jeudi 27 août 2009

68ème anniversaire de cesaria evora


Attention: Sur ce blog, nous avons choisi de ne parler que des artistes béninois. Mais, ce 27 août, nous faisons une petite exception, étant donné qu'un grand nom de la musique africaine fête son 68ème Anniversaire: Cesaria Evora. Hommage à elle!!!! Merci de votre compréhension ...
Spécial 68ème Anniversaire


Cesaria Evora, on peut réussir à tout âge



Aujourd’hui, 27 août 2009, c’est le 68ème anniversaire de celle que le monde entier s’accorde à appeler affectueusement "la diva aux pieds nus" . De nationalité capverdienne, Cesaria Evora est née dans la ville de Mindelo. A cette heureuse occasion, nous vous proposons de revisiter la vie de cette femme, exceptionnelle, en ce sens que c’est à un âge très avancé qu’elle a connu la réussite, la prospérité et la gloire, rompant ainsi avec plusieurs décennies de dénuement.


68 ans est un âge auquel elle peut se permettre de s’acheter tout ce qu’elle désire et de voyager vers n’importe quelle destination du monde, parce qu’elle est mondialement connue aujourd’hui et très fortunée. Pourtant, il n’en est pas ainsi pour beaucoup de personnes de son âge et, il y a près d’une vingtaine d’années, elle ne se prévoyait peut-être pas ce destin : Cesaria Evora, comme la majorité des gens de la planète, a connu la grande pauvreté et l’alcoolisme.


Une épreuve porteuse



Quand elle avait sept ans, son père qui est un musicien violoniste, décède prématurément, par excès d’alcool, avouera-t-elle. Alors, sa mère qui a beaucoup de mal à élever ses sept enfants, confie la petite Cesaria à l’orphelinat de la localité, où elle apprend à chanter dans une chorale ; elle quitte cet endroit à l’âge de treize ans. Cette mère, cuisinière de métier, qui lui a fait effectuer cette expérience de l’orphelinat, lui a donné, sans le savoir, le moyen de se tracer une vocation dans le domaine de la chanson et de vivre de quelque chose.



Une adolescence artistique et libertine



A seize ans, elle fait la connaissance d’un marin, Eduardo, son premier grand amoureux ; il est l’un de ceux qui lui apprennent à interpréter les anciennes chansons de rythmes typiquement capverdiens, à savoir les coladeras et les mornas qui, en l’occurrence, sont très mélancoliques. Durant son adolescence, elle gagne sa vie en se produisant à travers les bars de sa ville natale et, sur l’île de Sao Vicente, elle se fait un minimum d’argent, boit de l’alcool et fume puis, paradoxalement, se perfectionne dans son art musical. La vie d’artiste est vraiment libre et, Cize – pour les intimes – y prend goût ; elle côtoie plusieurs musiciens de son quartier. A cette époque, le Cap-Vert n’était pas encore un Etat indépendant, et tout le pays vibrait au rythme des coladeras et des mornas, toutes deux qui sont un héritage de l’ère de la traite négrière que les ancêtres de Cesaria ont subie jusqu’au XVIIIème siècle. Une coïncidence bizarre est que le plus grand compositeur de mornas au Cap-Vert s’appelle Francisco Da Cruz (1905-1958) et est le cousin direct du père de Cize ; voilà donc le fondement de l’héritage de la diva. La morna est, en fin de compte, le rythme qu’elle pratique le plus, ce qui lui fait véhiculer des thèmes tels que la souffrance, la mélancolie et l’exil.


Le cap très éprouvant de la trentaine-quarantaine



Une période très dure matériellement pour Cesaria. C’est aussi l’époque de l’assassinat du héros du nationalisme africain lusophone, Amilcar Cabral, en 1973. Mais, elle n’est plus une inconnue dans l’Archipel du Cap-Vert ; elle ne cesse de chanter à travers les pianos-bars. Grâce à la radio et à quelques disques de 45 tours qu’elle a sortis, elle devient prophète chez elle. Etant dans un pays pauvre, la misère ne la quitte pas pour autant ; elle vit au quotidien la mélancolie et le désespoir de ses chansons, la pauvreté et l’alcool sont ses parents les plus indéfectibles. Son pays n’est pas mieux loti et, plus de cinq cent mille capverdiens s’exilent à l’étranger. Au niveau de Cize, les difficultés sont si tenaces qu’elle décide d’en finir avec la vie très dure d’artiste ; raccrochant pendant dix ans, elle a traversé le désert, même sur le plan amoureux, accumulant déception sur déception. Son chagrin profond et récurrent, elle le confie à l’alcool ; elle s’y réfugie.


La sortie de crise



A 44 ans, le destin frappe banalement à sa porte : grâce au soutien de Bana, le parrain des musiques capverdiennes, exilé au Portugal, une association de femmes invite, en 1985, Cesaria à Lisbonne pour donner une série de concerts, et pour enregistrer un premier album, confidentiellement, dictature capverdienne oblige. Dans cette ville, elle rencontre Jose Da Silva, un jeune Français d’origine capverdienne, qui lui propose d’enregistrer cet album à Paris ; elle lui répond ’’oui’’ et cela lui ouvre la porte vers la consécration et la gloire mondiales.
En effet, Da Silva, qui devient ainsi son producteur, sort l’album ’’La Diva aux pieds nus’’, de sensibilité ’’coladera-zouk’’, qui remporte un succès immédiat. C’était en 1988. Cet opus est immédiatement suivi d’un concert qu’elle donne au New Morning, dans la capitale française ; elle en devient la révélation. Un autre album suit : ’’Destino Di Belita’’ en 1990. Les deux disques tranchent véritablement par l’arrangement original dû à la spécificité des rythmes typiquement capverdiens dont ils sont les porteurs. En bref, Cesaria rompt du jour au lendemain avec la vie âpre qui était la sienne et, tout le monde veut l’avoir à soi. Ainsi, elle parcourt, pour des prestations scéniques chaque fois redemandées, la France, l’Europe, la Scandinavie, l’Asie, l’Amérique latine, les Etats-Unis, le Canada, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord. Au cours de ces concerts, elle fait salle comble ; elle garde les pieds nus, en hommage aux pauvres de son amour de Cap-Vert.


Les albums et les thèmes



Entre 1988 et 2003, une dizaine de disques voient le jour, aussi savoureux les uns que les autres, avec, en moyenne, un tous les deux ans. Elle a été nominée six fois et a remporté un Grammy Award ; la France l’a faite Officier des Arts et des Lettres. Du côté de son pays, une telle consécration internationale ne pouvait rester non marquée. Ainsi, elle hérita, de la part du Gouvernement, d’un passeport diplomatique. Du côté des organismes humanitaires, elle a été consacrée Ambassadrice contre la Faim pour le PAM ; c’est la première fois pour une vedette africaine.
Quant aux sujets qu’elle aborde, c’est la rupture avec les thèmes du registre triste qu’on lui connaissait. Désormais, elle chante ses racines capverdiennes et développe un grand optimisme, en ce qui concerne l’avenir de sa patrie dans laquelle elle s’est construit une colossale maison où elle reçoit parents, petits-enfants, amis, voisins, et ne manque pas de partager convivialement avec eux du bon ’’catchupa’’, le plat traditionnel du pays, et de distribuer de l’argent.
Un signe supplémentaire de la réussite de Cesaria est la participation de grands musiciens instrumentistes à l’accompagnement musical de ses chansons. A près de soixante-dix ans, elle reste infatigable, accumulant tournées sur tournées.
Cesaria Evora est la preuve vivante qu’on peut réussir sa vie à tout âge. Feu Gnonnas Pedro n’avait-il pas chanté qu’ « il n’est jamais trop tard » ?


Marcel Kpogodo

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