mardi 11 avril 2017

Danny King, l’obligation d’une authenticité africaine

Face aux deux concerts animés par un jeune musicien accompli


Danny King a tenu successivement deux concerts, très récemment. C’étaient les 27 janvier et le 11 mars 2017, respectivement, à l’espace culturel, ’’Africa sound city’’ et au ’’Yes papa’’, tous deux situés à Cotonou. Ces deux moments de production publique de l’artiste ont démontré qu’il détient un réel talent de chant et de jeu d’instruments musicaux, ce que devrait venir faire éclore une recherche instrumentale africaine très originale.

Danny King, à l' ''Africa sound city'' de Cotonou
Une douzaine de morceaux répartis sur les deux concerts respectifs animés les 27 janvier et 11 mars 2017, à l’espace culturel ’’Africa sound city’’, situé au quartier Kindonou, et au ’’Yes papa’’, non loin de l’Etoile rouge de Cotonou. C’est ainsi que l’artiste musicien de nationalité togolaise et vivant au Bénin, Daniel Klu, alias Danny King, a confirmé au public intime venu le suivre la validité d’un talent artistique se matérialisant d’abord par une voix mûre qui sait développer différentes intonations et un lyrisme si fort qu’il fait frissonner d’émotion. Ensuite, l’artiste excelle dans le jeu du piano, s’élançant dans une diversité de gammes et donnant de l’allure au jeu d’ensemble des autres instrumentistes sur la scène : Landry Padonou, à la clarinette, Christian Satchivi, à la batterie, et Jacob Godsen, à la basse. C’était dans la profonde soirée du vendredi 27 janvier, avec pas moins de 7 morceaux : ’’Amen’’, ’’Woézon’’, ’’Djédjévinyé’’, ’’Nyématsinénéo’’, ’’Axoé’’, ’’Gbénokpo’’ et ’’Togofolk’’.
Troisièmement, Danny King, bien qu’étant un jeune artiste, détient, dans son procédé de scène, un excellent dirigisme de chef d’orchestre, avec une poigne digne de celle d’Eric Boko, alias Dagbo, sur scène. Pour qui a vu jouer, à plusieurs reprises, à l’Institut français de Cotonou ou dans d’autres espaces, ce fils spirituel de Fela Kuti excellant dans l’Afro beat et, pour qui sait que celui-ci ne s’amuse guère lorsqu’il s’agit de mener son orchestre, on voit que Danny King a, dans ses germes, ce dirigisme strict face aux membres de son groupe ; il sait les conduire, du clin d’œil, du geste, des murmures suggestifs et entendus.   


Le concert du ’’Yes papa’’

En dehors des chansons ’’Woézon’’ et ’’Gbénokpo’’, les autres, joués sur scène à l’ ’’Africa soud city’’, ont enrichi un répertoire élargi à beaucoup d’autres morceaux, au concert du ’’Yes papa’’ : ’’When the saints’’, ’’Down by the river side’’, ’’Sooneverysoon’’ et ’’Impro-Obélékéjazz’’. Ceux-ci sont d’une obédience rythmique occidentale du rock’n roll, pour les trois premiers, et du funk. Cependant, l’agbadja et le kamou se sont fait nettement sentir avec, respectivement, ’’Axoé’’ et ’’Togofolk’’, comme pour appuyer une note africaine à l’inspiration de l’artiste, qui chantait bien aussi en langue mina, entre autres, dans le toujours très demandé ’’Nyématsinénéo’’, en mode d’un slow qui s’échauffe, procurant aux esprits une positivité à tout rompre.

Daany King, entouré des membres de son orchestre, au ''Yes papa'' de Cotonou
Cette identité purement africaine, Danny King doit résolument s’y engager, de même qu’il lui faudrait développer une rythmique typiquement africaine pouvant varier celle occidentale multidimensionnelle qu’il maîtrise si bien, sans oublier la nécessité pour lui d’adopter une thématique étroitement ciblée qui puisse lui permettre de se confectionner un large public qu’il pourra fidéliser et qui n’aura de cesse de le soutenir, par une présence massive à ses concerts. Danny King est une valeur sûre de la musique bénino-togolaise, lui qui, sur scène, jouit à l’avance de la musique qu’il nous construit dans l’esprit, ce qui nous permet de jouir d’elle, à notre tour, dans sa plus totale essence.

Marcel Kpogodo 

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