le temps ; il s’effectuera, pour l’heureux lauréat, dans la 1ère quinzaine du mois d’octobre prochain. Par ailleurs, une résidence de création se tiendra du 5 au 12 décembre de l’année en cours, à l’Espace ’’Adjadi’’ du quartier Mènontin, à Cotonou, où tous ces anciens lauréats « recevront des enseignements des meilleurs plasticiens béninois et étrangers, afin de produire directement des tableaux », selon les mots de Judith Bernice Adivignon. Ensuite, à travers une soirée de gala prévue pour avoir lieu le 19 décembre, la Nissan « dernier cri » sera officiellement remise au grand lauréat.



Distinction de Patrick Idohou



Patrick Idohou, à gauche, recevant le Tableau d'honneur des mains du Président de l'Ong ''Naturo promo''
En marge de la cérémonie de lancement du Conaasco 2015 et, après les allocutions respectives de Baï Guangming et de Paul Hounkpè, Patrick Idohou s’est vu décerner un Tableau d’honneur par l’Ong ’’Naturo promo’’, valorisant la santé naturelle et le bien-être. Pour cette structure, le fondement de cette distinction reste les talents et les mérites qu’elle reconnaît au récipiendaire.     

Marcel Kpogodo